Complot !
4 min readTout s’envenime en Haïti. Après 23 ans de lutte pour expérimenter le système démocratique, la nation n’a récolté que trahison, libertinage, despotisme dissimulé, ingérence internationale, insécurité, fuite des cerveaux, émigration massive, gangstérisme, mépris pour les valeurs, banalisation de l’importance de la vie, affaiblissement des institutions, violation systématique de la Constitution, occupation rampante, misère, instabilité politique, dégradation environnementale accélérée, désespoir, etc. À tout cela le manque de courage et la tendance obsessionnelle à être chef que des compromissions dans le mal.
Une sorte de complot a tout provoqué. Pas seulement après le règne duvaliériste. C’est un piège qui a traversé les siècles. Issu de l’esclavage, ce complot historique a fait partir en fumée le projet de dignité commencé par Toussaint Louverture, concrétisé par Jean-Jacques Dessalines. Ce dernier, voulant conférer de la grandeur à cette nation a payé de sa vie son manque d’égard vis-à-vis des puissances coloniales. Ententes en cachette, construction d’un système de symbolisation du noir, nouveau libre, le père de la patrie est renversé par ses compagnons d’armes. Débute du coup le cercle infernal haïtien.
Hégémonie militaire, politique de doublure, occupation, la domination internationale a pris plusieurs formes. Les leaders haïtiens serviles ont vendu leur âme aux Blancs. Tous veulent devenir chefs, tous veulent devenir riches, la politique s’emblerait-il est l’unique moyen et, pour parvenir à cet objectif, la bénédiction, entre autres, des USA est incontournable. Les Américains définissent la période à laquelle doivent se tenir des élections dans le pays, ils décident de l’issue des joutes électorales, ils planifient la durée de l’instabilité politique dans le pays (pays lock de 2019), la durée du mandat présidentiel, les orientations des transitions, entre autres. Bref, ils contrôlent tout comme si les Haïtiens, qui adorent tellement être commandés pour ensuite imposer leur diktat sur les plus faibles, sont de vils objets ou robots agissant selon leurs instructions.
La nation haïtienne devient l’expression vivante du capitalisme le plus brutal. Les gens sont forcés d’entrer dans un système d’échelle. Où le plus faible supporte la domination du moins faible. Où le moins faible subit la loi d’un autre dominé, moins exposé que lui et ainsi de suite. Au sommet, le Blanc satisfait de cet état de fait fête sa domination. Les aliénés s’égorgent dans la cage, les spectateurs blancs sirotent de la bière, du miel et du lait. L’esclave enfermé dans (l’homme politique) après avoir abattu son proche célèbre ce qu’il conçoit comme une victoire sous les applaudissements de l’oppresseur qui voit sa fortune fructifier.
Il n’y a de meilleur moyen de comprendre ce complot que de bien observer la conjoncture politique. Un gouvernement depuis 2017 instaure le chaos, la cité n’est plus vivable, cependant, en bon esclave des USA notamment, le chef de l’État force les gens à se jeter dans la bouche du lion (allez aux urnes sous le feu des armes automatiques d’inconnus bien équipés). Ils foncent les yeux bandés charriant derrière eux des gens qui ne voient que leurs intérêts mesquins. Ils disent au président: foncez ! Ne vous souciez guère de l’opposition ni de la Constitution. Nous en avons le contrôle. La carte brouillée, l’OEA revient à la charge comme pour atténuer l’incendie provoqué par l’ambassade américaine : réalisez les élections quand le moment sera opportun.
En effet, aucun camp politique ne peut soutenir qu’il n’est pas un artisan de ce complot contre le peuple. Qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, il travaille pour le même maître. C’est en fait une vérité absolue qu’à chaque fois qu’on évoque la problématique du visa, les opposants se soumettent. Malgré l’appui populaire obtenu par leur mouvement, malgré l’impopularité de Jovenel Moïse, l’opposition n’arrive pas à renverser le pouvoir. Les manifestations à destination de l’ambassade américaine ont toutes spectaculairement échoué. Les chefs de file ignorent qu’ils ont appelé à la mobilisation.
Ils n’arrêtent pas d’appeler la communauté internationale à lâcher le chef de l’État. Le pouvoir comme l’opposition, tous, ils attendent le claquement de doigt de l’impérialisme américain pour consolider leurs positions (mobiliser ou observer un répit. appliquer la politique de la corde raide ou tendre la main à ses opposants). À la menace de sanctionner l’opposition, le pouvoir fonce. À la peur d’une sanction de l’international, les jusqu’au-boutistes ont stoppé de la manière la plus suspecte la résistance de la fin de l’année 2019 (pays lock). Les Américains n’ont pas soutenu Jean Bertrand Aristide (président élu qui n’avait pas commis autant de gaffes que l’administration actuelle) en 2004 contre l’opposition. Aujourd’hui, ils supportent (au nom de la démocratie) Jovenel Moïse face à l’opposition. Paradoxal !
De toute évidence, il faut un complot populaire. Le peuple est le seul élément social qui ne peut pas directement négocier avec le Blanc. Un complot est à orchestrer contre tous les oppresseurs de ce pays. Ceux qui aspirent à la transition (peut-être plan B de l’international) et ceux qui se comportent en dictateur (Plan A du Blanc). La géopolitique est importante mais, Messieurs, soulagez un peu la population. Tous sont du complot, pour y voir clair, attendez la programmation des futures élections. Les icebergs auront fondu. L’avenir dira le reste.