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Entre mai 2022 et mars 2023, Nègès Mawon a recensé 652 cas de viols collectifs et individuels

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Les femmes se retrouvent sur les rails du train de l’insécurité en Haïti. Les bandits utilisent le viol comme moyen de terreur et de répression. Selon la coordonnatrice de Nègès Mawon, Pascale Solages, en moins d’une année, l’organisation a recensé 652 cas de viols collectifs et individuels provenant de certaines zones contrôlées par les bandes armées. Elle en profite pour formuler quelques recommandations à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme.

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes le 8 mars dernier, la coordonnatrice de Nègès Mawon, Pascale Solages s’est exprimée devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’homme sur la situation des femmes et des filles dans ce contexte de violence qui sévit en Haïti. La quantité de femmes victimes de violences sexuelles dans les quartiers sous le contrôle des bandits armés est difficile à définir. Des femmes adultes, des adolescentes, des enfants et même des femmes très âgées ne sont pas épargnées par ce fléau. L’indifférence du Gouvernement face à ce phénomène qui touche pourtant nombre de femmes, interpelle l’organisation de défense des droits des femmes, Nègès Mawon. 

En effet, le cycle des violences basées sur le genre en Haïti est interminable. Les chiffres sont alarmants. À en croire Mme Solages, entre mai 2022 et mars 2023, l’organisation Nègès Mawon à constaté que 652 femmes ont été victimes de viols individuels et collectifs. Parmi ces 652 victimes, 9 ont été assassinées, 14 sont tombées enceintes suite aux viols, 8 femmes ont eu des complications suite à des recours à l’avortement non-sécurisé et 19 femmes ont contracté des maladies sexuellement transmissibles. La militante féministe tient à préciser que ces femmes proviennent toutes de quatre quartiers contrôlés par les groupes armés, en l’occurrence, La Saline, Cité-Soleil, Saint-Martin et Bel-Air.

Les conditions de vie des femmes dans les quartiers populaires sont précaires et fragiles. Les bandes armées pour marquer leur territoire et montrer leur puissance utilisent le corps des femmes comme moyen de terreur et de répression. Ces dernières sont donc massivement victimes de viols individuels et collectifs et d’assassinats lors des conflits entre les groupes armés. Les histoires sont tout aussi choquantes, les unes que les autres. Des femmes qui sont violées, des parents qui regardent des hommes violer leurs petites filles, d’autres qui voient leurs proches être violées puis assassinées, d’autres qui sont séquestrées et pénétrées par des pistolets ou encore qui ont attrapé des maladies sexuellement transmissibles.

Malgré la gravité de la situation, le Gouvernement reste indifférent face aux violences dont sont victimes les femmes.  Aux dires de la militante Pascale Solages, ces réalités sont des conséquences directes de la politique anti-féministe renforcée par la mauvaise gouvernance, l’affaiblissement des institutions, la corruption et l’impunité. De plus, le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes est aux abonnés absents face à ces violences meurtrières dont sont victimes les femmes. Depuis la montée en flèche des gangs armés, aucune mesure sérieuse n’est prise par cette institution pour assurer la sécurité et la protection des femmes à tous les niveaux. 

Pascale Solages a profité de l’occasion pour formuler quelques recommandations à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme. Elle souligne que la situation atroce que vivent les femmes haïtiennes exige des actions urgentes, à savoir une visite illico du rapporteur spécial des violences basées sur le genre en Haïti, une enquête spécifique sur les violences dont sont victimes les femmes et la publication d’un rapport relatif, l’élargissement des mesures conservatoires prises en 2010 en Haïti à toutes les victimes enregistrées depuis cette période et le transfert du dossier d’Haïti à la cour de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme et finalement des mesures de la commission pour exiger de l’État haïtien la mise en œuvre des conventions et outils interaméricains pour la protection des femmes et des filles haïtiennes ratifiées par Haïti.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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