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Ariel Henry rêvait-il d’être le Zelensky des Caraïbes

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La géopolitique nous apporte parfois des déconvenues qui peuvent nous surprendre les culottes baissées.

En fait, avant la réunion de la CARICOM1, la conjoncture indiquait que les voisins étaient réceptifs et que Haïti allait bénéficier des faveurs des César antillais. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada à qui l’Oncle Sam avait confié le « remote control » de la rédemption, était l’invité d’honneur. Les indices des effets pervers du banditisme haïtien sur les îles environnantes se révélaient déjà comme une encombrante épine à extraire des chaussures des membres du groupe, selon les analystes de la région. Toutes les étoiles étaient alignées en faveur de notre Ariel national.

Coup de tonnerre ! Surprise sur prise, la montagne a accouché d’une souris. Notre transitioniste s’est retrouvé le bec à l’eau. Ce fut un échec cuisant, la CARICOM s’est désistée. C’est le retour au bercail sans panache, sans sirène, la queue entre les jambes. Ajustons notre rétroviseur pour saisir l’insaisissable !

Mi-octobre 2019, au départ de la MINUSTHA qui avait englouti près de 6 milliards de dollars dans l’île, j’avais écrit que la prochaine crise n’attendrait pas 4 ans pour montrer ses couleurs. La nostalgie du « Green back » allait donner des ailes aux faiseurs d’évènements. Ils voudraient continuer à ramer dans le beurre.

En effet, on ne pourrait noircir d’un coup de pinceau l’eldorado qui avait pignon sur rue pendant 15 ans. Les oligarques et leurs actionnaires avaient investi des millions dans la construction d’hôtels de luxe et de châteaux des mille et une nuits à offrir aux étrangers et à leur famille. La route de la drogue traversait l’île en chantant. Les contrebandiers tant nationaux qu’internationaux étaient aux anges. La prostitution fleurissait, l’argent coulait à flots. Beaucoup de petits propriétaires louaient leur maison aux travailleurs des ONG et dormaient dans l’arrière-cour. Donc un retour des Yankees était souhaité. Une crise sur mesure sera décrétée pour ramener les dollars sous le ciel bleu de Toma.

Le temps d’y penser, le Président Jovenel est assassiné, les kidnappings se multiplient. Les armes de guerre décorent le pavé. Leurs crépitements annihilent la nonchalance. À chacun son gang. C’est le chaos. Finie la romance !

Entretemps, « le p’tit transit », expression adorée du défunt président, va bon train. Un tweet de l’ambassade des USA a mis la table pour Ariel Henry à titre de Premier ministre. Les gangs ont beau jeu. La police ne fait pas le poids. On étale comme attendu la partition musicale. Ariel appelle au secours et frappe à la porte de l’OEA. Ses courbettes infantilisantes devant le blanc indisposent la nation et la font s’esclaffer. Dans sa posture démesurée, il risque de noircir ses lèvres sur les chaussures fraîchement cirées de ses interlocuteurs. Malgré tout, les interpellés résistent et tergiversent : c’est la valse-hésitation et un soupçon de refus sans le nom.

Entre autres, c’est la guerre en Europe. Un tapis de milliards a été déroulé pour Zelensky, le Président de l’Ukraine. Ariel, en « péteur de tête», se croit en droit d’insister. C’est peine perdue. Vu que la rumeur rapporte qu’il aurait reçu un appel de l’un des assassins de Jovenel dans la nuit du carnage, serait-ce suffisant pour semer le doute et indiquer à ses interlocuteurs étrangers qu’il n’est pas fréquentable ? Le ciel nous le dira.

Par contre, je peux noter que mon pays est un mendiant historique qui ne fonctionne qu’avec l’obole des institutions internationales. Aucun dirigeant ne peut mettre un pied devant l’autre sans présenter sa gamelle au maître blanc. Pour boucler son budget annuel, l’aide étrangère est toujours là à titre de béquilles. Or, à y voir clair, c’est vraiment un puits sans fond, sans garantie de résultat. La face d’Haïti crie toujours famine au point d’irriter les bailleurs de fonds.

Toutefois, j’avais tiré la sonnette d’alarme dans un de mes articles, en parodiant un proverbe burkinabé : « On ne marche pas deux fois sur les couilles de l’aveugle ». C’était une façon de souligner que les donateurs ne sont pas des cons, quant à la masse d’argent évaporée, envolée, au nom de la reconstruction de l’île sinistrée, après le séisme de 2010. Peut-on leur reprocher leur inaction?

De désaveu en désaveu, de courbette en courbette, Ariel se tourne vers les cousins des Antilles : La CARICOM. Il y eut un début d’enthousiasme avant la 44e réunion du 16 février. Notre Premier ministre se voyait déjà en un Zelensky des Caraïbes, récoltant dollars après dollars, aide militaire et policière, etc.

Pourtant, ce fut un « non » sonore et tonitruant qui est venu réveiller notre premier citoyen. Les 15 de la Caraïbe n’ont pas mordu à l’hameçon. Ils prétendent, en chœur, que le problème haïtien est une affaire interne. Les armes ne seront d’aucune utilité. Qu’ils s’entendent entre eux !

Qu’est-ce qui est arrivé ? L’inconstitutionnalité de notre Ariel, la suspicion dans l’assassinat de Jovenel, le pillage systématique des dons antérieurs, l’échec de l’aide étrangère dans ce trou merdique, sont-ils les raisons de la fermeture de toutes les portes devant nous ?

Si oui, notre chien est mort et enterré ! Impossible de remettre le dentifrice dans le tube. Le temps est venu, pour la première fois pour nos dirigeants, depuis Estimé, de gérer la nation sans soutien économique externe. « Ce rèl ka Mac-Orel » !

Max Dorismond

 –NOTES –

1 – La Communauté caribéenne, ou Communauté des Caraïbes en abrégé CARICOM ou CC

2 – « Péteur de tête » : se dit de quelqu’un qui s’illusionne (en créole Aysien)

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