Le slameur Ricot, dans l’univers du slam

Il est un jeune slameur qui s’inspire du vécu pour faire rimer sa perception du monde…Ricot Marc Nicolson, conte la vie dans son slam et propose aux amants de l’art oratoire un mixtape intitulé « Konsa l Vini ».

Le 9 juin 1994, une famille du quartier populaire Bizoton, donne naissance à un garçon à l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti, communément appelé l’hôpital général. L’aîné d’une famille de trois damoiseaux. Le jeune Ricot malheureusement n’échappera pas aux vicissitudes de la vie. En effet,  conséquence des fâcheux tourbillons du quotidien haïtien, il connaîtra un parcours académique assez mouvementé, instable, comme écolier nomade. « En raison de la précarité de ma famille, il m’était difficile d’occuper une place pendant longtemps dans une école », dit le jeune slameur qui espère intégrer la faculté d’ethnologie.

A la découverte de sa passion

« Au début, je prenais un plaisir fou à écrire et déclamer des textes que je vendais également. Ce n’est qu’en 2013 qu’un pote me fera découvrir cet art oratoire qu’est le slam », raconte le slameur qui s’amuse à s’évader dans l’univers de la poésie avec ses mots rimés et rythmés au sens de la vie. Le slam est pour lui une occasion de mettre à nu son talent. « C’était pour moi le meilleur moyen d’exposer mes écrits », témoigne le talentueux Ricot qui, à un certain moment a rêvé de faire carrière dans le rap. « Mais, je n’étais pas assez audacieux pour m’y aventurer », avoue la voix de « M bezwen reyisi », texte paru en 2014. Un an plus tard, le slameur prolifique se relance avec trois titres, dont « Plus que ça », « Kri m Kont Krim », « Manman pwezi an m ».

Cependant, le slameur peine à cartonner avec son talent. Il devra attendre encore quatre ans, en 2019, pour dépasser ses limites avec un texte qui se distingue du lot. « Anvrè, est le titre qui a considérablement marqué ma carrière. C’est grâce à ce texte que j’ai pu sortir de l’ombre », déclare le natif de Port-au-Prince.

Il ne récolte jusque-là que des félicitations, ce qui lui procure tout de même un brin de satisfaction même si sa passion ne l’aide pas encore à gagner sa vie financièrement.

« Konsa l vini », un mixtape pour le bonheur des slamophiles

Ricot Marc Nicolson est un talent prolifique qui ne prend pas sa plume à la légère, tant il est productif. « Konsa l vini » est le titre d’un mixtape parfaitement bien crayonné er par le slameur pour la satisfaction des amoureux du slam. Un mixtape sur lequel on aura le plaisir d’ écouter d’autres  fins slameurs du même calibre que l’artiste Meteyer.

C’est un projet qui consiste à « raconter ce que l’on vit au quotidien, à partager ma conception de la vie, et orienter la génération future », explique Ricot, diplômé en journalisme multimédia à l’ISNAC. « Chaque texte nous oriente quelque part. Chacun de ces slams décrit une réalité. C’est en effet la personne que je suis et ma position que j’ose présenter dans ces textes »  affirme le slameur.

A noter que la vente signature de ce mixtape se tiendra le 17 avril prochain, à Carrefour-feuille, dans les jardins de La Saline Club. Comme artistes invités, on aura : Dydy Skyman ; Négresse Colas ; Love Jule ; Steph Le sauvage ; dieu des lettres ; le condamné, le fameux Opak, pour ne citer que ceux-là.

L’artiste oratoire lance un vibrant message à la jeunesse qui, si l’on s’en tient à ses mots, est opprimée, marginalisée, et surtout instrumentalisée. « Il faut toujours se battre pour avancer. La vie, particulièrement en Haïti, est une guerre. Par conséquent, il faut s’armer avant de livrer bataille » conclut le jeune artiste qui attend un large public à sa grande première le 17 avril prochain à compter d’une heure de l’après-midi.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com