Le gouvernement a officiellement signé un protocole d’accord avec la compagnie aérienne Sunrise Airways pour la reprise des vols domestiques. Cette initiative, concrétisée le jeudi 5 juin 2025, prévoit le redémarrage des liaisons aériennes intérieures dès le 12 juin 2025. Les vols desserviront dans un premier temps Cap-Haïtien, Jérémie…
Cette décision stratégique intervient après plusieurs mois de suspension des vols intérieurs, principalement due à des difficultés structurelles et sécuritaires, aggravées par la violence des gangs. La suspension avait fortement impacté la mobilité des citoyens et des opérateurs économiques, peut-on lire dans un communiqué de la Primature.
La cérémonie de signature, tenue en présence des hauts dignitaires notamment le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus, et le directeur général de l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN) Yves Ducarmel François, a réaffirmé l’engagement du secteur privé aux côtés de l’État dans la modernisation des infrastructures essentielles.
Le Premier ministre Fils-Aimé a souligné l’importance capitale de cette initiative pour le rétablissement du secteur aérien national, la facilitation de la connectivité entre les régions, la stimulation des échanges économiques et le renforcement du tissu social et commercial du pays. Il a également insisté sur le message fort que cela envoie : « Haïti est en mouvement, avec détermination, vers la reprise ».
Afin de renforcer la confiance et la sécurité, une couverture supplémentaire de l’État est prévue pour indemniser les victimes, les ayants-droit et les dégâts matériels en cas de sinistre. Cette garantie financière, pouvant aller jusqu’à 11 millions de dollars USD, sera débloquée par le ministère de l’Économie et des Finances en complément des montants versés par les compagnies d’assurance, a fait savoir la compagnie aérienne.
Malgré cette avancée pour les vols intérieurs, le contexte aérien international reste complexe. L’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, bien que rouvert à la mi-novembre 2024 après des attaques de gangs, ne voit toujours pas de reprise des vols commerciaux internationaux. La Federal Aviation Administration (FAA) a notamment prolongé son interdiction des vols américains à destination de Port-au-Prince jusqu’au 8 septembre 2025, citant des risques de sécurité persistants. Plusieurs grandes compagnies aériennes, dont American Airlines, JetBlue, Air Transat et Spirit Airlines, ont d’ailleurs annoncé des suspensions ou des annulations de vols vers la capitale haïtienne.
Par ailleurs, bien que Sunrise Airways soit un acteur clé de cette reprise, la compagnie a fait l’objet de plaintes croissantes de la part de ses clients ces derniers temps. Des retards significatifs dans la livraison des bagages et des reports de vols sans explications ont été dénoncés, particulièrement par des personnalités publiques.
Si cette reprise des liaisons aériennes intérieures est une réponse concrète aux besoins de mobilité et témoigne de la volonté gouvernementale de placer les infrastructures de transport au cœur de sa politique de redressement national. Si, certes, c’est une étape cruciale pour l’avenir du pays, marquant un pas vers la relance économique. Toutefois, qu’en est-il de celles et ceux qui avaient l’habitude d’emprunter les routes nationales (occupées par des gangs armés) et qui ne peuvent payer un billet pour un vol domestique afin de se déplacer ? Quand est-ce que le gouvernement en place va enfin résoudre le problème de l’insécurité et libérer les routes nationales ?
Marie-Alla Clerville