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Wilky Petit-Homme, dit Plim San Koulè, un écrivain et poète mélancolique

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Depuis quelques ans, allant même de l’antiquité, philosophes, scientifiques et agents littéraires ont mis du temps à interroger la figure du style mélancolique ou le mélancolisme en lui-même. Ils ont élaboré passablement des traitements à ce titre. Quant à cette dernière, la littérature, en revanche, énumère les « bienfaits » de la mélancolie dans la création littéraire. Dans la lignée de ce point de vue, certains auteurs ou poètes de la nouvelle génération dont la génération d’écrivains née à Léogâne dite « Jenerasyon Tèt Di », comme ceux des générations précédentes, adoptent également ce style. Un style aussi devenu presqu’une mode de vie tant que l’écrivain lui-même se sent à l’aise d’en faire usage. Comme dans le cas de Wilky Petit-Homme, l’un des protagonistes de la dite génération et créateur du concept « Lamouye ».

Wilky Petit-Homme est poète, diseur, conteur et écrivain léoganais, né un 24 juin 1997 à Dufort, un grand quartier de la commune. Ayant grandi dans une famille monoparentale, il a connu des jours difficiles aux côtés de sa mère, Sonia René, après la disparition de son père, Clebert Petit-Homme, quelques jours après sa naissance.

Wilky Petit-Homme, jeune poète talentueux, plus connu sous le pseudo Plim San Koulè (PSK), est déjà l’auteur de trois œuvres majeures, dont deux ouvrages, et nous propose de voyager dans ses chroniques publiées sur la toile en plusieurs sections, non selon la chronologie de leur parution, mais selon ce qui apparaît comme une sorte de clinique littéraire de la mélancolie. Sa première œuvre, un album de slam titré « Métamorphose », est sorti  en 2018. Et ‘’39’’, ce titre, qui représente, à lui seul, une œuvre d’art, est un recueil de poèmes conçu non pas dans une perspective pour l’auteur de se référer à la loterie, non pas comme les amateurs de borlette, mais comme étant une adresse, une porte qui, ouverte, mène vers une autre dimension poétique. « Des mots lancés contre le système, contre tous, même contre moi-même, contre mon ignorance. » dit le jeune poète léoganais. Son deuxième ouvrage, « Zoubka », un livre à succès, se définit comme une fiction partant des faits réels de nos “lakou”, un récit retraçant un ensemble de sagesses, traditions et vieilles pratiques oubliées. Ces dernières sont transmises par « Grann Vèti », ce personnage légendaire qu’il a créé, à son petit-fils « Ti Zo ».

Manque. Envie. Déception. Wilky Petit-Homme, dit PSK, trace un portrait littéraire du mélancolique à travers ses œuvres. Son substantif poétique renvoie au noir, à la nuit, à la mort et traduit l’état de grande tristesse de celui qui en est atteint, sa crainte et son anxiété face à des objets qu’il juge menaçants  pour lui-même et tout son environnement. Sa mélancolie lui donne le sentiment de ne plus s’appartenir. Il vit sans lien et sans regard. C’est un banni souffrant d’un mal souvent incurable, d’une forme d’acedia, c’est-à-dire d’un « désintérêt » du monde, d’un sentiment de solitude et d’ennui face à un monde «insoucieux». C’est la «morne incuriosité» évoquée par Baudelaire dans son poème « J’ai plus de souvenirs ».

« Certains sentiments, comme le vide, m’ont poussé à créer cette légende que je suis devenu. », nous dit-il. Mais malgré tout cela, il reste un poète engagé, même dans ses poèmes  proches de la métaphysique. Le poète, toujours incapable de mettre une couleur sur sa poésie, dit “écrire” pour tenir en vie son père qui est dans l’au-delà. D’un autre côté, il dit “écrire” pour se battre et remplir ses devoirs fondamentaux, car pour lui la poésie, c’est : justice, vérité et liberté. Wilky Petit-Homme croit que tout le monde peut être poète ou devrait l’être. « Ce serait mieux si tout le monde était poète, dit-il, le monde serait plus sensible. Il y aurait plus d’amour et de justice. » Cependant, le natif de Léogâne nous fait croire qu’être poète oblige à des sacrifices. « Le poète est quelqu’un d’honnête. Quelqu’un qui n’a rien à cacher. Quelqu’un qui a accompli les devoirs fondamentaux de la poésie. »,  affirme-t-il. Ce n’ est absolument pas tout, il sous-entend qu’un poète doit avoir des positions pour ceux qui ne sont pas soumis à l’histoire et ceux qui font l’histoire. Le poète doit savoir que sa vie est en danger. Il doit aussi en être conscient. Parce que c’est lui avec sa torche qui illumine le chemin. « Je dirais qu’il doit se construire (former) lui-même, il doit lire beaucoup, il doit lire d’autres auteurs car quand l’inspiration vient, il doit trouver les mots pour la recevoir. » conclut-il.

Son parcours

Bien que Wilky ait commencé à écrire depuis l’âge de 7-8 ans,  c’est en 2014 qu’il a commencé sa carrière professionnelle. En 2015, il a fait son entrée dans le domaine de la poésie avec « Lakou Pwezi » et commencé à faire du slam. Quelques années plus tard, il devient l’une des figures emblématiques du mouvement à Léogâne. C’est au cours de cette même année qu’il s’est lancé en solo, et qu’il est parvenu à se faire un nom dans le milieu. Il a écrit de nombreux textes ayant connu beaucoup de succès, dont « 2 lo koze », Nan On Bouk, Dimansyon Rèv, etc. En 2018, il a signé son premier album de slam intitulé « Métamorphose », une oeuvre très appréciée du public. Un an plus tard, en octobre 2019, il publie son premier recueil de poèmes avec ce titre de fou « 39 », tout simplement. Bien que 39 soit un texte engagé, il le considère comme une porte fermée et qu’on doit l’ouvrir pour entrer dans une autre dimension. Quelques années après, soit en août 2020, il a publié « Zoubka », son deuxième livre. Un livre qui, selon un groupe de psychologues, nous explique-t-il, pourrait servir d’outil de bibliothérapie.

Ansky Hilaire

anskyhil22@gmail.com

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