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Joël Lorquet, un modèle inspirant pour les leaders de demain

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Il dit vouloir être utile à sa communauté, mettre sa matière grise au service de ses concitoyens , il se veut  un fervent serviteur de son pays. Il s’appelle Joël Lorquet, il est journaliste de carrière, écrivain et musicien prolifique, un modèle inspirant pour les leaders de demain. Le journal Le Quotidien News est allé le rencontrer.

Né le 7 juillet 1964 en plein cœur de la capitale d’Haïti, Port-au-Prince, qui l’a vu grandir également, Joël Lorquet est un éloquent communicateur qui a construit son remarquable parcours sur les solides bases de l’éducation. Fils unique d’une famille provinciale originaire de Saint-Marc, d’un père pasteur et d’une mère pâtissière aux doigts experts, Joël Lorquet a reçu une éducation fondée sur les valeurs chrétiennes. « Mes parents m’ont inculqué la parole de Dieu sur la base de laquelle, en plus de ma formation  au scoutisme, j’ai conçu ma vie », confie M. Lorquet, qui, à son tour, a transmis ces valeurs à ses trois enfants qui vivent aux États-Unis. « Vous n’êtes pas sans savoir que les États-Unis sont un pays qui favorise le libertinage, où les jeunes se livrent tôt à la débauche. Mes enfants par contre, ne perdent pas de vue les valeurs que je leur ai inculquées », se vante l’intellectuel de foi chrétienne, auteur d’une panoplie d’ouvrages, dont “Récit d’un voyage en Turquie, en Israël et en Palestine”, (marcher sur  les pas du Christ) (2003) et de « L’église Nazaréen 50 ans de mission Haïti/L’église d’hier et d’aujourd’hui » (2000), fier de sa progéniture.

Son parcours académique

Il a fait ses études primaires chez les Frères de l’instruction chrétienne (F.I.C) à l’École Jean Marie Guilloux, et ses études secondaires au Lycée Anténor Firmin. Après avoir bouclé ses études classiques, il a intégré la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), pour étudier la Communication collective. « Dans un premier temps, j’avais pensé à étudier le génie civil, car j’étais bon en dessin. Mais le génie civil est aussi une question de maths et ce n’était pas mon point fort, reconnaît le communicateur. J’aurais pu m’orienter également vers la médecine, mais ça demandait beaucoup trop de temps. Finalement, j’ai choisi le journalisme », déclare l’ex présentateur à Télé Haïti.

À en croire son témoignage, dans le climat de dictature et de terreur qui régnait alors et dans lequel évoluaient les journalistes de sa génération, qui ne jouissaient pas pleinement de leur liberté d’expression, ce choix a dû  inquiéter ses parents, son père notamment qui, à un moment, avait essayé de l’en dissuader. « Il a fini par céder  parce que je voulais obstinément prendre le risque », explique l’ancien collaborateur de l’hebdomadaire Le Petit samedi soir, Joël Lorquet, fondateur du journal Le Guide du consommateur, qui s’est construit une carrière journalistique élogieuse.

Après l’obtention de sa licence en Communication collective à la FASCH, qu’il a mis une dizaine d’années à préparer tant il était pris par ses occupations professionnelles, il est allé faire une maîtrise en Science du Développement à la Faculté d’Ethnologie (DSD). Doctorant en Communication sociale à Atlantic International University (AIU), et en Gestion des systèmes éducatifs à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti (ISTEAH), il a pu parfaire sa formation en communication à l’étranger, notamment en France (1986), en Allemagne (1987), en Russie et aux États-Unis. Le chercheur a en outre suivi quatre semaines de formation à Singapour sur le leadership chrétien au Haggai Institute (202). À noter qu’il a récemment été élevé au Grade de “ Docteur par Équivalence Professionnelle en Communication sociale” décerné par l’Université Royale   d’Haïti (URH), après présentation de l’antonyme de la thèse intitulée : « L’impact des Radios communautaires de Port-au-Prince et de ses environs sur la population locale».

Un auteur prolifique

Dr Joël Lorquet ne cesse de s’intéresser à la recherche. Il en fait un mode de vie. « Je n’ai pas le temps pour sortir et rigoler avec des amis. Mon passe-temps, c’est la recherche. Je réfléchis toujours aux problèmes et aux solutions qu’on peut apporter ; je pense toujours à de nouveaux projets », déclare l’écrivain obsédé par la production littéraire. Il est parvenu à allier son talent de dessinateur à sa plume féconde [à noter qu’il a été à trois reprises lauréat national]. « J’ai dû renoncer à dessiner il y a plus de vingt ans, pour me consacrer à ma carrière de journaliste », avoue le premier Haïtien à publier des bandes dessinées en Haïti. Il en a publié trois : la première sur les Boat-people en 1981, la seconde, en 1983, sur la problématique des braceros haïtiens en République Dominicaine, et la dernière, Madichon 3H, sur le VIH-Sida, en 1988.

L’auteur de « Histoires insolites au temps du coronavirus en Haïti », Joël Lorquet, compte plus d’une vingtaine d’ouvrages à son actif. En dépit de son riche répertoire, il ne se laisse pas gagner par la paresse et continue à produire car, selon lui, c’est ce qu’il aura légué comme contenu littéraire qui perpétuera son existence dans les annales de l’histoire. « Je dois continuer à produire pour être utile à mon pays, en éclairant la lanterne de mes congénères et particulièrement des générations à venir », soutient M. Lorquet, fondateur de la maison d’édition, Média-Texte.

Également chanteur, à ses heures

« Outre ma carrière d’écrivain, je suis aussi chanteur », dit Dr Lorquet, ancien soliste du célèbre groupe évangélique Alabanza et membre fondateur des Artistes Chrétiens Réunis. Il est en effet le premier chanteur évangélique à entonner des chants engagés, quitte à risquer sa vie sous le règne duvalérien.

En 1994, le fondateur de la chorale « Des enfants de la Fondation Coeur pour Haïti » (1993), Joël Lorquet, a publié son premier album de 16 musiques, intitulé « An nou bay lanmen ». En 2004, à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, la voix de « l’amour merveilleux » a publié son troisième album « Haïti 1804-2004 ». « Cet album était pour moi un moyen de rendre hommage aux héros de l’indépendance », précise M. Lorquet. Rappelons que ce dernier opus a été désigné Meilleur Album de Musique évangélique-Solo de l’année (2004) à Musique en folie. Amoureux de bonnes sonorités, il a initié ses enfants à la musique en publiant l’album des Lorquet Junior titré « Tout timoun se timoun », sorti en 2009.

Un entrepreneur avisé

Dr Joël Lorquet est aussi reconnu pour son sens aigu de l’entrepreneuriat. Cela se comprend, car tout jeune il commençait à gagner de l’argent grâce à son talent de dessinateur. Ce qui lui conférait une certaine autonomie financièrement parlant. « Grâce à ce que je rentrais, je pouvais me procurer ce dont j’avais envie à l’époque », confie l’ancien lauréat du concours de dessins organisé à l’occasion du 50ème anniversaire de la Curaçao Trading et Co en 1976 et Lauréat national dans le cadre du Concours de dessins organisé à l’occasion de l’Année Internationale de l’Enfance.  Ce concours avait été lancé par le Ministère de la jeunesse et des sports en 1979, sur le thème  « Enfant d’aujourd’hui et citoyen de demain », grâce auquel il a empoché 2 500 gourdes. À la suite à ce concours, « le Ministre d’alors, Théodore Achille, m’a offert une bourse et m’a alloué la somme de 400 gourdes par mois pour m’encourager à approfondir mes talents de dessinateur », se rappelle le fondateur de la firme Intermedio, qui a compris tôt dans sa jeunesse l’intérêt de gagner de l’argent. C’est ainsi qu’au fil des ans, il a investi ses fonds dans plusieurs entreprises, dont la plupart ne rapportaient pas nécessairement de l’argent.

« J’avais toujours rêvé d’une imprimerie. Vu que mes compétences étaient dans la communication, le dessin, les livres en fait, je me suis lancé directement dans l’imprimerie », raconte M. Lorquet qui a lancé sa maison d’édition, Média Texte, à la Rue Chavannes, derrière la Radio Caraïbes en 1994.

Logé à la Rue Oswald Durand, Média Texte compte aujourd’hui une vingtaine d’années dans l’édition de livres, desservant tout une communauté d’écrivains. « Grâce à Dieu, cette entreprise me permet de tenir financièrement et de prendre soin de ma famille. Je peux dire ainsi que je laisserai à mon départ un patrimoine quand même à mes enfants », déclare le célèbre auteur et conférencier, fondateur de la Fondation Lorquet pour une Nouvelle Haïti (FOLONHA) en 2010, Dr Joël Lorquet, manifestant un brin de fierté.

Ce journaliste de renom qui a marqué de son empreinte son passage à Télé Haïti est par ailleurs un humaniste, un philanthrope qui voit d’abord le bien-être des gens de sa communauté. Tout au long de sa carrière, il a rythmé sa vie sur les mesures de l’éthique, du professionnalisme et de l’amour du prochain. C’est ce qui, au-delà de son élogieux parcours, fait du fondateur de la FOLONHA, un modèle à suivre pour la jeunesse haïtienne.

Statler LUCZAMA

luczstadler96@gmail.com

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