20 juillet 2025

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L’école en Haïti n’adresse pas les problématiques de société, estime le ministre Antoine Augustin

C’est avec un cri de détresse symbolisant l’échec massif de la société haïtienne qu’Antoine Augustin, ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), lors du 17e numéro des mardis de la nation le 15 juillet 2025, a dépeint un tableau sombre du système éducatif haïtien tout en présentant un plan visant à redresser la situation.

Le système éducatif haïtien est en pleine dégénérescence, et ce, depuis plusieurs années.  Là-dessus, le titulaire du MENFP n’a pas un avis contraire. Sur un ton solennel, il annonce aux journalistes, aux enseignants et aux parents que l’école haïtienne s’effondre. «  Cette école telle que nous la connaissons avec tous ses problèmes structurels est détruite », a déclaré le ministre Augustin.

La situation dans laquelle se trouve le système éducatif haïtien est tellement critique que si nous arrivons à atteindre un niveau de réussite de 50% aux examens du baccalauréat cette année, ce serait un exploit inimaginable qui aurait mérité d’être festoyé, a déclaré le professeur Augustin. «   Quand vous avez 120 mille candidats au baccalauréat, si vous avez 50 mille réussis, c’est un motif suffisant pour faire la fête ».

Un problème structurel

« En Haïti, l’éducation est presque privée. Or, quand on fait une analyse du coût, de la qualité et de l’efficacité, c’est de l’argent gaspillé », a déclaré M. Augustin. Ce dernier a alerté, par ailleurs, sur un déficit structurel alarmant : sur plus d’un million d’enfants inscrits à l’école, seuls 188 000 atteignent la 9ᵉ année fondamentale. «  Ce décrochage massif, symptôme d’une crise silencieuse, est attribué à des facteurs systémiques tels que les grèves prolongées, la pauvreté, l’instabilité familiale et le manque de suivi pédagogique », selon ce qu’a fait savoir la Primature à travers un communiqué de presse paru le 15 juillet 2025.

 À en croire M. Augustin, il y a plusieurs éléments sur lesquels nous pouvons appuyer pour expliquer ce problème de décrochage scolaire. « Il peut s’expliquer par un problème d’apprentissage, d’enseignement ou de qualification des maîtres », explique-t-il, tout en pointant du doigt les grèves persistantes comme aussi l’un des éléments pouvant expliquer l’échec du système scolaire.

Selon le sociologue, l’école haïtienne est une école féodale qui ne met pas en exergue le talent des élèves et n’aborde pas non plus les problèmes de l’évolution du monde. «  Notre école n’adresse pas nos problématiques de société, comme la question de l’identité nationale, la réorganisation de l’État ou l’insertion socioprofessionnelle. L’école haïtienne n’est pas utilitaire parce que le type de formation dispensé, de connaissance donné n’est pas en adéquation avec l’évolution du monde », a expliqué le ministre.

Le problème du préscolaire

Le préscolaire est extrêmement coûteux, en plus, il ne se retrouve pas entre les mains de l’État, alerte M. Augustin. « Le préscolaire n’est pas un ordre d’enseignement. C’est un ordre d’éducation, c’est-à-dire avant l’école. Nous allons arranger cette situation », a prévenu le ministre.

Face aux problèmes structurels auxquels fait face le système éducatif haïtien, « le ministère s’engage dans une réforme en profondeur du système éducatif, articulée autour de plusieurs axes : renforcement de la cantine scolaire, passage automatique accompagné, encadrement pédagogique, réforme du préscolaire, redynamisation de la formation des maîtres et moralisation de la gestion financière des lycées publics. Le MENFP assurera désormais lui-même le contrôle budgétaire à travers des comptables délégués », selon la Primature, tout en précisant que le ministre appelle à une école porteuse de valeurs civiques et patriotiques, capable de former des citoyens engagés, au service de la nation.

Par ailleurs, il importe de rappeler, selon la Primature, que pour l’année académique 2024-2025, 303 963 candidats sont inscrits aux examens officiels, dont 188 141 en 9ᵉ année fondamentale et 14 292 au baccalauréat permanent (NS4).

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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