Infrastructures policières sans policiers, la Commune de Carrefour abandonnée
4 min readLa situation sécuritaire dans la commune de Carrefour devient de plus en plus inquiétante. Dans l’après-midi du 4 juillet 2024, 3 personnes (dont 2 inspecteurs de police) ont été tuées à Arcachon 32 par des bandits armés, selon le Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA). À en croire Lionel Lazarre, coordonnateur général du Syndicat, cette commune n’a aucun policier dans les bâtiments de Police.
Les carrefourois et les carrefouroises vivent dorénavant dans la peur au quotidien à Carrefour. Cette commune est aujourd’hui comme un baril de poudre. À tout moment, des incidents regrettables peuvent se produire. Il n’y a aucune force de police à Carrefour. Les policiers qui étaient affectés dans le commissariat, les sous-commissariats et les antennes de Police à Carrefour se sont désertés le lendemain du 18 avril 2024. Date auquel le commissariat de Carrefour, connu sous le nom d’Oméga, a été la cible d’une attaque perpétrée par des bandits armés. Et depuis, la descente aux enfers se poursuit pour cette commune.
« Pour le moment, à Carrefour, il n’y a aucun policier dans les commissariats et les sous-commissariats à Carrefour», affirme Lionel Lazarre, Coordonnateur général du Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA) qui demande au nouveau commandement de la PNH de faire tout son possible pour reprendre le contrôle du commissariat de l’Oméga. « Nous ne pouvons pas laisser le commissariat d’Oméga sans des policiers », insiste-t-il en date du 5 juillet.
Selon M. Lazarre, 3 personnes (dont 2 inspecteurs de Police) ont été tuées par des bandits armés dans l’après-midi du 4 juillet à Arcachon 32, commune de Carrefour. « Les bandits armés ont assassiné les deux inspecteurs divisionnaires puis ont emporté leurs corps. L’un d’entre eux travaillait au commissariat d’Oméga et l’autre au Palais National », a-t-il fait savoir soulignant que ces attaques contre ces policiers assassinés ont été ciblées.
Pour le syndicaliste, le Haut Commandement de la PNH doit réagir afin de mettre les individus armés hors d’état de nuire à carrefour. « Les policiers ne doivent être en aucune manière les cibles des individus armés. Nous devons mettre en place un plan visant à résoudre une fois pour toute le problème de l’insécurité auquel fait face le pays », exige-t-il.
Si la commune de Carrefour se trouve aujourd’hui dans une situation chaotique sur le plan sécuritaire, estime-t-on, c’est parce qu’il y a des policiers qui seraient de connivences avec des gangs armés. « Nous avons tiré cette sonnette d’alarme depuis après la mise en place de la structure dénommée caravane. Et c’était un moyen pour nous empêcher de vivre ce moment difficile qu’on est en train de vivre à Carrefour », a-t-il indiqué.
Les individus armés veulent avoir le contrôle de Carrefour à tout prix et pour y arriver, ils veulent tuer les policiers qui se trouvent à Carrefour, avance M. Lazarre.
La commune de Gressier, limitrophe avec Carrefour, n’a pas été épargnée par la violence armée des bandits. Dans la journée du 30 juin, des individus armés avaient pris le contrôle du commissariat. Ils avaient même commencé à le démolir. Cependant, en date du 1er juillet, la Police Nationale d’Haïti a fait savoir qu’elle a pris de nouveau les commandes. « La PNH a repris le contrôle du commissariat de Gressier lors d’une intervention réalisée le 1er juillet 2024. Au cours de cette intervention, plusieurs bandits ont été mortellement blessés », indique-t-elle.
Aussi, rappelle-t-on que dans la journée du dimanche 30 juin 2024, le magistrat de la commune de Gressier, Jean Vladimir Bertrand, a affirmé qu’il avait recensé une vingtaine de morts. « Parmi les personnes tuées, il y avait mon cousin. Les bandits armés ont pillé et ont mis le feu dans plusieurs bâtiments », avait-il déclaré sous les ondes radiophoniques le 2 juillet.
Des promesses qui tardent à se matérialiser
Lors de son installation à la tête de la PNH en date du 21 juin 2024, Normil Rameau avait déclaré que les gangs armés seront « neutralisés et démantelés». Cependant, plusieurs jours après son installation, les gangs armés continuent de semer la terreur dans les communes de Gressier et de Carrefour.
Si le retour de Normil Rameau à la tête de la PNH a été perçu comme une lueur d’espoir au sein de l’opinion publique, alors à présent, le doute commence à s’installer au sein de la population qui attend des actions concrètes. Du côté des habitants de Gressier et ceux de Carrefour, on se demande déjà si Normil Rameau est réellement l’homme de la situation?
Depuis l’installation de M. Rameau à la tête de la PNH, aucun changement n’a encore été opéré sur le plan sécuritaire dans les communes de Gressier et de Carrefour. Les commissariats et les sous-commissariats continuent d’être la cible des bandits armés tout comme la population.
Rappelons que, le sous-commissariat de Saint-Charles, situé à Carrefour, a été pillé puis incendié dans la soirée du 1er au 2 juillet 2024 par des individus non identifiés.
La Rédaction!