Des clowns au pouvoir!
4 min readLe pays est sur le point d’exploser. Il est à l’agonie. Presque partout c’est le pillage. Des casses. Des incendies. Des manifestations émaillées de violence. Des corps sans vie. Des blessés par balles. Des personnes carbonisées. Des rues inertes et barricadées. Des villes complètement isolées. Cela semble plaire aux hommes d’État. Ils sont calmes. Apaisés. Ils sont en train de festoyer. De trinquer. De siroter leurs réalisations. Ce qu’ils pensent être des réalisations bien sûr. Ils font d’Haïti une distraction. Un podium de mise en scène. Une vaste plaisanterie. Ils décident selon leur humeur.
Dans son adresse à la nation dans la nuit du 11 au 12 septembre 2022, le Premier Ministre a ignoré complètement la conjoncture. Pas une pensée pour les victimes des manifestations. Pour les gens assassinés par les gangs. Pas un mot pour apaiser les ardeurs. Il a tenu des propos hors contexte, pitoyables qui ne font qu’attiser la colère de la population. Il vient tout juste de rater l’occasion de laver son amateurisme, son laxisme, son immaturité politique, sa nullité.
Étant trop pris au travail, le Chef du Gouvernement n’a même pas le temps de parler. Il est trop occupé à voyager. À augmenter le prix des produits pétroliers à plus de cent pour cent. Trop désintéressé à constater que ce produit n’est pas disponible dans les pompes depuis son accession à la Primature. Trop concentré sur comment faire accepter à la population le fait que le gangstérisme est une situation normale. Que fuir le pays par n’importe quelle manière est la meilleure option possible. Que devenir oisif et indigent n’est pas un problème. Que vivre sans un sou est un sacrilège. Que massacrer la population dans les bidonvilles n’a rien d’affreux. Que circuler librement est un péché mortel. Combien nous reste-t-il encore de temps pour que ce silence finisse par nous exterminer ? Pour que ce travail auquel est accroché le docteur aboutisse à nous réduire au néant ?
L’insouciance de nos hommes politiques, malheureusement, nous fait basculer dans une sorte d’insurrection populaire aux issues incertaines. Le Gouvernement se mure dans le silence. La vie communautaire est menacée. Le Premier Ministre répète le même son discours. L’organisation des élections. Pourtant, il sait pertinemment que la réalisation des élections est le cadet de ses soucis. L’ancien envoyé spécial des États-Unis pour Haïti, Daniel Foote, nous le confirme sans langue de bois en répondant au journal américain New-York Post. Selon le diplomate, Ariel Henry avait passé un accord tacite avec le Gouvernement américain pour accepter la déportation inhumaine des désespérés migrants haïtiens campant sous le pont Del Rio à la frontière entre le Mexique et le Texas. Ce, pour protéger son pouvoir et avoir les coudées franches pour faire traîner le processus électoral.
Voilà en fait le vrai visage de nos dirigeants, notamment celui de notre Premier Ministre, le premier protecteur de la nation. En guise de rappel, M. Henry est indexé dans l’assassinat du Président Jovenel Moise. Il est aussi accusé de cacher le principal assassin du Président. Il n’est pas le premier à faire ce genre de compromission et il ne sera pas le dernier non plus.
La nouvelle indépendance est une nécessité.
De toute évidence, son travail contre porte fruit. Nous sommes sous la menace du Groupe d’Action Financière (GAFI). Faute d’explication claire sur les transferts d’argent d’Haïti vers l’étranger, le pays risque d’être exclu du système financier international. L’insurrection populaire est déclenchée. L’avenir de la nation est de plus en plus incertain. Des ambassades ferment leurs portes pour laisser passer le mauvais temps. Après, elles rouvriront pour continuer d’imposer leur loi.
Espérons que nous maîtrisons ce que nous sommes en train de faire. Souhaitons que ce ne soit pas une nouvelle opportunité donnée aux activistes politiques pour négocier de nouveaux postes? De nouvelles franchises ? De nouveaux contrats ? Croisons les doigts pour ne pas commettre les erreurs de 2003 avec le nouveau contrat social du groupe 184. Pour ne pas faire la même bêtise de 2021 qui nous enfonce dans l’abîme. Ainsi va la République et son cercle vicieux.
Daniel SÉVÈRE
danielsever1984@gmail.com