Cambiste en Haïti, une profession désordonnée !
3 min readAu regard de la loi du 14 mai 2012 portant sur les banques et autres institutions financières, la profession de change communément appelée CAMBISTE est réglementée, contrôlée par la Banque de la République d’Haïti (BRH). Cette dernière supervise aussi les agents de change pour vérifier qu’ils mènent leurs activités de manière saine et prudente et elle les sanctionne en cas de manquements aux lois et règlements constatés lors de ses contrôles. Mais, en Haïti, c’est un secret de polichinelle que la profession de cambiste est débrouillarde, anarchique.
L’agent de change appelé CAMBISTE n’est autre qu’un professionnel des marchés de change où se traitent des affaires concernant les monnaies étrangères. Toutefois, l’agent de change doit nécessairement disposer d’un bureau déclaré auprès de l’autorité de supervision, et affecté uniquement à cette activité selon une circulaire de la BRH.
D’une manière générale, être cambiste, c’est d’abord avoir l’aptitude de gérer les transactions concernant les devises dont il a la charge, car son objectif principal c’est de dégager des bénéfices pour sa société et ce, par toute une série de tactiques.
Dans certains pays, le métier de cambiste a une valeur considérable ; il requiert un niveau de savoir élevé, comme par exemple en Europe, plus précisément en Belgique. Pour devenir cambiste, les formations recommandées pour la pratique de ce métier sont : Master en gestion de l’entreprise, Master ingénieur de gestion, Master ingénieur commercial, etc.
Mais ce n’est pas tout. Pour exercer ce métier, les cambistes doivent spéculer et donc anticiper les mouvements des monnaies. Les variations sont en relation directe avec les actualités économiques et politiques du pays concerné, c’est pourquoi il est en relation permanente avec les grandes places financières mondiales.
En Haïti, les choses sont différentes, la majorité des cambistes ne respectent pas les taux de référence indiqués par la Banque de la République d’Haïti (BRH), ils choisissent leur propre taux de change pour faciliter une augmentation substantielle du patrimoine.
C’est un métier à problèmes, un métier que n’importe qui peut exercer , il suffit juste d’avoir une forte somme d’argent. D’ailleurs, si on constate la façon dont on exerce ce métier en Haïti, on peut déduire que tous les commerçants et les boutiquiers sont des cambistes sans avoir connaissance des risques et conséquences qu’ils encourent.
En dépit de tout, malgré ce climat d’insécurité intense que nous vivons quotidiennement, on trouve des cambistes partout en Haïti. Ils s’exposent au vu de tout le monde avec souvent des liasses de billets de toutes sortes à la main : Gourde, Pesos, Dollar canadien, Dollar américain et Euro. Ils se positionnent toujours dans les zones d’affaires, près des supermarchés, ou près des marchés publics, au coin de certaines pompes à essence, dans les grands carrefours, devant les banques commerciales, etc.
Leur quotidien est très compliqué et risqué, leurs vies sont toujours en jeu et menacées par des malfrats cupides, sans foi ni loi, parfois ils sont même tués. Pour eux, chaque jour nécessite une surveillance attentive et soutenue car en une fraction de seconde ils peuvent être dévalisés.
Pour assurer leur protection, certains d’entre eux possèdent des armes à feu, d’autres choisissent des lieux sécurisés comme près des postes de police, ou près des agents de sécurité des pompes à essence.
Vouloir devenir cambiste en Haïti demande du courage car les enjeux sont énormes ; il y a des hauts et des bas. Certains moments peuvent être bénéfiques et d’autres désavantageux comme lors de la chute brutale du dollar que l’on vient de vivre. En l’espace d’un mois et de quelques jours, la gourde s’est en effet considérablement appréciée par rapport au dollar. Cela a provoqué une véritable panique dans le milieu qui redoute des pertes lourdes.
Baby Stanley PIERRE.
Bon