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Au paroxysme de la déchéance

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Hideux, abject, minable…, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce désordre au plus haut sommet de l’État. Pourtant, de l’autre côté, notre étoile nationale continue de faire briller notre Bicolore, avec fierté, honneur et mérite. Quelle représentation subliminale de notre chère Patrie ! Nous ne le répéterons jamais assez, Haïti n’est pas la risée du Monde, car le pays ne se dirige pas, il est dirigé. Lorsqu’on est dirigeant, on aime son pays, on ne le dénigre pas dans des spectacles gratuits, on le défend partout et en tout. Car, à ce niveau, on cherche la gloire, l’honneur et la dignité. C’est valable pour tous les vrais patriotes du monde, les Haïtiens compris.

Selon la Charte des Nations Unies, l’objectif fondamental de cette Organisation est de « préserver les générations futures du fléau de la guerre » et de « proclamer à nouveau sa foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes ». Quelle fierté a-t-on, aujourd’hui, de se précipiter vers le lutrin de cette organisation mondiale qui est dévoyée trop longtemps déjà de son objectif principal et de sa raison d’être ? En tant que membre fondateur de l’organisation, nous avons la légitimité de choisir celui ou celle qui est digne de prendre la parole au nom de cette Nation. Le jeu ne vaut plus la chandelle, car le temps d’Emile SAINT-LOT à la tribune des Nations Unies ne sera plus jamais. Faute d’un Président élu, nous sommes dans un tourbillon de Présidence tournante qui ne marchera jamais et qui se désagrège pour le malheur du pays, comme si toute la malédiction du monde tombait sur nous.

Avez-vous besoin des loupes magiques pour voir que, désormais, l’Organisation mondiale n’existe que pour diriger et sanctionner les petits États, par le biais des missions déstabilisatrices ? Haïti est un exemple type. L’ONU est impuissante et incapable d’empêcher, voire d’arrêter celles en cours. Si pour certains petits États, l’ONU est une tribune de dénonciation des discriminations, par contre, pour les grands, elle n’est qu’un instrument de manipulation et d’assujettissement. Devons-nous citer des guerres multilatérales, mais stratégiquement bilatérales, des guerres à distance entre les États, des guerres racistes, des guerres discriminatoires, des guerres de la faim, des guerres civiles importées, des guerres fratricides provoquées, des guerres épidémiologiques visant à détruire des groupes ciblés, etc. Les guerres se multiplient partout et sous toutes les formes.

Si l’on se réfère au discours du Président de la Palestine Mahmoud ABBAS à la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans le débat général et celui du Premier ministre d’Israël pour la même occasion, on comprendra que la gifle donnée à la fierté du peuple haïtien n’était pas nécessaire. Deux délégations pour représenter un seul pays ! Formule indigne pour ce grand pays. On comprendra aussi que seule la fin du Monde mettra fin à  la guerre Israelo-Palestienne, sous les yeux impuissants de l’ONU. Le Premier ministre d’Israël, Benyamin NETANYAHOU,  dans son discours, a déclaré que l’Organisation mondiale était une farce, mais une convoitise pour l’homme d’État haïtien pour conspirer l’un contre l’autre. L’État est un et indivisible, délégation sur délégation ne vaut. D’ailleurs, c’est du gaspillage d’argent dans un pays où  les gens continuent de mourir de faim au quotidien, où le droit à la libre circulation est interdit aux Haïtiens  depuis des années. Avez-vous conscience de la situation honteuse des infrastructures du pays au moment où vous vous faites prendre en photo dans des endroits attrayants dans d’autres pays ?

On doit le reconnaître, contre toute attente, vu les conditions dans lesquelles il a voyagé, le Président Edgard LEBLANC Fils, dans les tribunes des Nations Unies, a redonné une certaine fierté aux Haïtiens de partout. Les yeux dans les yeux, il a dit à la face du Monde ce que les Haïtiens voulaient et veulent entendre de leurs dirigeants. La performance du discours de son Excellence est de qualité, il a fait montre d’un homme d’État de caractère, à l’instar de celui du Président de El Salvador, Nayib BUKELE. L’égal n’a pas d’autorité sur son égal. L’ONU devrait garantir cette égalité, dans le respect de la souveraineté de chaque État. Après ce discours du Président Leblanc aux Nations Unies, les Haïtiens qui résistent encore au pays, qui ne font que survivre, attendent des actions, car, contrairement au Salvador, en Haïti les gangs sont encore très puissants, aucun territoire perdu n’est encore récupéré. Le porte-à-porte ne marchera jamais, le pays continue d’avoir peur, les citoyens sont aux abois. Contrairement aux autorités du pays, les chefs de gangs passent de la parole aux actes. Ils annoncent des massacres, ils les réalisent comme pour respecter une promesse.

Sans aucun doute, on aurait fait un grand tort à la République d’Haïti, si l’ordre de prendre en charge la sécurité de la deuxième délégation conduite par le Président Leblanc n’était pas donné par le Département d’Etat américain. Selon plus d’un, ce discours est le premier acte de satisfaction de cette transition aux yeux du peuple haïtien. De la parole, nous voulons passer à des actions concrètes à la dimension de ce discours. « Haïti ne cherche pas la charité mais le respect, la justice et la dignité. Haïti ne fait que payer sa hardiesse pour avoir osé donner le goût de la liberté aux autres », a déclaré Edgard LEBLANC Fils, aux tribunes des Nations Unies. Un discours de satisfaction pour les Haïtiens qui souffrent dans leur chair et dans leur âme, mais aussi et surtout dans leur dignité de peuple. C’est dans le malheur qu’on reconnaît les vrais amis d’Haïti. Quel devoir de gratitude du Président colombien, Gustavo PETRO, vis-à-vis d’Haïti ! Tapis rouge pour recevoir le Président colombien qui annonce sa venue prochaine en Haïti, pour rendre hommage au peuple haïtien et lui exprimer tout son soutien face à sa  pauvreté. Pourtant, les richesses d’Haïti continuent, avec la complicité des traîtres nationaux, d’être pillées.

On ne le redira jamais assez, Haïti a fait l’une des plus grandes révolutions du Monde. C’est ce prix que nous continuons de payer, à cause des dirigeants en transit à la tête du pays. Nous profitons de cette laideur « Pile ou face, Face ou pile », indigne à ce grand pays qu’est Haïti, pour rappeler à chacun que cette nation a donné la leçon de liberté au Monde. « En proclamant l’Indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804, le Général Jean Jacques DESSALINES, Père fondateur de notre Patrie, a donné aux droits de l’Homme leur caractère universel ». Juste un discours, il y a une certaine satisfaction, le peuple n’est pas dupe pour autant. Ce n’est pas la fin du Monde, les dirigeants peuvent toujours se rattraper. Entretemps, nous donnons cette information aux autorités du pays, à savoir que depuis trois mois environ, il y a onze (11) containers remplis d’équipements destinés aux forces de l’ordre, à la douane. Les citoyens haïtiens ont-ils le droit d’avoir des explications et des éclaircissements sur cette affaire ?

« Je suis très pauvre parce que j’eus le souci constant de représenter notre patrie et notre race à la Cour Saint-James avec la probité la plus pure, c’est-à-dire sans songer à faire des économies sur mes appointements », (), Louis-Joseph JANVIER, cité par Alain GUILLAUME, Les cahiers de la Chaire Louis-Joseph JANVIER sur le constitutionnalisme en Haïti, vol.1, N01, juillet-décembre 2014, p-15. Sachez que notre Patrie, c’est Haïti, et notre race, c’est la race noire. Louis-Joseph JANVIER, dans sa probité d’homme d’État, préférait le bien immatériel au bien matériel pour pouvoir représenter dignement et fièrement sa patrie. Nous ne vous demanderons pas d’être très pauvres, voire pauvres, à l’instar de Louis-Joseph JANVIER qui a fini dans la misère, mais de moraliser l’administration publique, en y faisant une gestion saine et transparente, dans un pays où la faim et la misère tuent au quotidien. Ne dit-on pas que science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

Dès son premier match de la saison, Melchie, notre Corventina nationale, comme d’habitude, a brillé et continue de faire briller notre Bicolore. Avec deux buts inscrits et une performance digne de son nom, elle est élue joueuse du match. Alors qu’elle reçoit son trophée avec fierté, honneur et dignité, de l’autre côté, on parle de laideur et de l’indignité, car on devait faire un choix entre les deux délégations d’Haïti. Pour éviter un tel affront à l’avenir, il revient à ce grand peuple de choisir librement ses dirigeants pour le représenter partout et surtout là où Emile SAINT-LOT a laissé des traces indélébiles. Malgré les dirigeants, Haïti restera debout, en toute dignité. Dès notre premier texte visant à donner des conseils pour sauver le pays de l’abîme, nous avons émis des réserves quant à la réussite de cette formule bizarre dans un pays comme Haïti. Dans l’euphorie, le discours prononcé au nom d’Haïti, nous a soulagés dans notre dignité de peuple, au point où la participation à la Francophonie est refusée au Président qui a dû rentrer plus tôt au pays. On ne se rend même pas compte que le Président a parlé de dette morale.

La constitution haïtienne du 22 Novembre 1946, représente le premier instrument juridique national à prévoir une juridiction spéciale en habeas corpus. Le sénateur Emile SAINT-LOT fut signataire de cette constitution. L’on comprend pourquoi il se trouva aux côtés de la First Lady des États-Unis, Mme Eleanor ROOSVELT pour signer la Déclaration historique de Droits de l’Homme à Paris. Ce triple professionnel, avocat, agronome et journaliste qu’il fut, Saint-Lot, sans se faire du souci de ce que pensaient les puissances occidentales, à leur grande surprise, vota contre l’occupation italienne en Libye, le 17 mai 1949, à l’ONU. C’est aussi le vote d’Émile SAINT-LOT aux Nations Unies qui a permis à Israël de prendre son indépendance, le 14 mai 1948. Et comme cerise sur le gâteau, le lobbying de ce grand Haïtien auprès de plusieurs pays francophones, a fait de la langue française l’une des langues de travail aux Nations unies. Fierté, honneur et mérite, diraient les gens de bien.

Ce parcours extraordinaire et élogieux de ce digne représentant d’Haïti nous montre que dans le passé, le pays occupait une place importante sur la scène internationale dans les prises de décision au niveau mondial. Saint-Lot considéra les autres signataires de la Déclaration des droits de l’Homme comme ses égaux, il n’avait pas la folie de se faire prendre en photo avec eux pour se faire un nom. Pourtant, au 21e siècle, en Haïti, si on dit que le Blanc a menti, même si c’est une vérité qui saute aux yeux, l’auteur de l’article, qu’il soit dans le public, qu’il soit dans le privé, sera tout simplement viré de ses fonctions, de manière malhonnête et indécente, juste pour plaire au Blanc qui se fâche. Feu Président Jovenel MOISE, dans son discours d’investiture, a dit qu’il allait retirer l’État dans la boue. Aujourd’hui, on est en droit de se demander si cet État, n’est pas enterré sous cette boue et se trouve dans un état de décomposition.

« Je suis désolé pour ce que je vais vous dire. Je ne vais pas parler en mon nom personnel. Mais au  nom de l’ensemble de la communauté internationale…Comme vous le savez, nous sommes très préoccupés par les résultats des élections… Nous voulons vous dire que nous n’acceptons pas que M. Jude CELESTIN soit présent au deuxième tour du scrutin, voire qu’il soit gagnant au premier tour », a déclaré Edmond MULET, ancien représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Haïti. Comme nous le savons tous, c’est la volonté de cette communauté internationale qui a triomphé au mépris des votes des citoyens, avec les résultats que l’on sait. Quelle ingérence outrancière dans les affaires intérieures du pays ! Il est temps que les Haïtiens se mettent ensemble, en dépit de leurs divergences politiques, pour la cause nationale. Ce 11 septembre 2024, aux États-Unis, le Président Joe BIDEN se trouve au milieu des deux candidats farouchement opposés, pour envoyer ce signal au monde : le pays d’abord, en dépit de leurs divergences politiques. C’est cet exemple que les politiciens haïtiens doivent  suivre pour l’intérêt national.

Si cette volonté imposée par cette communauté internationale, avec une telle arrogance, passe comme une lettre à la poste, il faut croire que la déchéance est à son paroxysme au timon des affaires de l’État. L’inacceptable comme l’inadmissible, l’intolérable comme l’inconcevable, tout passe sans la moindre résistance dans le pays des Héros de l’Indépendance. En mars 2024, nous avons été témoins, non sans déception, du pèlerinage aérien d’un Premier ministre haïtien. Cette situation qui devrait soulever la colère de toute la nation, a pourtant, laissé le peuple indifférent, car ce Premier ministre était le représentant de l’international, au lieu d’être celui des Haïtiens. Honte et déshonneur, dans la poubelle de l’histoire ! Des dignitaires dépouillés de la dignité que leurs fonctions leur confèrent, c’est comme des colis encombrants, des funérailles sans dépouilles auxquelles on est habitués en Haïti depuis le règne des gangs armés.

L’autorité de l’État doit inspirer confiance pour que le respect des citoyens soit un devoir civique. Le dignitaire doit être digne d’être respecté et sa voix doit faire autorité auprès de ses concitoyens. Lorsqu’on a la qualité de haut dignitaire de l’État, c’est une lourde responsabilité, on est le miroir pour les citoyens, le rétroviseur pour les conducteurs. Ainsi, l’on doit avoir des conseillers désintéressés qui disent la vérité qui dérange le chef pour le bien-être de la collectivité.

Nous tenons à faire ce rappel pour l’histoire. Le Bicentenaire de notre Indépendance qui devrait être la plus grande commémoration du 21e siècle dans le Monde, n’a malheureusement pas eu lieu, à cause de l’incompréhension et de la trahison de certains. Depuis, les fêtes nationales, le 18 mai (Fête de Drapeau), le 17 octobre (assassinat de Dessalines, Père fondateur de la Nation), le 18 novembre (Bataille de Vertières), passent comme une lettre à la poste, à cause de la politicaillerie des uns et des autres. Le premier janvier n’est pas un simple nouvel an pour le peuple haïtien, c’est la Fête de notre Indépendance. Fêtons-la grandement pour redonner de la fierté aux Haïtiens. Les adversaires politiques ne doivent pas prêter le flanc aux ennemis de la Nation qui en profitent pour nous diviser, en vue de mieux piller et voler nos richesses, jusqu’ici inexploitées.

On a presque tous en mémoire la dignité avec laquelle on organise les funérailles des chiens policiers, des chevaux policiers dans certains pays étrangers, dont les États-Unis d’Amérique. Au Chili, c’est connu de tous, c’est comme une chanson dans la bouche des citoyens : « Matar a un policia es matar al Chile », ce qui se traduit par « Tuer un policier c’est tuer le Chili ». Les protecteurs des citoyens doivent être protégés, à leur tour. Je ne vais pas mourir, disait « 07 » à ses frères d’armes. Pourtant, au grand dam de ses collègues policiers, de ses parents et de ses amis, la vie de ce brave policier est banalisée, comme celle des citoyens ordinaires, dans l’indifférence totale des dignitaires de l’État. Ce guerrier de la bonne cause ne se voyait pas mourir, mais c’était sans compter sur la diligence de l’État. Il n’était même pas nécessaire de l’amener, en toute urgence, en République dominicaine, à Cuba, en Floride, pour se faire soigner, des médecins haïtiens, qualifiés et compétents pouvaient lui sauver la vie. Une politique publique de santé est une obligation de l’État.

De la pourriture à la décomposition, les forces étrangères ne feront que consolider la descente aux enfers du pays. Nous avons déjà fait trop d’expériences dévastatrices. La révolution haïtienne, l’une des plus grandes de l’histoire de l’humanité, dérange et continuera de déranger. C’est le prix à payer. Seuls les policiers et militaires haïtiens conscients, dignes et honnêtes, peuvent sortir le pays de l’ornière des gangs armés. Oublions ce que disent les politiciens étrangers, ceux que Jean Luc HEES a déjà qualifiés  de psychopathes qui nous gouvernent. Les Haïtiens doivent faire converger leurs divergences politiques pour résoudre les problèmes du  pays, comme c’est le cas dans presque tous les pays. Ces étrangers que vous sollicitez, viendront consolider la fédération des gangs qui, pour eux, est une bonne chose pour Haïti.

Au lieu de s’en prendre aux étrangers qui dénigrent les Haïtiens, à tort et à travers, au lieu de faire une pétition contre les propos discriminatoires et racistes contre les Haïtiens, il serait mieux de nous unir pour exiger des dirigeants la redevabilité, la reddition de comptes, la moralisation de la fonction publique. Après le discours subliminal du Président Leblanc aux Nations Unies, nous espérons que les  Haïtiens seront traités dans leur pays comme des êtres humains, afin qu’aucun autre diplomate puisse faire les mêmes déclarations de Denis PARADIS. On se le rappelle, en 2003, il a dit : « Si les autorités canadiennes traitaient les animaux comme les autorités haïtiennes traitent les Haïtiens, on les mettrait en prison ». Il ne fait aucun doute,  qu’en 2024, plus de vingt ans après, il dirait pire que ça s’il était témoin des conditions de vie des Haïtiens. Dénoncer les propos discriminatoires, racistes et haineux des étrangers contre les Haïtiens, c’est bien, mais le mieux serait de permettre aux citoyens de vivre dans la paix, dans la sécurité et en dignité dans leur pays.

Face à ce constat alarmant, une question pour les dirigeants s’impose : Pour combien de temps les Haïtiens seront-ils contraints de quitter le pays, pour aller vivre l’enfer dans l’indignité chez les autres ? Après ce vibrant discours du premier citoyen de la Nation à l’ONU, le Président Leblanc aura fort à faire pour garder toute cette sympathie  des Haïtiens qui, d’ailleurs, ne sont pas trop exigeants vis-à-vis de leurs dirigeants. Nous voulons vivre dans notre pays, les territoires perdus doivent être récupérés. Les établissements scolaires, les maisons d’affaires, les centres commerciaux, les hôpitaux fermés, pillés et/ou incendiés, jusqu’à aujourd’hui, se trouvent dans le même état. Une autre question : Dans combien de temps, les Présidents du pays siégeront-ils au Palais national, même symboliquement ?

Et les bâtiments publics, quand seront-ils récupérés aux mains des bandits, en particulier le Palais de Justice de Port-au-Prince ? La formule « porte à porte, quartier par quartier » ne fonctionnera jamais. Aux grands maux les grands remèdes pour reprendre les territoires perdus. Nous en avons assez. Vous avez fait seulement un discours satisfaisant depuis votre accession au pouvoir, Monsieur le Président, celui du 26 septembre 2024. L’effet de ce discours ne fera pas long feu si rien n’est fait pour que les Haïtiens puissent vivre en toute sécurité dans leur pays. Il faut passer de ce discours extraordinaire à des actions concrètes, visibles et utiles à la nation, car le peuple n’est pas dupe, il ne l’a jamais été, d’ailleurs. Le dernier film d’horreur au bas de l’Artibonite qui était annoncé et qui est sorti dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024, l’avez-vous vu ? Quelle comparaison faites-vous entre la déportation des Juifs entre 1941 et 1942 en Allemagne et la déportation des Haïtiens en 2024 en République dominicaine ? Juste une question, parce que vous parlez de l’intérêt national dans votre discours du 7 octobre 2024, Monsieur le Président.

En Haïti, nous avons le malheur d’avoir des dirigeants qui sont de passage, en transit, dont la famille ne vit même pas au pays. Arrêtez cette hypocrisie. Les Haïtiens seront bien accueillis et considérés dans les pays étrangers, lorsque les dirigeants haïtiens auront traité leurs compatriotes comme des êtres humains, avec dignité et respect. Le crime le plus abominable qui soit, pire que l’esclavage, est celui de tuer l’espoir de tout un peuple à vivre dans son pays. Haïti, terre de liberté, ne doit pas être l’enfer pour ses enfants. Mesdames, Messieurs, les autorités, faites quelque chose pour au moins soulager les souffrances des populations. Comme les héros et héroïnes de l’Indépendance, vous pouvez aussi faire l’histoire de manière positive. Aucun dirigeant n’est obligé d’être un fléau pour son peuple, ni de finir dans la poubelle de l’histoire.

De la pourriture à la décomposition d’un cadavre,  quel soit celui d’un Noir ou d’un Blanc, d’un pauvre ou d’un riche, d’un analphabète ou d’un intellectuel, d’un homme ou d’une femme, d’un religieux ou d’un athée, son odeur nauséabonde suffoque et est insupportable pour tout le monde. Il faut faire en sorte d’éviter l’état de décomposition au pays, car nous sommes au stade de pourrissement par cette politique de décadence. Nous ne voulons plus compter au quotidien les cadavres des innocents sous le bruit de vos sirènes qui n’ont d’utilité que dans le dérangement de la tranquillité des citoyens. Utilisez, de préférence, vos sirènes pour déranger les criminels qui continuent de terroriser la population, en toute quiétude.

Encore des rappels historiques, afin que nul n’en prétexte ignorance. Dans la  tête des théoriciens du racisme, tout ce qui est noir est laid, méchant, satanique, pauvre. Le Code noir promulgué en France par Louis XIV en mars 1685, pour réglementer l’esclavage, en est la preuve. Le fameux article 44 du Code noir, disposa : « Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté […] ». C’est tout simplement une perte de temps de s’étonner des propos racistes et discriminatoires des psychopathes qui se glorifient de leur état démentiel et qui font l’apologie de tout ce qui est contre les Noirs, notamment les Haïtiens. « Le code noir, c’est la barbarie codifiée, c’est le crime contre l’humanité légalisé », (), Jacques VERGES, Dictionnaire amoureux de la justice, Plon, 2002, p-144. Aujourd’hui, cette barbarie existe encore à travers le monde, sous d’autres formes.

Dans sa pensée démentielle de croire que la race blanche était supérieure aux autres races humaines, Joseph Arthur Gobineau a écrit son essai sur : « De l’inégalité des races humaines », paru en 1853. Alors qu’il n’a eu que 3 ans lorsque Gobineau a sorti son discriminatoire essai, l’éminent intellectuel haïtien, Anténor FIRMIN répondît, avec manière et dextérité, à celui qui allait être considéré comme le grand-père du racisme. L’illustre avocat et diplomate haïtien que fut Firmin, en 1885 à Paris, où il représenta dignement la diplomatie haïtienne, pour donner une réplique à cette œuvre raciste, écrivait, « De l’égalité des races humaines », qui fut, sans aucun doute, un plaidoyer en faveur de la race noire. Seule l’union des Haïtiens pour Haïti peut sortir le pays de ces ornières meurtrières.

Entre la banalisation de la vie, les traitements inhumains et dégradants infligés par les dirigeants haïtiens aux Haïtiens et les propos racistes et discriminatoires des étrangers à l’endroit de nos compatriotes, lesquels ont causé plus de torts à notre fierté et notre dignité de peuple ? Il est encore possible de sauver la Nation haïtienne, cette grande Nation qui a fait l’une des plus grandes révolutions du Monde. Sachez qu’Haïti a donné des grands hommes au Monde, Haïti a de grands hommes, Haïti aura toujours de grands hommes.

La charité déshumanisante dans l’indignité la plus criante que constituent les miettes offertes à Haïti, soit quelques boquittes, quelques motocyclettes, quelques kits alimentaires, quelques dizaines de millions de dollars, pendant qu’ils se solidarisent avec les autres en toute dignité et respect, est tout simplement humiliante pour la grande nation haïtienne. Il est encore temps de nous ressaisir.

Du 7 mai, on passe au 7 octobre. On passera du 7 mars au 7 août et du 7 août on reviendra au 7 février. Si c’était une entente entre les membres de « Vivre-ensemble », on aurait la garantie que les dates seraient respectées et qu’on aurait un Président élu et qui siègerait à la résidence officielle de la Présidence. Du Villa d’accueil, les Présidents du Conseil de transition occuperaient leurs bureaux au Palais national s’ils avaient l’humilité et la sagesse de bien négocier avec les hommes forts de la fédération. Qu’il s’agisse d’une passation ou d’une installation, ce qui est essentiel, nous avons pris acte de ce que le nouveau Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) déclare prendre la mesure exacte de la situation dans laquelle le pays est enlisé…l’heure est grave. Comme s’il était nouveau au Conseil, il avance : Le peuple haïtien a besoin d’espoir et surtout de la sécurité pour vaquer librement. Nous en profitons pour dire au premier citoyen de la Nation que la sécurité est le premier des biens de l’homme et que depuis plus de cinq ans, ce bien n’existe plus pour beaucoup d’Haïtiens. Prioriser l’intérêt national, cette phrase considérée comme une petite blague, est sortie de la bouche du Président. Le fait de fermer les yeux sur la déportation déshumanisante des Haïtiens en République dominicaine, fait-il partie de l’intérêt national, Monsieur le Président ? Nous réclamons et exigeons dignité, honneur et respect pour les Haïtiens et pour Haïti.   

Jean Barnave CHERON, citoyen-patriote, avocat

jeanbarnavecheron@gmail.com

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