Kath, une nouvelle voix dans la musique haïtienne
3 min readCe 3 novembre dans les jardins de Barak à Pétion-Ville, Kath, jeune chanteuse et comédienne, a offert pour son premier spectacle, une prestation à la dimension de son art. Ce qui a incité la rédaction du journal à rencontrer cette artiste au timbre de voix bien assorti avec les rythmes traditionnels du vaudou.
Kathleen Jean Charles, jeune femme remplie de passion pour la beauté des arts, a vu le jour à Carrefour, une ville imprégnée par la culture folklorique haïtienne, plus précisément à Côte plage 16. Elle y a vécu toute son enfance, avec sa frangine et sa mère, Nathalie, une femme envers qui elle ne tarit pas d’éloges. « J’ai grandi en admirant cette femme qui se démène chaque jour pour élever ses enfants. Elle et le vaudou constituent mes principales sources d’inspiration », confie la jeune Kath, d’une voix vibrante d’amour.
Kath a grandi dans une atmosphère colorée par la musique classique que sa mère aimait écouter dans la maison. « Tous les dimanches, ma mère adorait écouter de la douce musique, après les pièces d’Alcibiade et les audiences de Maurice Sixto. C’est dans cette ambiance que j’ai grandi avec de la musique à l’oreille », se rappelle la jeune artiste qui arbore toujours son sourire étincelant. Pourtant c’est avec la danse qu’elle a fait ses premiers pas dans le monde des arts. « Je me rappelle qu’à l’époque où je performais dans un groupe de danse dans mon quartier, on devait délivrer une prestation mais notre effectif n’était pas complet. C’est à ce moment-là que le responsable m’a désignée comme chanteuse pour le show. J’étais tellement surprise, se remémore-t-elle. Certes, je chantais continuellement, mais j’ignorais que j’étais aussi douée pour attirer l’attention du responsable au point qu’elle me désigne comme chanteuse pour une prestation », continue Kath, ancienne élève du Lycée Marie Jeanne, mordue de danse.
En 2012, Kath a décidé de faire une expérience avec Dieu. C’est à l’église qu’elle s’est mise à perfectionner son talent dans la musique, en intégrant une chorale à l’église et une école de musique où elle a appris à jouer quelques instruments à vent comme la flûte et la clarinette. Mais son aventure à l’église a été de courte durée. Aujourd’hui, c’est dans le vaudou qu’elle explore son art.
« La musique est mon exutoire, dit-elle. Elle me permet de rester en connexion avec la réalité tout en naviguant dans mon imagination. Elle harmonise tout ce que je suis en tant que personne. Toutes les facettes de ma vie me relient à la musique », poursuit la comédienne dotée d’une grande culture musicale.
Toutefois, la musicienne ne dispose pour l’instant d’aucun titre dans son répertoire personnel, mais elle espère sortir sous peu son EP. « Les musiques sont déjà là, notre équipe travaille dessus pour les derniers arrangements », assure Kath, s’abstenant de donner une date pour la sortie de son premier opus.
Cette semaine, à l’occasion de la fête des morts, Kathleen Jean Charles a lancé une série de spectacles qu’elle a baptisés sous le nom de KWA. « À travers ce spectacle, j’ai essayé de présenter une autre nouvelle facette de moi, que très peu de gens connaissent », indique l’artiste, qui en a profité pour rendre hommage à son cousin assassiné dans sa voiture. « KWA m’a permis de sortir d’un déni, de faire le deuil de Bob (son cousin). C’est après ce spectacle que j’ai finalement accepté qu’il soit réellement parti », explique Kath, la voix pleine d’émotion. Pour son premier spectacle, la chanteuse au teint caramel a offert une prestation sensationnelle dans les jardins de Barak, à Pétion-Ville, ce jeudi 3 novembre.
Outre la musique, Kath est une artiste qui se bat contre la violence sur les femmes et les enfants. Elle prône également l’engagement pour le changement en Haïti. « L’œuvre de l’artiste ne peut apporter aucun changement dans le pays. Mais c’est l’artiste en soi qui doit s’engager pour le concrétiser », soutient la carrefouroise.
Statler LUCZAMA