À vous l’honneur!
3 min readCette semaine, Haïti a franchi un nouveau palier dans la perspective de la résolution de la crise. Elle a officialisé le remplaçant d’Ariel Henry. Celui qui va faire l’innovante expérience de collaborer avec quatre Présidents en moins de deux ans.
Cette nouvelle étape était cruciale pour la nation qui, malgré les évidences, espère encore que quelque chose peut changer. C’est une occasion en or pour le nouveau Chef de Gouvernement de rentrer positivement dans l’histoire. Lui qui en moins de quinze ans a occupé ce poste prestigieux à deux reprises. Opportunité pour lui de corriger ce qu’il avait mal fait et d’accomplir ce qu’il n’a pas eu le temps de réaliser. Il a son destin entre ses mains.
Est-ce l’homme du moment? On n’en croit pas trop. Mais, il présente le profil de celui, s’il le voulait, pourrait avoir un minimum d’autonomie pour gouverner. Pour esquiver la pression de l’ensemble de jouisseurs qui l’ont supporté avant sa désignation. De mettre sur la table les désidératas populaires. Nous vous accordons le bénéfice du doute.
M. Conille hérite de la Gouvernance d’un pays ravagé par la division, la violence, la corruption entre autres. Il est appelé à diriger une population affamée. À collaborer avec des politiciens et des structures organisationnelles avares. Un pays où deux ménages sur trois à Port-au-Prince n’arrivent pas à manger convenablement.
Le dernier rapport du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a fait état de deux tiers des ménages de Port-au-Prince qui ne mangent pas assez. Il précise que 60% ont connu une baisse dans leur principale source de revenu. Que le panier alimentaire a augmenté de 27%. Dans le rapport précédent, il avait souligné que plus de 5 millions d’haïtiens risquaient la faim.
L’urgence est partout. Le secteur éducatif, principale victime du chaos haïtien est en lambeaux. Le système sanitaire est étranglé par l’action des gangs. Il y a l’urgente nécessité de calmer les ardeurs dans la classe politique et créer des conditions favorables à l’organisation des élections dans le pays en vue du rétablissement des institutions. Vous êtes dans l’obligation de marier efficacité et déficience M. le Premier Ministre. Les trois prochains mois nous diront tout sur votre bonne volonté mais aussi, sur votre maîtrise de la situation.
C’est bien d’être flatté. D’être encensé. Les tweets, les notes pullulent suite à votre désignation. C’est de bonne guerre mais la nation vous attend au pied du mur. Elle est impatiente de voir les premiers indicateurs positifs. Des signaux de la révolte. Le Conseil Présidentiel n’est pas au-dessus de toutes critiques. Personne n’ignore non plus les enjeux sociopolitiques et économiques qui fragilisent cette équipe. Tout comme personne n’est indifférent à l’idée que quelque chose doit changer en Haïti. À vous l’honneur!
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984@gmail