Le secteur éducatif en Haïti traverse une crise sans précédent. Depuis le début de l’année 2025, 284 écoles ont été détruites par des groupes armés, dont 47, rien qu’en janvier à Port-au-Prince. C’est ce qu’a fait savoir la représentante de l’UNICEF en Haïti, Geetanjali Narayan. Pour des centaines de milliers d’enfants, l’école était l’un des derniers refuges face au chaos qui s’installe dans le pays. Aujourd’hui, elle devient une cible.
Hier encore (ndlr : soit le 27 février), une nouvelle attaque a été signalée. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des élèves allongés au sol, paralysés par la peur, alors que des coups de feu résonnent à proximité. Ces scènes, devenues tristement courantes, illustrent la dégradation rapide des conditions de scolarisation en Haïti. Tels sont, entre autres, les propos de la représentante de l’UNICEF en Haïti, Geetanjali Narayan.
D’après Mme Narayan, « un enfant sur sept est désormais déscolarisé, et près d’un million risquent d’abandonner l’école dans les mois à venir. Les établissements scolaires, déjà sous pression, ferment par dizaines, tandis que les enseignants et les parents s’inquiètent pour la sécurité des enfants. L’éducation, qui représente un espoir dans un pays miné par l’instabilité, est aujourd’hui menacée comme jamais auparavant ».
Le recrutement des enfants par les gangs est en forte progression
La déscolarisation n’est pas seulement un problème éducatif, elle peut représenter aussi un problème de sécurité. Selon la représentante de l’UNICEF, « le recrutement des enfants par les groupes armés a augmenté de 70 % l’an dernier. Aujourd’hui, jusqu’à la moitié des membres de ces groupes sont des mineurs, certains âgés d’à peine huit ans ».
Privés d’école et plongés dans un climat de peur et d’incertitude, ces enfants deviennent des proies faciles pour les gangs, qui les exploitent pour commettre des actes violents ou les forcent à travailler pour eux. Une fois enrôlés, il leur est presque impossible d’échapper à ce cycle infernal, explique Mme Narayan.
Une population qui résiste malgré tout
Pourtant, malgré l’insécurité et les menaces, les familles haïtiennes restent profondément attachées à l’éducation. Dans un pays où l’instruction est perçue comme un levier fondamental d’émancipation, les parents sont prêts à faire d’énormes sacrifices pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école, affirme Mme Narayan.
Mais comment continuer lorsque les établissements sont détruits, que les enseignants fuient et que les déplacements forcés se multiplient ? Dans de nombreuses régions, la population s’adapte, cherchant des solutions alternatives, parfois en organisant des cours informels pour maintenir un semblant d’apprentissage.
L’UNICEF en première ligne, mais avec des moyens limités
Face à cette crise, l’UNICEF dit tenter de maintenir l’accès à l’éducation grâce à des initiatives d’urgence : réhabilitation d’écoles, création d’espaces d’apprentissage temporaires, cours de rattrapage et distribution de matériel scolaire. L’organisation propose aussi des aides financières aux familles les plus vulnérables et un accompagnement psychologique pour les enfants traumatisés par la violence.
Mais, ces efforts se heurtent à un manque cruel de financements. L’UNICEF, selon sa représentante, estime avoir besoin de 38 millions de dollars pour permettre à 600 000 enfants de poursuivre leur scolarité. À ce jour, seuls 5 % de cette somme ont été réunis, poursuivait-elle.
Un appel urgent à la communauté internationale
Alors que l’insécurité en Haïti s’aggrave, la question de l’éducation devient plus que jamais un enjeu crucial. Sans le soutien international, argue Mme Narayan, des centaines de milliers d’enfants risquent d’être abandonnés à leur sort, privés de leur droit à l’instruction et exposés à des dangers croissants.
L’éducation est bien plus qu’un simple apprentissage : c’est un rempart contre la violence et un espoir pour l’avenir du pays. Aujourd’hui, cet espoir vacille.
Gardily Marvyne Louis