L’incertitude !
3 min readAssassinat, coup d’État, la nation a droit à la vérité. C’est une nécessité que l’enquête aboutisse. Pour que cela puisse se faire, il est impératif de chercher à la loupe pour éviter qu’on n’enferme les loups dans la bergerie.
À chaque heure qui passe, de nouveaux indices ont pour effet d’augmenter les doutes de la population. Les autorités dont l’image est éclaboussée n’ont aucunement le souci de rassurer. Au contraire, on sent une volonté manifeste de brouiller les cartes.
Les photos de la dépouille du Président Jovenel Moïse circulent sur les réseaux sociaux. De même, l’accusation portée contre le Premier Ministre a.i., Claude Joseph, par un journal colombien, ou la réaction de la police sur un coup de tête. En une semaine, trop d’indicateurs renforcent le manque de confiance dans les autorités pour ce qui concerne l’enquête.
C’est le moment opportun pour que le pays puisse connaître un nouveau départ. Les responsabilités doivent être fixées. La justice sciemment affaiblie par les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir a une chance de sortir la tête de l’eau à l’occasion de ce crime de trop. La police aussi trop politisée a une occasion de se refaire une nouvelle image.
Si l’on observe l’attitude des milieux populaires, on peut tout comprendre. L’avenir du peuple est incertain. La nation s’attend à n’importe quel évènement, même le plus absurde. D’un côté, les gangs qui pèsent sur la tête du pays comme une épée de Damoclès et, de l’autre, une conflit politique en gestation.
Nous vivons une conjoncture assez particulière. Toutes nos institutions sont à genoux. Nous n’avons aucune référence constitutionnelle pour remédier à cette situation. Ceux qui assurent, pour l’heure, la transition sont placés sur un siège éjectable. Pas de vision, pas de plan d’action. On a le pressentiment de devoir vivre dans un pays qui est mort avec Jovenel Moïse.
Seul, un consensus paraît plus plausible. Mais, semblerait-il, nos politiques sont plus disposés à accepter une solution imposée par la communauté internationale. Maintenant au pied du mur, l’opposition politique déclarée apporte la preuve de son incompétence. Ceux qui clamaient sans cesse avoir un plan post-Jovenel Moïse pour éviter au pays de sombrer dans le chaos, se croisent les bras et regardent le pays s’aventurer vers l’inconnu. Ils se comportent comme s’ils craignaient quelque chose.
Dans cette atmosphère, l’incertitude est totale. Un gouvernement non crédible, des autorités mises en cause, une opposition inexistante, une enquête douteuse, un affront à laver, des conditions sociales et humanitaires intolérables, une crise sanitaire aigue, une insécurité totale, une pénurie de carburant (gazoline, propane), entre autres. Ne parlons pas du système éducatif déjà en lambeaux.
En dépit de tout, des jeunes (en théorie « avenir de la nation ») vont devoir, malheureusement, prendre part aux examens officiels dans un contexte aussi tendu. Certains sont placés depuis plus d’un mois dans des centres d’hébergement non appropriés, ayant abandonné livres, uniformes, entre autres, chez eux pour échapper à la violence aveugle des gangs armés. Tant de problèmes urgents à résoudre ! Y compris cette saison cyclonique très active face à laquelle on doit faire face. Quels nouveaux événements vont-ils faire d’autres victimes ? Il n’est que d’attendre.
Daniel Sévère