21 décembre 2025

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Faut-il continuer dans la politique de l’évitement ?

Si on était des fatalistes, on aurait dit avec une facilité extrême qu’on est un peuple maudit. Ce serait légitime vu la conjoncture et ses corollaires. Faute d’organisation adéquate, d’une politique de bonne gouvernance et d’une prise de conscience citoyenne, on est devenu la risée du monde. Partout, comme chez nous, nous sommes pris en chasse. On n’est pas les bienvenus.

Cette semaine, pendant que chaque groupe ou groupuscule du corps social haïtien essaie de définir ce qui est prioritaire à discuter au nom de la nation, le gouvernement haïtien a organisé une activité diplomatique en vue d’un meilleur positionnement d’Haïti qui fait face à une crise coriace qui perdure depuis plus de cinq ans. C’était l’occasion pour les gouvernants en fin de mandat de faire encore des promesses fallacieuses et de maintenir le suspens post-7 février 2026 encore plus longtemps.

À l’instar de cette activité, beaucoup de couches de la société, notamment les mouvements, groupements et partis politiques sont en train de multiplier les rencontres. Ce, en vue de savoir que faire pour assurer la direction du pays dès le 7 février prochain. Tout est possible. On s’achemine vers une prolongation (du CPT ou de la Transition). Dans le langage footballistique, on aurait dit qu’on allait vers des minutes additionnelles. La seule différence, c’est que le football est réglementé tandis que nous, nous faisons du n’importe quoi.

Dans le sillage de cette lutte effrénée pour le pouvoir, la situation humanitaire des Haïtiens continue de se détériorer. Tout cela, à cause de cette stratégie de l’évitement qui nous conduit à systématiquement prendre les raccourcis. Fuir la réalité en créant de nouvelles brèches pour s’en sortir, a fait de nous des champions.

À tous les niveaux, nous essayons de nous adapter. Nous avons volontairement divorcé avec les règles qui protègent la bonne gestion de l’État et l’alternance politique pour satisfaire des intérêts mesquins à travers des gouvernements de transition. Des manœuvres politiques, expérimentales, illogiques et suicidaires. On est passé d’une alternance transition/gouvernement légitime issue des urnes à une succession de transitions multiformes et sans répit.

Côté société, on s’est laissé emporter par cette même stratégie : laisser faire les dirigeants. On leur a offert une sorte de légitimité du désordre. Au lieu d’exercer la pression dans le cadre de la loi pour les contraindre à bien administrer la République, beaucoup d’entre nous ont plutôt recherché des échappatoires, pensant que le navire était irréparable et que, si on arrivait à le quitter, on sauverait sa peau au grand mépris du reste de l’équipage. Finalement, cette quête individualiste et mesquine n’a abouti à rien d’autre qu’à cette catastrophe humanitaire et historique.

Tout porte à croire que fuir le pays vers des cieux plus cléments était une solution durable. Ceux qui arrivaient à s’échapper du pays pensaient réaliser leur rêve. Et, boom, ils sont pris entre l’enclume et le marteau. On nous déporte comme des errants. On nous enlève les plus minuscules avantages pour survivre ailleurs. On est systématiquement sous la menace d’expulsion. Il est temps de pointer la plaie du doigt. De penser à défendre ce qui est notre. À plutôt affronter notre réalité et la corriger. La stratégie de l’évitement n’a rien apporté de conséquent.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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