Hors d’Haïti, serait-il mieux!
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Des personnalités haïtiennes impliquées dans la crise actuelle du pays seront à la Jamaïque, les 11, 12 et 13 juin 2023, pour discuter de la situation délétère qui sévit dans le pays depuis un bon bout de temps. La majorité d’entre eux ont déjà confirmé leur participation. En fait, c’est l’une des rares occasions qui réunira des adversaires politiques autour d’une même table. À noter que c’est la CARICOM qui a réussi cet exploit.
Les initiatives de la sorte ne manquent pas en Haïti. Mais, pour des raisons multiples, elles se sont soldées toutes par des échecs. Les invités ont toujours trouvé des arguments pour désactiver la machine ou pour mettre du sable dans les rouages. Pour empêcher que les démarches, sincères ou non, n’aboutissent à des résultats positifs.
En effet, ils le font tous au nom du peuple. Pour le bonheur et le bien-être de la nation. Au final, la situation ne fait que s’envenimer pendant qu’eux-mêmes, ils changent à volonté et sans gêne leur casaque.
Dans la foulée, à la moindre initiative de la communauté internationale, opposants et tenants du pouvoir, se rendent disponibles, toutes affaires cessantes, pour écouter ce que le « Blanc » a à leur dire (ce qu’ils savent déjà bien sûr) ou à leur ordonner. Bref, pour entendre le même refrain selon lequel la solution à la crise est fondamentalement haïtienne. Qu’il a pris note et que le dialogue inter-haïtien doit continuer. Y aura-t-il un discours plus innovateur à la Jamaïque la semaine prochaine? Et si ce n’est pas le cas, qu’est-ce qui explique le fait que les hommes politiques haïtiens ne se sentent jamais lassés de ces mêmes rengaines?
De toute évidence, nous sommes comme des enfants gâtés. Des idiots qui développent une certaine « manie du blanc ». Nous sommes devenus incapables de penser de par nous-mêmes. Des serviteurs qui attendent l’ordre de leur maître, des récompenses mais aussi des punitions. Quoi qu’il arrive, nous pensons que le « blanc » a toujours raison.
Espérons que la délocalisation de cette réunion finira par servir les participants à avoir une meilleure lecture de la situation et à sentir la nécessité de s’unir autour d’un même projet qui est Haïti. Que le voyage ne leur serve pas de visite touristique ou d’occasion pour remplir leur album photos.
Daniel SÉVÈRE
