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On a vendu notre droit d’aînesse!

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Haïti était particulièrement digne d’admiration il y a quelques siècles de cela. On l’appelait la Perle des Antilles. Peu avant sa révolution contre le système esclavagiste instauré par les puissances coloniales européennes, ce pays était une colonie prospère. Peu à peu, la situation s’est détériorée pour laisser place à un vilain territoire habité par des hommes qui liquident tout ce qui les caractérisaient jusqu’alors, en termes de valeurs et de vertus.

Le plus grand héritage   peuple a perdu, c’est son image de nation courageuse et éprise de liberté. Ses prouesses de 1803 marquent l’histoire de l’humanité d’une encre indélébile. Des va-nu-pieds méprisés par presque toutes les puissances de l’Europe et de l’Amérique, ont défié la plus grande armée du monde. Ils ont infligé une gifle historique à un système inhumain qui s’est installé partout, affectant plus de deux continents. Un système bien ancré soutenu par tout un arsenal idéologique, militaire, économique et philosophique de l’époque. Cinq cents ans après, les nègres d’Haïti, ceux qu’on transportait depuis l’Afrique comme des bossales dans le « Négrier », ont su relever la tête et déjouer avec fracas ce complot mondial vendu comme une condition de vie normale.

Dépourvus de technologies, d’armes, d’universités, de moyens financiers et torturés par le code noir, les esclaves ont décidé unanimement de saisir le flambeau de la liberté et de l’humanisme pour éveiller la conscience du monde et jeter les bases des droits de l’Homme et de la citoyenneté. Au début de ce mois de mars qui marque la lutte des femmes contre l’exploitation et qui consacre la fin d’un mois dédié aux Noirs, il est nécessaire de réfléchir sur l’état actuel du pays embourbé dans une crise sociopolitique chronique.

Au regard de la conjoncture, il est à se demander comment ce peuple de grand orgueil a pu devenir la risée de l’humanité ? À quel moment, les Haïtiens sont-ils devenus si cupides et des ennemis des droits humains ? Nos aïeux, animés par l’esprit de la liberté, avaient brisé tous les interdits de l’époque pour fonder cette nation. Ils nous ont laissé cette terre en héritage avec l’espoir que nous en soyons des héritiers dignes. Dommage, nous sommes en train de souiller leur mémoire et de fouler au pied leurs incomparables sacrifices.

Nos actions en plein cœur du 21e siècle témoignent d’une remise en question de ce que croyaient ces vaillants soldats. C’est comme si nous avions conclu un pacte pour laver cet affront (prouesse en réalité) que nos ancêtres ont commis. De défenseurs du bien-être collectif, du vivre ensemble, de la liberté citoyenne, du développement économique, de la préservation de la souveraineté, nos dirigeants d’aujourd’hui valorisent le gangstérisme, la mesquinerie, la corruption, la traîtrise, l’illégalité, tout cela, en faisant croire à la génération actuelle et à celle du futur que c’est la communauté internationale qui est souveraine et qui doit décider à notre place.

Plus de trente ans de mauvaise gouvernance, d’instabilité politique, d’élections frauduleuses, de querelles sans fondements. Plus de trente ans de misère, de chômage et d’une économie en lambeaux, il est temps de se ressaisir et de valoriser les sacrifices de nos ancêtres. Redonnons à Haïti sa place sur le podium mondial et préservons notre image de défenseur de la liberté, de la justice et des droits de l’Homme.

Daniel SÉVÈRE                                   

danielsevere1984@gmail.com

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