Le système éducatif haïtien: Malheureuse victime de l’insécurité galopante!
4 min readDepuis la montée de l’insécurité, l’école haïtienne connaît des jours sombres. À cause de l’invasion des gangs dans diverses communes du pays, plusieurs écoles ont été victimes d’attaques, ou encore de vandalisme. La violence armée contre les écoles a été multipliée par 9 en un an, rapporte l’UNICEF dans un communiqué de presse publié le 9 février dernier. Des données alarmantes pour les autorités qui prétendent avoir le contrôle de la situation.
La situation sécuritaire du pays semble échapper au contrôle des autorités au fur et à mesure que les jours passent. Cette dernière affecte de manière importante tous les secteurs du pays, y compris le secteur éducatif. Le système éducatif déjà paralysé par de nombreux problèmes internes, est à présent en état d’urgence. Selon les dernières données du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), entre les mois d’octobre et de février, environ 72 écoles auraient été prises pour cible, contre huit au cours de la même période l’année dernière. Par ailleurs, le bilan des écoles victimes des bandits armés au cours de ces quatre derniers mois est très lourd.
« Il y a au moins 13 écoles prises pour cible par des groupes armés, une école incendiée, un élève tué et au moins deux membres du personnel enlevés, selon les rapports des partenaires de l’UNICEF. Au cours des six premiers jours du mois de février, 30 écoles ont été fermées en raison de la montée de la violence dans les zones urbaines, tandis que plus d’une école sur quatre est restée fermée depuis octobre 2022 ». C’est en effet ce que rapporte l’UNICEF. Ces chiffres doivent inciter sérieusement à la réflexion, car attaquer les écoles est synonyme d’attaquer l’avenir du pays et le bien-être des enfants, pourtant très fragiles psychologiquement et physiquement.
Ces attaques envers les écoles devenues de plus en plus fréquentes et violentes, ont inévitablement des conséquences graves sur la capacité d’apprentissage des enfants. La montée des bandits armés entrave fortement le système éducatif haïtien. D’ailleurs, aujourd’hui, l’UNICEF estime à 1 million, le nombre d’enfants non-scolarisés, exclusivement à cause de la montée en puissance des bandes armées, à travers tout le pays. Plusieurs parents préfèrent largement laisser leurs enfants à la maison au lieu de les envoyer dans la gueule du lion.
Aux dires du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), 60% de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est contrôlée par des groupes armés. « Lorsque les groupes ciblent les écoles, ils pillent fréquemment le matériel scolaire, notamment les bureaux, les bancs, les tableaux, les ordinateurs portables, les photocopieurs, les batteries et les panneaux solaires. Les sacs de riz, de farine et de maïs pour les repas scolaires, une bouée de sauvetage pour d’innombrables enfants en Haïti, ont également été volés, de même que du matériel de la cantine », soutient ce dernier.
Parallèlement, plusieurs responsables d’écoles ont été dans l’obligation de prendre des mesures strictes et significatives, à cause de la situation sécuritaire qui dégénère de plus en plus, notamment, dans les zones placées sous le contrôle des groupes armés. Par conséquent, pour protéger la vie des enfants et du personnel éducatif, beaucoup d’écoles ont dû fermer. Pour le mois de janvier, selon les estimations de l’UNICEF, les enfants ont perdu en moyenne un jour et demi d’école par semaine. L’année académique s’annonce beaucoup plus difficile que les années précédentes. Sans oublier les nombreux jours manqués au début de l’année à cause de la pénurie du carburant.
À ce rythme, les enfants risquent de manquer 36 jours d’école d’ici la fin du mois de juin, estime l’organisation internationale pour l’enfance. À l’heure actuelle, rien n’est garanti. Car, de nombreux incidents menacent de perturber cette année scolaire, si aucune action n’est posée. En ce moment, achever l’année académique reste l’ultime défi des quelques écoles qui s’efforcent de fonctionner plus ou moins normalement, à travers le pays. L’insécurité est un fléau qui ravage tout sur son passage et le déni apparent du Gouvernement ne fait qu’enfoncer encore plus le pays dans l’abîme.
Par ailleurs, à la fin du mois de janvier, beaucoup d’élèves ont dû évacuer leur milieu scolaire à la suite des mouvements de protestation contre l’assassinat des six policiers. Alors que le Gouvernement ferme les yeux sur la violence dont est victime le secteur éducatif, les responsables d’écoles baissent les bras contre leur gré. La violence augmente et le nombre des victimes avec. D’autre part, les conséquences de ces actes de violence risquent sérieusement d’entraver l’apprentissage des enfants. Le Gouvernement en place ne doit-il pas se poser cette question: Comment un enfant peut-il apprendre et s’épanouir dans la terreur?
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis