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En difficulté, une école fonctionne en partie dans l’espace d’une boîte de nuit à Coteaux

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Situation inédite, l’École Nationale de Chevalier, située dans la commune des Côteaux, tente difficilement de fonctionner en se logeant, en partie, dans l’espace d’une boîte de nuit. L’autre partie se trouve dans une salle paroissiale d’une communauté proche de Notre Dame du Mont-Carmel. Dans une entrevue accordée au journal Le Quotidien News, la directrice de cette institution, Ifita Alabré Policard,  lance un vibrant appel aux autorités gouvernementales afin de trouver un espace adéquat pour reloger l’institution scolaire.

Il est rare d’entendre « école » et « boîte de nuit » dans une même phrase sans que cela ne soit jugé comme étant déplacé. Eh bien, dans la Commune des Côteaux, sur la côte Sud du pays, se trouve une petite localité dénommée Chevalier, où une école publique du même nom, « L’École Nationale de Chevalier » se trouve en ce moment dans un Night-Club.

Autrefois petite école communautaire à Chevalier, l’institution a été nationalisée en 2002, au bénéfice de la localité. Depuis, elle a pu scolariser les enfants du préscolaire à la sixième année fondamentale. C’est l’instauration des classes du troisième cycle fondamental, en 2007, qui a permis à cette école de desservir à plein régime. Environ 350 élèves au total, un taux de réussite frôlant la perfection chaque année aux examens officiels. Tels sont en quantité et en qualité les descriptions de ce bien commun avant l’arrivée du séisme du 14 août 2021.

Le séisme et les vendeurs de rêve

L’Ouragan Matthew de 2016 avait dévasté la péninsule du Sud, l’École Nationale de Chevalier en avait fait les frais en subissant des dommages. Toutefois, l’école avait pris le risque  de continuer à fonctionner dans le même bâtiment. Mais, le séisme du 14 août 2021, ayant dévasté une nouvelle fois la région, a fissuré le bâtiment à un point tel que, suite à une évaluation des agents du Ministère des Travaux Publics, des Transports et de la Communication (MTPTC), il a dû être démoli.

« Ils sont venus pour une première évaluation du bâtiment, puis ils sont revenus sur le terrain et ont jugé qu’il n’était plus apte à nous desservir. Ainsi, ils l’ont démoli. Puis, ce sont des représentants du Ministère de l’Education Nationale qui sont venus. Ils nous ont « laissé entendre » qu’après deux semaines, ils viendraient nous construire un hangar », a déclaré Ifita Alabré Policard, directrice de cette institution. Cependant, les promesses des représentants du MENFP sont restées vaines. Quand l’heure est venue de débuter avec la nouvelle année scolaire, il n’y avait rien comme infrastructure pour accueillir les élèves. 

« Ne sachant plus quoi faire pour permettre aux enfants de poursuivre leurs études cette année, avec d’autres riverains, on s’est mis à la recherche d’un espace pour fonctionner. Cet établissement était le seul dans la zone à être assez grand pour accueillir des salles de classe.  On s’est adressé au propriétaire qui a accepté et finalement, c’est dans cette boîte de nuit qu’on a pu loger notre école. Malgré tout, l’espace n’était pas suffisant. On a dû fonctionner dans deux locaux différents. Six salles de classe dans cet espace. Les quatre autres fonctionnent dans une salle paroissiale de la communauté ».

Après avoir contacté de nouveau les responsables du MENFP pour savoir pourquoi l’abri promis n’a pas été construit, la directrice dit s’être heurtée, une fois  de plus,   au mur des discours creux. « N’ayant plus de leurs nouvelles après ces deux semaines, nous avons longtemps essayé de les recontacter. Quand nous y sommes enfin parvenus, ils nous ont embourbés avant de nous promettre qu’ils viendraient nous construire quelque chose en décembre. Mais jusqu’à présent, rien n’est fait et quand on regarde l’état actuel des choses, le moins que l’on puisse dire, c’est que nous vivons sans espoir »,  confie amèrement Mme Policard au Journal.

Quand le milieu formate l’esprit

Fonctionnant difficilement, les jeunes esprits ne sont pas vraiment au travail parce que les conditions ne sont pas idéales. École la journée, boîte de nuit le soir, Mme Policard a livré au journal un discours tristement imagé. « Nous avons trois salles sur la piste de danse. Ces trois salles sont séparées les unes des autres par un morceau de prélat. Ce décor devrait déjà vous indiquer que les conditions de travail ne sont pas normales. De plus, lorsque les professeurs donnent leurs cours, leurs voix se font entendre dans les autres classes comme s’ils y étaient, ce qui ne favorise pas la concentration». 

Quant aux élèves, ils n’arrivent plus à résister aux concepts du milieu. « Ils détruisent les prélats avec des rasoirs, ils sont plus tumultueux que d’habitude. Dans ces conditions de fonctionnement, nul besoin d’être un génie pour constater qu’ils ne sont pas en état d’apprendre. Ils ont plus l’esprit ailleurs qu’au travail. Et la cause? C’est le décor. Ils n’ont pas l’impression d’être dans une salle de classe. Et ça se comprend », poursuit Madame la Directrice.

Appel à reconstruire l’espoir

Consciente de l’urgence de la situation, Mme Policard espère que l’institution va retrouver un environnement adéquat et continuer à fournir un service de qualité à la communauté de Chevalier. Dans cette optique, elle lance un vibrant appel à l’État et à la société civile. « Je commencerai par attirer l’attention de l’État  et de la société civile sur le fait que ce ne sont pas uniquement les enfants de l’École Nationale Chevalier qui se retrouvent dans ce genre de situation. Nous ne sommes pas une exception, beaucoup d’autres élèves dans la région, dans notre commune, font face à une situation similaire. Mais concrètement, nous aimerions adresser un message à l’État, et dans une certaine mesure, à la société civile: Prenons nos responsabilités, car plusieurs mois après ce séisme, nos enfants ne peuvent plus évoluer dans cette situation. Les conditions de travail et d’apprentissage ne sont vraiment pas à la hauteur. Qu’on le veuille ou non, ce sont eux (nos enfants) notre avenir. Si nous n’investissons pas aujourd’hui dans leur éducation, leur formation, demain nous pourrons malheureusement le regretter et ça nous coûtera plus cher. Faites un effort pour nos enfants, car ils ont envie d’apprendre, et ils sont notre unique espoir d’un lendemain meilleur ».

Clovesky André-Gerald Pierre

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