Fin du mois d’octobre et l’école ne fonctionne toujours pas en Haïti
4 min readCoutumièrement, la rentrée des classes se fait dès l’entame du mois de septembre. Cependant, à cause de nombreux troubles sociaux, notamment de la pénurie de carburant, le Gouvernement s’est vu obligé de repousser la réouverture des classes jusqu’au 3 octobre. Mais, à seulement quelques jours de la fin du mois d’octobre, les activités scolaires sont inexistantes dans le pays. Beaucoup se demandent: qu’adviendra-t-il des jeunes du pays sans l’éducation?
Dans l’état actuel des choses, la réouverture des classes reste encore incertaine. Apparemment, le Gouvernement a d’autres priorités. Et la population semble s’adapter, comme dans les situations précédentes, à la fermeture forcée des structures scolaires sur toute l’étendue du territoire national. Cela fait près de deux mois que les écoles ne fonctionnent plus. Certains enfants commencent à s’impatienter. Dans un pays où la situation économique et sociale devient de plus en plus difficile au fil des années, l’éducation semble constituer l’une des premières portes de sortie pour les jeunes.
La jeunesse haïtienne connaît des jours sombres depuis plusieurs années. D’ailleurs, durant les quatre dernières années scolaires, le nombre d’heures passées en classe avait déjà été considérablement réduit à cause des nombreux troubles politiques et sociaux qu’a connus le pays. Les élèves et étudiants perdaient beaucoup d’heures de cours, ce qui avait déjà de graves conséquences sur leur performance. Même si des efforts ont été faits du côté des personnels éducatifs pour rattraper le temps perdu, le système éducatif n’en reste pas moins affaibli.
D’ailleurs, depuis quelques décennies, le système éducatif haïtien s’efforce de tenir debout contre vents et marées. Les problèmes politiques, sociaux et économiques et les catastrophes naturelles ont toujours été des obstacles. Toutefois, l’État et les responsables d’école ont toujours tenté, par tous les moyens possibles, de sauver l’année scolaire, en dépit des tumultes. Cette année, les choses semblent prendre une autre tournure. Tout compte fait, l’État ne manifeste aucune volonté pour améliorer la situation. Beaucoup de personnes s’expriment à ce sujet.
En effet, il y a de multiples raisons pour lesquelles l’école devrait ouvrir au plus vite, selon M. Wilson Saint Brun. D’un côté, M. Saint Brun rappelle que la fermeture des écoles et universités n’a que des inconvénients pour le développement de la société car les groupes armés auront la possibilité de recruter beaucoup plus de jeunes, vu que ces derniers n’ont presque pas de quoi occuper leur temps. Et d’un autre côté, beaucoup plus de jeunes risquent de tomber dans la dépravation et la prostitution, surtout ceux qui sont beaucoup plus vulnérables.
D’après M. Saint Brun, les élèves et étudiants qui sont forcés de ne plus continuer leur cursus risquent fortement d’être des handicapés intellectuels. En d’autres termes, la déconnexion totale avec les matériels didactiques, les livres et tout ce qui a rapport avec la scolarité peut entraîner une difficulté d’adaptation lors de la réouverture des classes et même provoquer des formes de pauvreté intellectuelle. « Ainsi, le niveau du système éducatif en Haïti peut largement régresser par rapport aux autres systèmes éducatifs dans le monde. Dans les années à venir, le nombre d’analphabètes risque d’augmenter », a fait savoir M. Saint Brun.
« Avec plus d’analphabètes dans le pays, les politiciens médiocres vont pouvoir manipuler beaucoup plus de personnes et continueront de s’enrichir au détriment du peuple », souligne le jeune homme. « Et l’une des plus importantes raisons pour lesquelles l’école doit obligatoirement reprendre dans le pays, est qu’il est impératif que les enfants aient leur mot à dire sur la situation du pays, par le biais de leurs productions. De plus, ce sont les enfants d’aujourd’hui qui sont appelés à développer et à transformer le pays », conclut M. Saint Brun.
Tout compte fait, il est essentiel de soulever la question de la réouverture des classes. Car, les conséquences sont non seulement désastreuses pour les apprenants, mais aussi pour l’avenir du pays. La société haïtienne a besoin de l’éducation pour se relever et se développer. Il faut rapidement trouver une solution à la crise. L’État doit prendre ses responsabilités, garantir la sécurité et assurer la bonne marche des institutions publiques et privées en Haïti. Le mois d’octobre est pratiquement terminé et l’insécurité empire de jour en jour.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis