28 février 2025

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Des réserves nettes de change de la BRH ont dépassé le seuil d’un milliard de dollars US au cours de l’année 2024, selon Ronald Gabriel

En dépit des agissements à répétition des bandes armées dans la région métropolitaine de Port-au-Prince obligeant des milliers de personnes à fuir leurs maisons au cours de l’année 2024, n’empêche qu’il y a eu, au sein de l’économie haïtienne, un renforcement significatif des réserves nettes de change qui ont dépassé le seuil d’un milliard de dollars américains, contre seulement 350 millions en septembre 2023. C’est ce qu’a révélé le Gouverneur de la Banque Centrale Ronald Gabriel lors de son passage à l’émission « Grands Rendez-vous Économiques» avec l’économiste Kesner Pharel.

Haïti a connu une année 2024 difficile. Et cela a eu des impacts considérables sur l’économie  quoique la Banque de la République d’Haïti, selon les dires du Gouverneur, avait anticipé que l’année 2024 aurait pu être difficile mais pas avec autant de défis. «  Nous n’avons jamais assisté à autant de défis au cours d’une année depuis les 45 ans de la BRH », a avoué M. Gabriel en précisant que ces défis ont pris la forme de chocs. « Nous avons connu en juin 2023 un choc technologique majeur ainsi qu’une réduction des espaces de production qui ont eu des conséquences sur la croissance économique et le PIB. L’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) vient de publier les dernières statistiques avec un taux de croissance qui a reculé sans surprise de -4.2 %. Tous les secteurs de production ont été à la baisse», a-t-il fait remarquer.

À en croire M. Gabriel, les chocs susmentionnés ont également eu des conséquences négatives sur l’efficacité de la politique monétaire qui est restée une fois de plus dans une zone de resserrement. « Il s’agit d’un arbitrage difficile pour la Banque Centrale entre la lutte contre l’inflation et la poursuite des objectifs de croissance économique. Le ratio de sacrifice tarde encore à produire les effets escomptés en raison des effets adverses qui empêchent à l’économie de croître véritablement », a indiqué le numéro un de la BRH.

À chaque période de crises dans une société, il y a toujours des opportunités à saisir en vue de mieux préparer l’avenir, dit-on. C’est un avis partagé par M. Gabriel. « Des crises en général naissent des opportunités », rappelle le gouverneur en lançant un appel à tous les acteurs publics  et privés, la société civile et les partenaires techniques et financiers pour la mutualisation de leurs efforts en vue de sortir le pays et l’économie de cette situation délétère. M. Gabriel a mentionné des points positifs au cours de l’année 2024 sur lesquels « nous pouvons capitaliser pour renouer avec la croissance économique en 2025».

Il  a signalé « la longue période de stabilité du taux de change d’environ un an au cours de laquelle le taux de change de référence du marché, calculé par la BRH, a tourné autour de 131-132 gourdes pour un dollar américain avec la réduction de l’écart entre le taux pratiqué sur le marché informel des changes et celui déterminé par le marché bancaire ».

En outre, M. Gabriel a indiqué qu’il y a une maîtrise des finances publiques qui amenuise le recours du gouvernement au financement monétaire de la Banque Centrale. « Financièrement monétaire zéro. C’est un facteur extrêmement important pour la stabilité macroéconomique », a-t-il précisé en soulignant que les pressions inflationnistes demeurent assez fortes. « Avec un taux d’inflation relativement élevé, l’IHSI vient de publier les données du mois de novembre avec 26.6% d’inflation annuelle, 4% en variation mensuelle. C’est une sorte de rupture par rapport à la tendance observée sur le dernier trimestre, mais quand on compare par rapport aux données de l’exercice 2023, il y a une tendance nette à la désinflation car en janvier 2023 on avait eu environ 49% d’inflation », a-t-il ajouté.

L’autre point positif de l’année 2024 selon M. Gabriel, c’est le renforcement significatif des réserves nettes de change de la Banque Centrale qui ont dépassé le seuil d’un milliard de dollars américains, contre seulement 350 millions en septembre 2023. Et selon lui, c’est « un niveau que la BRH n’avait pas atteint depuis des années, ce qui la met dans une position confortable pour soutenir l’offre lorsque la reprise des activités économiques va être mise en place car les périodes de relance économique,  s’accompagnent souvent des éléments de surchauffe dans les indicateurs de prix, notamment une volatilité du taux de change qui est le prix d’une monnaie étrangère (le dollar américain, l’euro ou le peso) par rapport à la gourde ».

Quant à l’accumulation des réserves nettes de change de la Banque Centrale, M. Gabriel a précisé qu’«en janvier 2024, la BRH avait payé 500 millions de dollars américains à la « Petróleos de Venezuela » SA (PDVSA) qui est la compagnie pétrolière appartenant à l’État vénézuélien dans le cadre de négociations entre les États haïtien et vénézuélien qui ont abouti à l’allègement de la dette d’Haïti contractée à travers le programme PetroCaribe». À en croire le Gouverneur, « ces négociations avaient permis à Haïti de bénéficier d’un allégement de la dette de 1,7 milliard de dollars américains sur un encours total de 2,2 milliards de dollars américains».

Plus loin, il a tenu à préciser que « ces 500 millions de dollars américains étaient disponibles sur un compte transitoire du gouvernement haïtien ouvert en 2016 à la Banque Centrale et alimenté régulièrement par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) afin de pouvoir verser le service de la dette dans le cadre du programme PetroCaribe». « Ces 500 millions n’étaient plus dans le patrimoine de l’État haïtien, encore moins dans celui de la BRH. Ils faisaient partie des réserves brutes en contrepartie desquelles il y avait des engagements pour le même montant. Donc, leur sortie n’a eu aucun impact sur les réserves nettes de change», a précisé M. Gabriel.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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