Des acteurs politiques sont pessimistes quant aux velléités du Premier Ministre Ariel Henry d’organiser des élections dans le pays !
5 min readSi de son côté le Premier Ministre Ariel Henry entend organiser des élections générales dans le pays au plus tard le 31 août 2025, pour certains acteurs politiques comme Ulysse Jean Chenet, coordonnateur du Mouvement Point Final, rien n’est possible avec le responsable de la Primature et il revient au peuple haïtien de prendre son destin en main. Pour sa part, Danio Siriack, le porte-parole de l’OPL, estime que les acteurs politiques doivent se débrouiller pour s’entendre sur un projet haïtien dans un contexte électoral.
Le pays est à feu et à sang. Cela va de mal en pis. Et la solution à tout cela n’est pas pour demain, semble-t-il. Les acteurs politiques, face à la crise haïtienne, ont chacun leur façon de voir la réalité sociopolitique. Si le Premier Ministre Ariel Henry veut organiser au plus tard les élections générales le 31 août 2025 et remettre le pouvoir jusqu’en 2026, pour Ulysse Jean Chenet, on ne peut rien faire avec le Chef du gouvernement actuel.
« Il y a eu des dialogues avec Ariel Henry, il a roulé tout le monde dans la farine, comme c’était le cas avec l’équipe de Montana. Ariel Henry est un malade du pouvoir. Il a déjà signé plusieurs accords et des protocoles de sortie de crise qui ne sont pas respectés », a rappelé le coordonnateur du Mouvement Point Final lors d’une interview accordée à Le Quotidien News le 28 février 2024. « On ne peut pas dialoguer avec un dictateur, un sanguinaire, un anarchiste, un putschiste […]. Le peuple doit prendre son destin en main. Il est souverain », a-t-il rappelé.
À en croire M. Ulysse, Ariel Henry ne peut pas organiser les élections. « Il n’a pas la crédibilité, la moralité, la volonté, ni la capacité politique pour organiser les élections dans le pays. Il doit partir tout simplement ou du moins qu’il se rende au Pénitencier national », estime Ulysse Jean Chenet qui souligne qu’à présent, « le Premier ministre Ariel Henry garde le pouvoir ‘’Mano military’’ avec le support des ambassades des pays de l’Occident, de BINUH/ Nations Unies et du Core Group».
Danio Siriack est certain que le Premier ministre Henry ne va même pas demander aux acteurs politiques de se fier à lui pour mener le processus électoral. « Sa gouvernance est assez décriée pour mettre en doute sa capacité de mener à bien un projet électoral. La réalité exige sans détour, une mise en commun des capacités dans le cadre de l’exercice du pouvoir pour prendre éventuellement les décisions à la fois pour mettre la machine électorale en place et enclencher le processus électoral dans des conditions de sécurité et de convivialité politique aujourd’hui absentes », déclare M. Siriack à Le Quotidien News.
Selon lui, il revient aux acteurs politiques de se débrouiller pour s’entendre sur un projet haïtien dans un contexte électoral. « Il faut admettre, dans ce carrefour difficile, que la tenue d’élections constituera l’issue à la crise. Toutefois, si les acteurs ne s’organisent pas autour d’un projet réel pour le pays dans le cadre d’un accord préalablement, réunir des conditions propices à la réalisation d’élections acceptables peut être un vœu pieux », affirme-t-il.
Quel devrait être le profil de tous ceux qui aimeraient prendre la tête de l’État aujourd’hui ?
« Comme il est dit clairement dans la Résolution finale du Congrès National de Ouanaminthe pour la Nouvelle Haïti, il nous faut des hommes et des femmes qui sont au-dessus de toutsoupçon. C’est-à-dire jouir de bonne vie et de bonnes mœurs, doués d’une grande compétence académique, d’une grande expérience, de bonne connaissance des réalités socio-politiques et culturelles d’Haïti», a fait savoir le responsable du Mouvement Point Final.
Alors que pour Danio Siriack, il est plus important de penser au profil de ceux qui devraient prendre la tête de l’État après les prochaines élections.« […] Les compatriotes haïtiens sont presqu’unanimes à reconnaître aujourd’hui que les élections de 2000 à 2016 n’ont pas permis au pays de faire le choix de la stabilité et de prendre la route du développement durable. Le profil de la plupart des élus de ces joutes (Présidents, Sénateurs, Députés, Maires, entre autres), ne correspondaient pas à la taille de nos défis. Trop de malfrats et d’incompétents ont, en effet, infiltré la classe politique pour s’emparer du pouvoir et nous conduire à ce carrefour. La population devrait être très vigilante dans le cadre des prochaines élections. Deux caractéristiques devraient constituer le guide de la population : le patriotisme et le militantisme politique», a-t-il précisé.
Coup d’œil sur la crise politique actuelle
Il faut comprendre que la crise haïtienne n’est pas une simple crise politique, avance M. Siriack. À en croire ce dernier, la crise haïtienne est multidimensionnelle. « Le que faire pour dénouer cette crise est une question à laquelle plusieurs partis politiques et beaucoup d’organisations de la société civile ont déjà tenté de répondre à travers plusieurs initiatives. Et ceci ne date pas d’après l’assassinat du Président Jovenel Moïse. C’est depuis juillet 2018», a-t-il rappelé en soulignant que l’OPL était le premier parti à pouvoir attirer l’attention sur la crise, à tirer la sonnette d’alarme et faire une proposition de sortie. « Sa voix n’a été malheureusement pas écoutée. C’est la crise qui avait provoqué la vague de contestation des années 2018, 2019 et 2020. Tous les accords conclus entre 2021 et 2022, dont l’accord de Montana, ont tous été des tentatives pour juguler la crise, de l’avis de leurs concepteurs et de leurs adhérents», a-t-il ajouté.
Cependant, pour Ulysse Jean Chenet, la crise haïtienne est aussi une crise existentielle qui pourrait même provoquer la disparition d’Haïti comme État-Nation. « Malheureusement, les acteurs politiques du pays ne sont pas en mesure de comprendre le niveau et la complexité de la crise haïtienne qui dépasse la simple question du départ d’Ariel Henry au pouvoir. Mais plutôt qui demande une révolution globale contre le système politique traditionnel en Haïti et contre la politique de l’Occident en Haïti», a-t-il martelé.
Par ailleurs, il importe de souligner que la CARICOM souhaite toujours qu’il y ait un accord politique entre les protagonistes de la crise haïtienne. À cet effet, ceux-ci sont invités à prendre part à un sommet autour de la crise actuelle qui existe dans le pays, à la Jamaïque, les 5 et 6 mars prochain sous l’initiative des Chefs d’État et des gouvernements de la CARICOM. Les USA, l’UE, le Canada, l’OEA participeront à titre d’observateurs à ce sommet.
Jackson Junior RINVIL