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Johanne Elima, une jeune écrivaine confirmée

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« Ochan pou gouyad », un hommage poétique de Célimène Bastia paru en 2020, qui révèle une fois de plus l’esthétique de tout un art. De son vrai nom, Johanne Elima, l’écrivaine parvient à créer avec sa plume un monde sensationnel  pour les mordus de la lecture.

Johanne Elima, excellente écrivaine haïtienne, voit le jour en Haïti un an après le départ des Duvalier. Unique fille d’une famille de quatre enfants, Johanne éprouve assez tôt dans sa jeunesse une certaine passion pour la lecture. Une passion dont elle hérite de son père, en effet. « Mon père qui était bibliophile a fait de moi une lectrice précoce. Je me souviens encore du premier livre que je me suis mise à lire, ‘’Germaine ou chercher la vie’’. Je voulais voir ce qui le  distinguait tellement de notre monde lorsqu’il prenait un livre », se souvient l’auteure d’Ochan pou Gouyad, Johanne Elima. Elle a en mémoire autant de bons souvenirs de sa mère qu’elle décrit comme une femme douce, simple et soucieuse du bien-être de sa famille.

« Je crois que je l’ai presque rendue folle dans mon adolescence car j’adorais les jeux qu’elle pensait réservés aux garçons », raconte la jeune fille d’alors, influencée par la gente masculine qui l’environnait. De bonnes claques, elle en a reçues tout comme ses modèles masculins. « Elle m’administrait des claques que je prenais pour des intermèdes avant de recommencer », ajoute avec une pointe d’humour Johanne Elima, qui se rappelle encore du séjour de sa tante à Saint Surin, où elle a passé le plus clair de son adolescence. « Sa maison était comme le lieu de rassemblement de tous les cousins et cousines de la famille…On a tous grandi chez elle », poursuit-elle.

Johanne Elima, amoureuse de musique classique, de jazz, des Blues de Louisiane, de reggae de Koffee et particulièrement du Rasin, a fait ses études primaires à l’École congréganiste de Christ-Roi des Sœurs de Marie. Puis, elle a poursuivi ses études secondaires au Lycée Marie-Jeanne. Sous l’influence du mouvement GNB de 2004, elle a intégré la Faculté des Sciences Humaines de l’UEH pour une licence en Communication Sociale. La communicatrice et graphiste indépendante a également un diplôme en photographie.

De  simple lectrice à écrivaine

A l’évidence, Johanne doit sa passion pour la lecture à cette curiosité qui l’a piquée autrefois à lire  cet ouvrage que son père avait déposé sous ses yeux, en l’occurrence « Germaine ou chercher la vie » de Germaine Ofè. Une curiosité qui l’incitera également à mettre sur papier le fruit de son imagination. « J’ai découvert la passion pour l’écriture quelque temps après avoir commencé à découvrir le plaisir de la lecture. Je voulais voir si moi aussi je pouvais raconter des choses », révèle la poétesse qui s’est mise à déverser ses pensées dans des journaux intimes. « Ensuite, je suis passée à une poésie que je voulais revendicatrice durant mon adolescence », poursuit Elima qui se souvient avec regret, de ce roman de science-fiction perdue sous les décombres du séisme dévastateur, qu’elle avait terminé. Ainsi, depuis sa gracieuse rencontre avec l’écriture, elle ne peut s’en séparer même si en raison de ses activités liées au graphisme elle peine à trouver  l’inspiration. « Car, moins je lis, moins je parviens à écrire », avoue la lectrice qui se targue avoir lu tous les ouvrages de Fernand Hibbert.

« Lorsque j’écris, souvent la première chose que je ressens est une urgence. L’urgence de dire, comme si mes personnages allaient disparaître et qu’il faut à tout prix que je recueille leurs témoignages avant qu’ils ne s’évanouissent », témoigne l’auteure du recueil de poésie, Ochan pou Gouyad, Johanne Elima. Elle y prend son pied, évidemment. « Je ris de ce que j’ai l’imagination tordue ou parce que je sais que telle ou telle chose va choquer », affirme-t-elle. A en croire ses dires, elle s’épanouit pleinement même quand elle peint un passage coloré d’amertume dans son aventure. Elle pense en effet que ses personnages n’ont pas besoin de son empathie. « Ils ont juste besoin que je raconte leur histoire, bien qu’ils soient des prétextes à mon sujet », argumente Johanne, qui s’inspire de tout ce qui se passe sous ses yeux pour stimuler son imagination.

Une plume pour décrire la société

 Johanne Elima, qui rêve ardemment de se délecter encore plus des œuvres de Gabriel Garcia Marquez, s’inspire de tout ce qui se trame dans la société pour écrire. Elle traite ainsi dans ses textes de sujets d’importance capitale qui provoquent des réflexions plus approfondies afin de mieux porter les problématiques sans les idées préconçues du commun des mortels. « Je parle un peu de tout dans mes écrits : de la transparence de l’enfance à la maltraitance des enfants ; de la prostitution déguisée des jeunes filles ; de la violence basée sur le genre ; de l’homosexualité ; de l’érotisme ; de la politique ; de la mort et du Vaudou, entre autres », indique Johanne Elima, qui cuisine a actuellement sur le feu deux recueils de nouvelles et un essai érotique.

En outre, la jeune écrivaine croit qu’en Haïti on peine encore à promouvoir et à valoriser la production féminine. Elle apprécie, par ailleurs, la place qu’occupe de plus en plus le créole dans la production littéraire. « Beaucoup d’auteurs y font appel, particulièrement dans la poésie. Mais, il y a à présent de plus en plus de romans en créole », s’en réjouit la communicatrice, Johanne Elima.

Tandis  qu’elle prend son envol dans la littérature haïtienne, elle s’inspire de nombreux auteurs qui, d’une manière ou d’une autre, l’ont convaincue de par leur plume. « Je lis Emmelie Prophète et Louis Philippe Dalembert avec plaisir. J’ai toujours aimé le travail de Gary Victor qui, pendant mon adolescence, a boosté ma passion pour la lecture. Markendy Orcel dit les choses de façon très intéressante. Amélie Nothomb ne cesse de m’étonner. Je ne me lasserai jamais d’Agatha Christie »,  avoue l’amoureuse Johanne Elima, mère de deux enfants et grande fan des écrits de Jacques Stephen Alexis, de Jacques Roumain et de Kettly Mars.

En attendant de lire son roman qu’elle promet pour 2022, la rédaction de Le Quotidien News lui souhaite le meilleur des succès dans le domaine de la littérature.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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