Comment se portait le système bancaire haïtien au 30 avril 2023 ?
4 min readLa Banque de la République d’Haïti (BRH) par une Note sur la Politique Monétaire pour le 3e trimestre de l’exercice fiscal 2022-2023 a fait savoir qu’entre octobre 2022 et avril 2023, « le système bancaire a généré un produit net (PNB) totalisant environ 23,94 milliards de gourdes, soit une progression annuelle de 2,2 %, reflétant l’évolution de ses deux composantes, les revenus nets d’intérêt et les autres revenus », lesquels se sont accrus au cours de la période considérée.
« Étant donné la croissance plus prononcée du produit net bancaire par rapport à celle des dépenses d’exploitation, le bénéfice net cumulé sur la période a atteint 7,3 milliards de gourdes contre 6,12 milliards de gourdes un an plus tôt, soit une progression de 19 % », précise la BRH à travers la Note en affirmant par ailleurs : « au niveau des ratios de rentabilité, le rendement de l’actif (ROA), en termes cumulés, a crû, passant de 1,86 % sur la période d’octobre 2021 à avril 2022 à 2,56 % au cours de la même période de l’exercice en cours. Le rendement des fonds propres (ROE) s’est également accru, se fixant à 35,89 % pour le cumul des sept premiers mois de l’exercice 2022-2023, contre 24,49 % un an plus tôt ».
Toutefois, la Banque Centrale a fait savoir que l’analyse de la structure financière montre une relative stagnation du poids de l’avoir des actionnaires dans l’actif, avec un ratio passant de 7,31 % en mars 2023 à 7,14 % au terme du premier mois du trimestre sous étude. « De même, le ratio « dépôts en pourcentage de l’actif », évalué à 82,43 % en mars 2023, a atteint 82,26 % au 30 avril 2023 », explique-t-on. Eu égard aux opérations d’intermédiation financière, la BRH souligne qu’elles «ont fait ressortir un renchérissement du crédit en gourdes et une moindre rémunération des dépôts ». « Au 30 avril 2023, les taux d’intérêt moyens sur des prêts en gourdes se sont établis à 20,06 % contre 10,21 % au trimestre antérieur alors que, sur les dépôts, ils se sont portés à 0,76 % contre 1,56 % », indique la BRH en mentionnant « conséquemment, le crédit net en monnaie nationale a crû de 0,79 % par rapport au deuxième trimestre pour s’établir à 67,38 milliards de gourdes au 30 avril 2023.
Par contre, sur la période sous étude, le portefeuille de crédit net global a enregistré un repli de 2,72 % pour atteindre 155,23 milliards de gourdes ».
L’appréciation de la gourde face au dollar américain !
L’appréciation de la gourde face au dollar américain se stabilise ces jours-ci, semble-t-il. À cela s’ajoute le fait que « la baisse des dépôts (2,1 %) et crédits en dollars (3 %) sur la période ont permis d’observer un léger repli des ratios de dollarisation du système», selon la Banque Centrale qui souligne que « les dépôts en devises converties en pourcentage des dépôts totaux équivalent à 72,32 % en avril contre 72,73 % au trimestre antérieur. Le ratio « portefeuille de prêts nets en devises converties en pourcentage des prêts nets totaux » s’est fixé à 56,59 %, soit 1,52 point de pourcentage en moins par rapport au premier trimestre de cet exercice ».
Coup d’œil sur les statistiques bancaires
Les statistiques bancaires disponibles au 30 avril 2023 font état d’une évolution mitigée des indicateurs financiers dont l’actif du système, le produit net bancaire et la rentabilité, d’après la BRH. «[…] L’actif du système a diminué de 1,1 % par rapport au trimestre précédent pour s’établir à 692,82 milliards de gourdes. Ce recul est attribuable à la régression du portefeuille net (-2,7 %), des bons du Trésor (-14,6 %) et de la liquidité (-0,3 %)», a-t-elle ajouté.
S’agissant des ratios clés du système bancaire, la BRH affirme que « leur analyse a fait ressortir une détérioration de la qualité du portefeuille du crédit avec une augmentation de 2 points de pourcentage du coefficient d’arrérage qui s’est porté à 11,8 % au 30 avril 2023 contre 11,13 % en mars 2023 ». Parallèlement, affirme-t-elle, le ratio « provisions pour créances douteuses en pourcentage des prêts improductifs » a diminué de 2,59 points de pourcentage à 57,01 % ».
Quelles sont les perspectives pour la fin de l’exercice ?
Selon les prévisions de la BRH, les perspectives de l’économie haïtienne pour la fin de l’exercice dépendront d’un ensemble de facteurs, dont l’évolution de la situation socio-politique et sécuritaire, les impacts potentiels de la saison cyclonique sur le secteur agricole et finalement, la poursuite de la baisse de l’inflation chez les principaux partenaires économiques et financiers du pays. « L’amélioration du climat socio-politique et des conditions de sécurité seront déterminantes pour le renforcement de l’activité économique, l’évolution des recettes publiques et la réduction des pressions sur les prix des biens, liées aux coûts de transport », indique la BRH qui souligne parallèlement que « dans le cas d’une saison cyclonique active, la performance du secteur agricole et la disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés locaux pourraient être affectées ».
De surcroît, la prolongation de la décélération de l’inflation à l’échelle internationale pourrait, d’une part, contribuer à réduire la facture des importations et atténuer, en même temps, les pressions inflationnistes liées aux produits importés entrant dans la constitution de l’indice des prix à la consommation (IPC), prévient la BRH.
Jackson Junior RINVIL