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Avons-nous un pays de rechange ?

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Nous constatons tous la descente aux enfers du pays. Notre attitude indifférente semble présupposer qu’il y aura assez de canots pour nous sauver chacun. On s’en fout que le Président, selon ses opposants, viole indélibérément la Constitution haïtienne. On s’en fout qu’il veuille la changer de n’importe quelle manière.

Le Parlement est caduc de la plus mauvaise des manières. Le pays est dirigé par décrets. La PNH est politisée (rapport du SKL), les gangs fédérés massacrent la population civile à longueur de journée. La police, auxiliaire de la justice, laisse circuler en toute liberté des personnages activement recherchés par la justice. Ce qui prédomine, c’est la bataille pour l’accaparement du pouvoir.

Plus encore, le phénomène du kidnapping qui fait la rage depuis la fin de l’année dernière est loin d’être combattu. Tous les secteurs en sont victimes. Certains cas d’enlèvement ont fait scandale, dommage, c’est comme si l’on cherchait à s’y adapter. Des notes de protestation, des manifestations isolées, des arrêts de travail, et c’est tout. Parallèlement, la peur envahit la population. Les familles sont décapitalisées. Les autorités ne font rien pour montrer qu’elles sont interpellées.

En fait, tous les indicateurs montrent que le pays est pour l’heure invivable. Cependant, la prise de conscience nécessaire pour réclamer notre dignité de peuple est, semblerait-il, loin de stimuler les forces vives de la nation. Les politiques attendent les conclusions de la communauté internationale, le peuple attend une intervention de l’État, la situation répugnante quant à elle, reste telle qu’elle.

On n’ignore pas pour autant les soulèvements populaires. Les grandes manifestations de rues. Les voix isolées qui crient au scandale. L’appel au changement. Cependant, malgré ce constat que le pays va mal, les idées et arrière-pensées mesquines demeurent prédominante. On se comporte comme le font les crabes. On affiche un comportement d’opportuniste irrationnel.

À ce stade où nous sommes, il ne fait aucun doute qu’il nous faut un consensus général. Les sauvetages mesquins ne peuvent rien apporter. Le « sauve-toi toi-même » n’est plus de mise puisque nous sommes condamnés à vivre ensemble sur cette terre.  Fuyez votre terre natale, vous y serez toujours des étrangers. Fort de ce qui précède, il n’y a aucune autre solution que celle d’arriver à cette entente tant prônée.

Il n’est pas possible de détruire autant ce pays par nos agissements malsains. Chacun à d’une façon ou d’une autre a créé une brèche dans le bateau. Nous avons commencé par saboter les canots de sauvetage. Maintenant est venu le temps de tout réparer sinon, on finira tous au fond de l’océan où nos préjugés ne serviront à plus rien. Nos richesses seront dispersées. Nos statuts sociaux seront dévorés par les poissons de la mer et l’eau salée de l’étendue nous étouffera tous. Donc, cessons la destruction et réparons ensemble ce qui est encore réparable.

Daniel Sévère

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