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Zébra, la graffeuse des murs aux couleurs de la positivité

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Gloria Isabelle Sylvain, connue sous le pseudo de Zébra, est une jeune graffeuse qui s’adonne avec amour à l’ornement des murs de la capitale. Avec son art très inspirant, la jeune artiste vit passionnément sa vie en faisant ce qui l’anime vraiment, à savoir l’art. Elle espère pouvoir apporter un changement dans la conception du street art en Haïti, dans sa manière de faire. Il n’est que d’attendre.

Zébra !  En voilà une qui a l’art dans le sang, qui, dans ses moindres faits et gestes, exprime son coup de cœur pour les couleurs artistiques. Gloria Isabelle Sylvain vient de la lignée de cette grande dame qui s’y connaît en peinture, on parle de sa grand-mère Aidèle Colbert Sylvain dont les œuvres embellissent les murs de sa maison. Sa grande tante, Yvonne Sylvain faisait aussi de la peinture. On comprend d’entrée de jeu d’où vient son amour pour les couleurs bien articulées sur de belles fresques.

Fille unique de sa famille, Zébra grandit dans les bras affectueux de ses parents qui n’hésitent pas à lui témoigner leur immense amour. « J’ai eu la chance de grandir avec mes deux parents soucieux de mon éducation dans une ambiance plus ou moins calme », se rappelle la native de Port-au-Prince, graffeuse, peintre et photographe. Après ses études à l’Institution du Sacré-Cœur, où elle a d’ailleurs fait toutes ses classes, elle tente vainement d’entamer un cursus en médecine qu’elle finit par abandonner pour se consacrer à sa carrière artistique. Elle est à présent au département de l’histoire de l’art à l’IERAH. « J’ai opté pour ces domaines parce que je veux vivre sans regret, tout en faisant vraiment ce que j’aime : l’art »,  fait savoir la peintre, Zébra, née en octobre 1999.

Par la vivacité des couleurs, ses fresques expriment la positivité, l’optimisme. « Nous associons formes et couleurs en vue d’apporter plus de vie, de positivité, de fantaisie aux espaces où il en manque, dit-elle, car le choix des couleurs joue un rôle dans la psychologie de l’homme », déclare Zébra qui se réjouit de travailler avec son amie peintre, Dashka R. Charlemagne avec qui elle aime à partager ses murs. Zébra a toujours du mal à parler de ses tableaux, elle préfère entendre les commentaires. « Après tout, l’art ne se résume pas uniquement à ce que l’artiste veut exprimer, mais aussi à ce que les autres ressentent en regardant ses oeuvres », précise-t-elle.

En 2020, Zébra, qui avait déjà une bonne base en dessin, participe à une série de formations aux ateliers Street Art au féminin, orchestré par « Festi Graffiti » en collaboration avec l’Ambassade du Canada. Si l’on s’en tient à ses mots, ces ateliers lui ont permis de s’initier à une forme d’art très tendance, à savoir le Street Art. « J’ai chance de travailler avec des graffeurs haïtiens et étrangers très connus, comme Assaf, Monosourcil entre autres, dans la réalisation de murs collectifs. Suite à ces collaborations, la graffeuse de vingt-deux ans développera son propre style. Un style qui se rapproche de celui de son amie Dashka, pour qui elle ne tarit pas d’éloges.

Durant ces derniers mois, Zébra a multiplié ses interventions sur des murs dans de la capitale, et elle a pris part au festival Graffiti Wall Shooting organisé par son homologue graffeuse, Vicky Onélien. « Cette année, j’envisage de réaliser beaucoup plus de murs en vue d’acquérir beaucoup plus d’expériences et de me faire un nom dans ce milieu », projette l’artiste Zébra.

Photographe à ses heures, la mordue de la culture de l’image prend un maximum de plaisir à pousser sa créativité en imaginant des concepts qu’elle réalise avec ce qui lui tombe sous la main : morceaux de toile, de carton, de bijoux, etc. Des styles qu’elle confectionne pour son bonheur, qu’elle immortalise en photo. « La photographie m’a permis de réaliser que le beau est partout, même dans les moindres détails du quotidien. Elle m’a aidée à être plus présente dans  ma vie quotidienne, à apprécier les plus simples moments de la vie », exprime celle qui, grâce à la photographie, a pu  enrichir son regard artistique. Il n’y a pas longtemps, elle a lancé le challenge « Foto Jounen an »  sur le thème de « Nou abitye wè, men nou bliye gade », sur les réseaux sociaux, afin de partager son expérience avec un plus large public.

Dans le milieu du Street Art, fortement marqué par la présence masculine, l’intégration des femmes n’est pas gagnée d’avance. « Si l’émancipation de la femme implique une humanisation, une liberté d’expression, un respect de l’authenticité, de la diversité et de la particularité, alors le Street Art est littéralement un véhicule propre à porter ce message », croît Zébra, indiquant que cet art peut être utile à l’émancipation de la femme Haïti.

Créative, passionnée et déterminée, Zébra, de son vrai nom Gloria Isabelle Sylvain, rêve de vivre pleinement sa vie en faisant ce qui lui plaît dès son enfance. « J’apprends toujours à appliquer dans ma vie cette philosophie qui consiste à croire au bon déroulement des événements de ma vie en profitant du moment présent », révèle la talentueuse artiste, qui invite les jeunes à d’abord chercher à connaître qui ils sont, afin de découvrir leur vrai chemin. « Je  les inviterais en outre à ne jamais minimiser leurs rêves car ils sont capables de réaliser de grandes choses », conclut Zébra, la graffeuse des murs de la positivité.

Statler Luczama

Luczstadler96@gmail.com

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