Les sanctions peuvent obliger Carl Braun à vendre toutes les actions qu’il détient à la UNIBANK, estime l’économiste Kesner Pharel
4 min readAlors qu’il est sanctionné par le Canada pour des « actes de corruption » qui alimentent la crise sécuritaire, politique et humanitaire en Haïti, Frantz Carl Braun dément ces informations en déclarant qu’il n’a aucune relation, directe ou indirecte, financière, politique ou autre, avec les bandits et les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne. Réagissant à ces propos, l’économiste Kesner Pharel pense que ces sanctions peuvent contraindre M. Braun à vendre toutes les actions qu’il détient à la UNIBANK.
Les gangs continuent de s’imposer en seigneurs des lieux dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Le Canada de son côté poursuit avec ses sanctions à l’encontre des membres de l’élite économique haïtienne qui alimentent la crise sécuritaire à travers le pays. « Je n’ai jamais commis d’actes criminels et je n’ai aucune relation, directe ou indirecte, financière, politique ou autre, avec les bandits et les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne », a écrit M. Braun lors d’une Note publique d’information et de protestation publiée le 23 septembre 2023. À en croire l’homme d’affaires, sa famille,ses amis, ses employés, ses clients et ses entreprises ont souffert et souffrent encore de l’insécurité généralisée qui sévit en Haïti.
Par ailleurs, Frantz Carl Braun précise qu’il n’a jamais attisé la violence, ni participé, ni directement ou indirectement, financièrement ou politiquement, à créer ou à maintenir une quelconque instabilité en Haïti. « Au contraire, je me suis toujours positionné, tant en privé que publiquement, pour la promotion de la Démocratie et de l’État de Droit, le triomphe de la justice ainsi que pour l’établissement d’une société moderne et inclusive attirant les investissements nationaux et étrangers, créant des emplois, favorisant la mobilité sociale et s’attaquant à la pauvreté qui afflige notre pays », a-t-il expliqué en précisant qu’il reste fermement convaincu qu’une grave erreur a été commise en ce qui lui concerne.
« Je souhaite donc recevoir des autorités canadiennes le dossier comportant les actes et faits concrets et vérifiables qui me seraient reprochés et qui auraient entraîné cette décision unilatérale, afin que je puisse me défendre », affirmeM. Braun. « Je suis bien évidemment indigné de cette grave injustice qui m’est faite. J’entends prendre et prendrai toutes les dispositions pour défendre ma dignité », a fait savoir le banquier.
« Le succès commercial de la UNIBANK, institution bancaire auditée et régulée, de ses filiales et de ses investissements est la source principale de mes avoirs personnels, lesquels sont le fruit de décennies de dur labeur et qui ont été gagnés à la sueur de mon front», argumente M. Braun.
La UNIBANK est-elle affectée par la sanction de Frantz Carl Braun ?
D’entrée de jeu, l’économiste et professeur Kesnel Pharel demande à la population de ne pas s’affoler. « Nous sommes dans une situation économique difficile. Nous devons faire preuve de prudence quant aux informations que nous véhiculons. Car on peut tomber dans une crise financière suite aux informations que nous décidons de propager », dit-il. « La Banque Centrale aurait pu dire qu’il faut calmer les esprits», rassure-t-il en précisant que « les sanctions prises par le Canada à l’encontre de certains membres du secteur bancaire ne signifient pas que cette banque commerciale, dont le patron est sanctionné, n’aura plus de liquidité.
À en croire M. Pharel, les sanctions peuvent obliger M. Braun à vendre toutesles actions qu’il détient à la UNIBANK et c’est à la Banque de la République d’Haïti (BRH) de surveiller les membres du secteur bancaire sanctionnés puisque les banques commerciales haïtiennes sont connectées avec d’autres banques commerciales à l’extérieur du pays.
Crise de réputation et ses impacts sur le pays
Certains membres de l’élite économique et politique haïtienne sont sanctionnés par le Canada et les États-Unis pour actes de corruption, de blanchiment d’argent et aussi parce qu’ils alimentent la crise sécuritaire en Haïti. « Ces sanctions donnent lieu à l’émergence d’une crise de réputation qui n’est pas une bonne chose pour le pays. Nous devons beaucoup travailler pour améliorer l’image des discussions publiques et privées pour pouvoir attirer des investisseurs étrangers », recommande l’économiste Kesnel Pharel.
Jackson Junior RINVIL