Fincy Pierre retrace son parcours dans les colonnes de Le Quotidien News
5 min readIssu d’une famille « chanceuse », Fincy Pierre, fondateur de Balistrad, rêve de faire de sa plateforme en ligne, un coin du web qui inspire confiance et éveille la curiosité des gens. Dans une interview avec la rédaction de Le Quotidien News, le jeune entrepreneur retrace son parcours avec beaucoup de fierté.
Parler de soi-même n’est pas toujours une partie de plaisir pour celui qui pourtant a l’habitude d’éclairer les autres avec son verbe. « C’est un exercice que je n’aime pas du tout faire », avoue Fincy Pierre qui s’est lancé toutefois dans une interview avec Le Quotidien News.
Issu d’une famille « chanceuse » pour reprendre ses mots, Fincy a vu le jour à la Croix-des-Bouquets, dans une famille nombreuse de sept enfants. « Nous sommes 7 enfants. Je suis entouré de 4 frères et 2 sœurs. J’ai eu la chance de grandir avec tous mes frères et sœurs », révèle le natif de la Plaine, éperdument passionné de dessin. Il a fait ses études primaires à l’école Notre Dame de l’Espoir et ses classes secondaires au Collège Aux Jours Heureux (CAJH). À la fin de son baccalauréat au Collège Aux Jours Heureux, il s’est orienté vers les Sciences de l’administration à l’Université Quisqueya, tandis qu’il éprouvait une grande passion pour le dessin.
« Parfois je me demande comment j’en suis arrivé là. Depuis mon adolescence, j’ai toujours été intéressé par le dessin. Le dessin était ma passion. Je dessine sur tout. Et en faisant toutes sortes de dessins », déclare l’administrateur, discipliné dans son travail. Mais ses parents souhaitaient qu’il étudie la médecine. « Je n’étais pas intéressé parce que je voulais gagner de l’argent tôt. Après moults conseils et réflexions, j’ai choisi d’étudier l’administration », explique Fincy Pierre, qui a également embrassé une carrière en communication suite aux différents séminaires de formation parrainés notamment par Plan International qu’il a eu à suivre. « Peu après, j’ai commencé à suivre des cours en ligne sur la communication », ajoute-t-il.
La création de Balistrad
Dans un contexte où les médias en ligne se multiplient, Fincy Pierre a jugé bon de faire la presse en ligne différemment en Haïti, en créant Balistrad. Une histoire qui commencé avec la création de son premier site web. « À l’époque, c’était une page Web, s’empresse-t-il de préciser. Ce que je n’ai pas trouvé vraiment suffisant car je voulais aussi publier mes articles de blog. Fin 2017, environ un an plus tard, je me suis dit que je devrais sérieusement publier du contenu plus utile à la communauté. Après mûre réflexion, j’ai appelé un de mes frères et lui ai parlé de l’idée de créer un journal en ligne », raconte le CEO de Balistrad, passionné de médias sociaux.
Avec ses frères, il a enclenché le processus de création de sa plateforme. Ce qui n’a pas tardé à venir, en raison de ses compétences en création de logos et conception de sites web. En revanche, « ce qui était difficile, c’était de trouver un nom pour le média. Nous étions 4 frères à l’époque, assis l’un à côté de l’autre, à tour de rôle, proposant des noms », se rappelle Fincy Pierre, amoureux de musique et de peinture. L’idée était de trouver un nom simple, facile, original et disponible pour le domaine du site et sur les réseaux sociaux pour un nom d’utilisateur unique, à en croire ses explications. « Nous nous sommes arrêté sur Balistrad. Début 2018, site déjà en ligne, logo déjà créé, tous les pseudos déjà repérés… Et voilà ! Premier objectif atteint ! Le 11 février 2018, nous avons lancé Balistrad », fait savoir le PDG, qui semble être satisfait de sa réalisation. En mars de la même année, il a constitué sa première équipe et a publié le premier article de son journal.
« Balistrad opte pour un journalisme responsable et utile, indique-t-il. Nous voulons ouvrir la voie à un autre modèle de journalisme en ligne en Haïti », ajoute le journaliste Fincy Pierre, estimant qu’il a encore beaucoup de travail à faire avec sa plateforme en ligne. « Je souhaite que Balistrad reste un coin du web qui inspire confiance et éveille la curiosité des gens. J’aimerais un jour que tous les premiers collaborateurs de Balistrad soient fiers du travail qu’ils ont fourni au projet », espère M. Pierre, qui croit qu’il est sur la bonne voie.
L’insécurité menace-t-elle la liberté de la presse en Haïti ?
Les Haïtiens portent la lourde responsabilité de cette crise qui sévit dans le pays depuis ces dernières années, selon ses déclarations. « Je peux dire que nous sommes responsables de nos malheurs », regrette-t-il. Selon lui, les Haïtiens ont perdu le sens de l’organisation en détruisant les institutions. Or, « se enstitisyon ki fè peyi », précise Fincy, dans sa langue vernaculaire. « Le problème est tel, que chacun cherche à armer de petits groupes pour protéger ses intérêts. Ce qui a conduit à la crise dans laquelle nous vivons.
Je pense que, pour sortir d’ici, nous devons redéfinir nos priorités en tant que peuple. C’est simple, mais IMPORTANT », insiste le leader.
« La liberté d’expression est l’un des fondements essentiels d’une société sûre et prospère, déclare Fincy Pierre. Force est de constater que depuis plusieurs années la liberté d’expression est menacée en Haïti. La politique a la main mise sur presque tout. Et c’est grave. Plus de deux décennies que nous avons affaire à une situation aussi systématique. Il n’y a pas de croissance sociale et économique sans liberté d’expression. Je pense que cela doit cesser », affirme le directeur de Balistrad. « Je déplore de toutes mes forces ce qui arrive aux journalistes haïtiens. On ne fait pas ça à une démocratie ».
Par ailleurs, Fincy Pierre, animé de grandes ambitions, continue d’écrire ses pages dans l’histoire et se dit satisfait du peu qu’il a réalisé jusque-là. « Ma plus grande satisfaction, c’est d’avoir accompli de petites choses qui ont rendu mes parents fiers. C’est de les voir exister », confie l’entrepreneur, avant d’encourager les jeunes à être sérieux dans tout ce qu’ils font, qu’il s’agisse de grandes ou de petites choses.
Statler LUCZAMA