L’attaque perpétrée par les groupes armés le 22 juin 2025 à La Chapelle, dans le département de l’Artibonite a fait six morts et a contraint 8 890 personnes à abandonner leurs domiciles, selon un rapport rendu public par le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), le 25 juin 2025.
Les gangs armés sous l’œil passif des autorités étatiques continuent d’étendre leurs tentacules dans le département de l’Artibonite. Lors de l’attaque qui a eu lieu à La Chapelle, 8 890 personnes (2 257 ménages) ont été contraintes de se déplacer, principalement vers d’autres localités du même département de l’Artibonite, mais également vers le département de l’Ouest, a révélé l’OCHA.
Durant cette attaque, les assaillants ont fait irruption dans la commune, attaquant et incendiant le commissariat de police, le Bureau du District Scolaire (BDSM), ainsi que plusieurs résidences privées, à en croire l’OCHA. Ce dernier indique aussi que des habitations et des commerces ont été pillés et vandalisés. Par ailleurs, après plusieurs heures d’affrontements avec les policiers du commissariat de La Chapelle, explique l’OCHA, les groupes armés ont érigé des barricades dans la ville pour empêcher toute intervention des forces de l’ordre.
L’attaque sur La Chapelle, une menace pour les autres communes avoisinantes
Depuis plusieurs mois, le département du Centre et certaines communes dans le département de l’Artibonite sont convoitées par les gangs armés. En effet, ces malfrats ont pris d’assaut les communes de Mirebalais, de Saut-d’Eau et d’autres quartiers dans le département de l’Artibonite. À Petite-Rivière de l’Artibonite par exemple, la situation sécuritaire continue de se détériorer. « En avril dernier, une série d’attaques sur Petite-Rivière avait déjà déplacé 16 056 personnes. Depuis le 23 mai, de nouvelles attaques dans la commune ont forcé 5 113 personnes à fuir leur domicile », a rappelé l’OCHA, tout en soulignant que sur les 92 304 déplacés internes dans le département de l’Artibonite, 50 % proviennent de Petite-Rivière de l’Artibonite.
Avec cette nouvelle offensive sur la commune de La Chapelle, il y a une menace réelle qui plane sur plusieurs villes dans le département de l’Artibonite. Qu’on se le rappelle, la commune de La Chapelle, dans le département de l’Artibonite, est limitée par Verrettes au Nord, Saut-d’Eau au Sud, Mirebalais à l’Est et Saint-Marc à l’Ouest. En ce sens, si rien n’est fait pour les neutraliser, les individus armés pourraient tenter d’entendre leurs tentacules beaucoup plus au niveau de ce département. La menace est également valable pour le Grand Nord.
Rétablir l’ordre et la paix en Haïti, un défi pour les autorités
Haïti s’enlise dans une crise sécuritaire aiguë depuis plus de trois ans. Les gangs — à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite — défient constamment les autorités. Le 25 juin 2024, avec l’arrivée du premier contingent kényan de 400 hommes, il y avait eu une euphorie auprès de la population. Cette dernière croyait qu’avec la présence des policiers kényans sur le sol d’Haïti, elle allait circuler librement dans le pays. Cependant, un an après, la mission multinationale d’appui à la sécurité n’a toujours pas atteint sa capacité opérationnelle. Et le pire, les gangs armés par ailleurs sont devenus beaucoup plus puissants. Ils sont les maîtres des lieux à Mirebalais, à Saut-d’Eau, à Petite-Rivière de l’Artibonite et dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. Des nouveaux postes de péage sont installés sur les routes nationales. Des nouveaux territoires sont dorénavant sous l’emprise des individus armés.
En ce qui concerne la Police Nationale d’Haïti (PNH), les résultats tardent à encore venir. Cette institution républicaine est ravagée par des crises internes. Les luttes pour la prise du pouvoir empêchent la PNH de « protéger et servir » la population. Comment peut-on résoudre le problème de l’insécurité ? Telle est la question qui demande une réponse pratique et effective.
La Rédaction