La République d’Haïti en mode de ridiculisation du coronavirus
3 min readLes dirigeants haïtiens ont perpétué une longue tradition de discours époustouflants sans suivi. À chaque crise, chaque occasion qui nécessite une intervention particulière de la puissance publique, ce comportement réapparait avec toute sa fraicheur. Vu les exigences indiscutables du coronavirus, nous avions osé de croire à l’exception de la règle. Mais nos hommes politiques n’ont jamais la décence de cesser cette pratique rétrograde.
Sans conteste, ce gouvernement joue tout pour la première place dans le long marathon du malheur collectif du peuple haïtien. Sa gestion de la covid-19 n’a d’effet que de mousser l’anxiété de la population. Avec de folles décisions qui ne cadrent pas avec le quotidien du peuple et des promesses non tenues, c’est l’image même de l’Etat qui s’effrite. Ce comportement d’amateur autorise pas mal de discours déroutants dont le plus illustre et dangereux consiste à dire qu’il n’y a pas de coronavirus en Haïti. C’est une triste comédie, elle interdit le sourire. Le coronavirus est donc minimisé, ridiculisé en Haïti.
Mesures sur mesures sans aucun souci d’application, c’est là que la présence de l’Etat est plus efficace en matière de prévention. Ensuite viennent de troublantes dispositions qui n’ont de sens que dans une pièce de théâtre.
Un peu partout nous remarquons une distribution massive de seaux destinés au lavage des mains, pourtant ces gens-là que le gouvernent presse de se laver les mains sont très loin d’appliquer la distanciation sociale, ils continuent de vivre dans les mêmes conditions. Cette comédie à l’haïtienne a le méchant dessein de suggérer que le coronavirus est transmissible uniquement par des mains contaminées. Les gens s’entassent, et ils se lavent les mains. Triste attitude.
Et si ailleurs les dirigeants s’évertuent à combattre la propagation du virus avec sérieux, ici, en Haïti, le comportement théâtral du gouvernent est son principal atout de faire des victimes.
À tour de rôle, presque chaque ministre a hâte d’exhiber sa folie, son feu brulant de se faire remarquer. Au début de cette semaine, c’était le tour du titulaire de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Ce gros monsieur a le courage de présenter un calendrier de formation à distance. Sans électricité, sans matérielles de support, le ministre planifie son aventure. Mais pour quel établissement scolaire ? ꞔa, personne ne le sait.
Du côté du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), la situation n’est pas trop étrange. Ce ministère confronte le mauvais sort d’endosser toutes les défaillances de l’administration centrale dans gestion de la crise. C’est un ministère gêné, embarrassé par les fissures de sa structure interne et de la comédie du palais national. Sans moyens techniques adéquats et kits sanitaires suffisants, le MSSP, au lieu de se renforcer, se croit plutôt à la hauteur des défis et s’aventure.
Quelle comédie !
Michelin ETIENNE