« Le dialogue intérieur et la réalisation des rêves chez les jeunes femmes issues d’un environnement critique », tel est le thème d’une conférence tenue à Zili bar, sis à Place Boyer, Pétion-Ville, le jeudi 27 novembre 2025. Cette conférence a été prononcée par la psychologue Jessica R. Marcel, dans le cadre de la 22ᵉ édition du festival Quatre Chemins autour de la phrase phare « Pawòl tifi ».
Pour débuter sa conférence, la psychologue a défini le « dialogue intérieur ». Selon lui, le dialogue intérieur est un langage interne, c’est-à-dire la façon dont nous parlons à nous-mêmes. Ce dialogue peut être conscient ou automatique. Selon la spécialiste, quand on parle de dialogue intérieur, il y a deux fonctions à prendre en compte : la fonction cognitive et la fonction émotionnelle.
La première est l’ensemble de ressources dont la personne a besoin pour développer son plein potentiel et réaliser ses rêves. Madame Marcel soutient que ces ressources permettent à la personne de raisonner, de prendre des décisions, de résoudre ses problèmes, de penser et d’agir tandis que la seconde permet à la personne de gérer ses émotions, son stress. Selon la conférencière, cette fonction regroupe tout ce qu’il y a d’estime de soi et de confiance en soi. Toutes ces ressources doivent être au beau fixe chez la personne pour qu’elle réalise ses rêves.
Comment intervient le dialogue intérieur par rapport à ces fonctions?
Le dialogue intérieur étant la façon dont nous parlons à nous-mêmes, s’il est négatif, toutes ces ressources auront des impacts néfastes sur le raisonnement et la capacité de résoudre ses problèmes et de prendre des décisions et sur la façon de gérer son stress pour pouvoir réaliser ses rêves et développer son potentiel.
Comment se forme le dialogue intérieur ?
Le dialogue intérieur n’est pas arrivé en cours de route, prévient la professionnelle. Il est présent dès l’enfance. Il se construit à travers des interactions sociales entre l’adulte et l’enfant de façon générale. Le message que l’enfant reçoit est devenu un langage social que l’enfant intériorise ; donc, un langage interne. Il est important que les adultes arrivent à établir des interactions sociales saines. D’où l’importance du guide parental.
Pour mieux expliquer le guide parental, on doit faire appel à un auteur qui réalise plusieurs recherches en matière de psychologie du développement de l’enfant. Pour Vygotsky, la zone proximale de développement. Ce concept consiste en la distance entre ce que l’enfant est capable de faire sans l’aide de quelqu’un et ce qu’il n’est pas capable de faire seul. Le parent est justement présent pour combler cette zone, ce vide.
« Le parent ou encore le partenaire compétent aide l’enfant à raisonner, à prendre des décisions, à gérer son émotion et son comportement. Le comportement du parent est aussi important, dans ce que l’enfant voit et entend. Tout cela fait partie de l’interaction sociale. Il est important que les parents arrivent à donner un guide où ils ne punissent pas l’enfant mais l’encouragent, le valorisent et ne l’humilient ni le maltraitent », souligne la jeune femme.
Il est important de parler de dialogue intérieur parce qu’il accompagne l’individu pendant toute sa vie. Tout le monde est en perpétuel développement et celui-ci s’accompagne du dialogue intérieur.
Pourquoi parle-t-on spécifiquement de jeunes filles ?
Selon la psychologue, cette conférence est surtout centrée sur les jeunes filles parce que le message adressé aux jeunes filles est beaucoup plus genré que celui adressé aux garçons. « On attend à ce que les filles soient plus sages, réservées. Ce ne sont pas des messages où on l’encourage à explorer et développer son plein potentiel et son individualité, mais plutôt des messages qui l’exigent à plaire et prendre soin des autres », précise-t-elle.
Quel impact a un environnement critique sur le dialogue intérieur ?
Un environnement critique a un impact néfaste sur le dialogue intérieur. Avec le temps, la petite fille qui grandit avec ces messages restrictifs et genrés développe chez elle ce qu’on appelle l’autocritique excessive ; elle ne se sent jamais assez. « Elle développe aussi de l’hyper vigilance où elle doit faire attention à tout : sa façon de s’habiller, sa manière de se comporter, de s’asseoir… Tout cela va l’empêcher de réaliser son plein potentiel quand elle deviendra adulte », a-t-elle poursuivi.
Jean Daniel Pierre
