L’agronome Jacky Duvil fait du changement climatique sa principale préoccupation
6 min readLe jeune agronome Jacky Duvil émet des inquiétudes au sujet des variations du climat et de ses enjeux. Outre les recherches approfondies qu’il effectue dans ce domaine, le scientifique entend également proposer des éléments de solution de manière à mieux amortir les risques du changement climatique dans les pays insulaires, notamment en Haïti.
Né de parents agriculteurs, Jacky Duvil a vu le jour à Juanaria de la commune de Binche, dans le département du Centre. Cadet d’une famille de cinq enfants, le jeune homme dispose d’un esprit curieux, sensible à la recherche. A l’école FOKAL TIPA TIPA, il fait ses études primaires, puis enchaîne ses classes secondaires au Centre Technique Secondaire de Hinche (CTSH). À noter qu’en troisième année fondamentale, ses performances scolaires lui valent une bourse d’études dans le cadre du programme d’accompagnement de la Congrégation des petits frères de l’incarnation (PFI) dans une pension à Dospalais (Hinche).
Jacky Duvil a par la suite suivi un cursus en Agronomie avec une spécialisation en Ressources naturelles et Environnement à l’Université Épiscopale d’Haïti. Il importe de préciser que les sciences de la terre l’ont toujours passionné, lui dont les parents Josner et Milouse Duvil étaient agriculteurs. Il a appris à scruter avec brio ce domaine de la science, ce qui lui a valu de nombreuses bourses d’études, en effet. « J’ai toujours été remarqué pour ma recherche d’excellence depuis mon enfance », a déclaré le jeune agronome.
À la fin de sa licence à l’Université Épiscopale d’Haïti où il était également boursier, Jacky Duvil a obtenu une nouvelle bourse d’études dans le cadre des Bourses d’Excellence du Gouvernement Français et de ses Partenaires (Banque de la République d’Haïti (BRH), Fondation Sogebank, Groupe d’amitié Haïti-France). C’est ainsi qu’il a laissé le pays pour la France où il a fait son Master II en Adaptation au Changement climatique (ACC), pour les mentions Sciences sociales et Sciences de la Terre et des Planètes, Environnement à l’Université Paris-Saclay, établissement de l’Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines (USVQ).
Ses travaux de recherche sur le changement climatique et agricultures
Le spécialiste en ACC, Jacky Duvil, veut se démarquer du lot des scientifiques oisifs qui se laissent aller à la paresse. Il se veut un acteur dans les stratégies à adopter pour faire face aux menaces du changement climatique. Passionné de recherche, le jeune prix du Jury de « Ma recherche climatique en 180 secondes », Jacky Duvil, a expliqué à son homologue écrivain et rédacteur de Le Quotidien News, Ansky Hilaire, comment il est venu à l’écriture. « En 2018, dans le cadre du cours Climatologie et Hydrologie au sein de L’Université Épiscopale d’Haïti (UNEPH), j’ai développé une passion pour le climat et la météo qui m’a poussé à réaliser des travaux de recherche sur le changement climatique et l’agriculture. »
En décembre 2019, il a présenté son premier ouvrage de quatre-vingts pages, intitulé «Stratégies d’adaptation paysannes face au changement climatique dans la commune de Hinche: Cas de Juanaria 1ère section communale». « Je suis l’un des rares jeunes, sinon le premier, à avoir travaillé et soutenu avec succès une recherche sur le changement climatique en milieu paysan et surtout à l’échelle d’une section communale en Haïti », s’est-t-il targué en répondant aux questions de Ansky Hilaire.
La vulnérabilité du chef-lieu du département de la Grand‘Anse ne l’a pas laissé indifférent. Il a en effet consacré une étude de trente-trois pages à la cité des poètes exposée aux risques de catastrophes naturelles. « Cette étude se base sur la vulnérabilité de la ville de Jérémie face aux catastrophes naturelles. C’est un travail qui présente les différentes catastrophes naturelles depuis 1935 avec le cyclone de Jérémiah ou Jérémie jusqu’en 2021 (Jérémie a enregistré depuis 1935 une escalade de tempêtes tropicales, d’ouragans, des inondations et des tremblements de terre de plus en plus forts en fréquence et en intensité », a fait savoir Jacky Duvil, membre du Réseau International Étudiant pour le Climat (Réseau Unic).
« Le manque de gestion environnementale amplifie l’impact des phénomènes climatiques, la pauvreté chronique de la population, aggravée par les catastrophes fréquentes, ne permet pas aux plus pauvres de développer un niveau minimum de résilience qui puisse garantir leur intégrité physique et améliorer leur situation économique et sociale », a constaté M. Duvil. De plus, l’urbanisme de la ville de Jérémie est insuffisant et la gestion territoriale inadaptée à la pression démographique actuelle la rend vulnérable, à en croire l’expert en Adaptation au Changement Climatique, qui avance plus loin que la vulnérabilité de l’écosystème de cette ville tend à s’aggraver en raison du changement climatique et les actions anthropiques.
Il a récemment publié « Perceptions et stratégies d’adaptation des agriculteurs face aux changements climatiques dans la région caribéenne : le cas d’Haïti et de la République Dominicaine », une autre étude qui met l’emphase sur des stratégies d’adaptation des agriculteurs et leurs perceptions du changement climatique. « Elle vise aussi à déceler les différents problèmes auxquels le changement climatique expose l’agriculture dans la région caribéenne, plus précisément en Haïti et en République Dominicaine, en vue de comparer leurs spécificités face au changement climatique et de proposer des stratégies d’adaptation – basées sur la combinaison de leurs savoirs locaux et scientifiques – plus efficaces susceptibles de réduire la vulnérabilité de ces agriculteurs », a précisé le chercheur, Vice-président de Agri-Antillaise, une entreprise de production et de transformation de produits agricoles.
Tout compte fait, Jacky Duvil s’épanouit dans ce monde scientifique qui le fascine tant, en faisant des recherches accompagnées de propositions en qualité d’expert pour un changement de paradigme dans notre gestion du changement climatique en Haïti ainsi que dans les autres États insulaires. « J’ai suggéré, entre autres, que chaque État insulaire fasse un choix crucial, soit aborder le changement climatique de manière séparée, soit tenter de définir une position commune pour se présenter unis aux futures négociations sur le climat et continuer ainsi à faire du changement climatique un vecteur de structuration de leur spécificité insulaire face aux autres États du monde », a fait savoir M. Duvil, Secrétaire de l’organisation et Formateur/Encadreur des agriculteurs sur agricultures et l’environnement au sein de l’Association des paysans de Juanaria (APJUA).
Le natif de Juanaria, Jacky Duvil, qui jouit de l’immense plaisir que lui procure la production littéraire, caresse le rêve de devenir un expert de renom en ACC, et de pouvoir défendre les intérêts des États insulaires dont fait partie Haïti, dans les prochaines négociations sur le climat et de contribuer à la formation de la communauté estudiantine en Haïti. Le mentor au sein de l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV), Paris-France, s’est adressé « aux jeunes Haïtiens dans ce contexte socio-politique si particulier, les encourageant à garder l’espoir et à continuer leurs études pour arriver au sommet. »
Statler LUCZAMA
luczstadler96@gmail.com