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La BRH réagit contre la dépréciation de la gourde et les crimes financiers

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Ce lundi 22 août 2022, lors d’une conférence de presse, le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) a annoncé la décision de la Banque d’injecter entre 100 et 150 millions de dollars américains sur le marché des changes avant la fin de l’exercice fiscal en cours afin de couper court à la dépréciation de la gourde face au dollar. De même, le Gouverneur a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) contre les crimes financiers qui a effectivement eu lieu ce jeudi 25 août.

Comme annoncé en conférence de presse ce lundi par son Gouverneur Jean Baden DUBOIS, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a effectivement débuté les injections de dollars sur le marché financier haïtien à partir du 23 août. En effet, un avis portant la signature du Gouverneur a indiqué que la Banque Centrale a décidé d’injecter huit millions cinq cent mille dollars américains sur le marché. Six millions de dollars  sont alloués aux entreprises et deux millions cinq cent mille aux ménages, par l’intermédiaire des institutions financières qui sont Unibank, Sogebank, BNC, Capital Bank, La Banque Populaire Haïtienne (BPH), Citibank, BUH et Sogebel.

Dans cet avis, des conditions sont également précisées comme la fixation du taux de vente de la BRH à 112 gourdes pour un dollar américain, la nécessité pour les intermédiaires de revendre à un taux n’excédant pas une marge de vingt-cinq centimes. À noter que ce fonds ne doit servir que pour les besoins de transfert à l’étranger et en ce qui a trait aux entreprises, elles doivent évoluer dans les secteurs de l’alimentation, les produits pharmaceutiques et la construction. Plus tard, le 25 août 2022, la BRH a annoncé sur son compte twitter officiel avoir « injecté 10 millions de dollars américains sur le marché des changes exclusivement pour les besoins d’importation des compagnies pétrolières ».

Vendredi, la BRH a aussi injecté 8,5 millions de dollars américains. Aujourd’hui, la BRH a injecté 8,5 millions de dollars américains sur le marché des changes. Ce montant est réparti et vendu selon les conditions suivantes: ➖ 2,5 millions pour les besoins d’importation des compagnies pétrolières; ➖ 6 millions pour les autres entreprises », peut-on lire sur son compte twitter le 26 août 2022.

Selon les explications de M. Dubois lors de la conférence de presse du lundi 22 août, l’ensemble de ces mesures visent à mettre de l’ordre dans les opérations de change, tout en ajoutant que le taux de change du secteur informel va se rapprocher de celui du marché formel, et que le taux fixé sera maintenu.

« Le problème, dit-il, est que tous les Haïtiens sont devenus des agents de change. Quand la bulle spéculative va éclater, qu’on ne vienne pas me dire que la Banque de la République d’Haïti est méchante. Rien ne justifie ce taux sur le marché informel, ce désordre que l’on voit aujourd’hui ».

Toutefois, tout en reconnaissant la nécessité urgente d’une intervention, certains économistes et autres acteurs de la vie nationale formulent quelques préoccupations par rapport à ces mesures, notamment le fait qu’elles ne s’inscrivent pas dans la durée. C’est ainsi que pour l’économiste et professeur à l’université Frantz VILSENAT, il devrait y avoir d’autres décisions prises parallèlement afin de relancer l’économie. « Les effets de cette décision ne seront qu’à court terme, dit-il. C’est-à-dire qu’ils ne dureront pas pour longtemps puisqu’il n’y a aucune décision prise parallèlement, permettant de relancer l’économie à travers la production des biens et services, la création d’un environnement socio-économico-politique stable, l’encouragement du tourisme, la dynamisation du marché et la démocratisation du crédit dans l’économie, etc. ».

La BRH et l’UCREF contre les crimes financiers

Comme annoncé lundi dernier par le Gouverneur de la BRH, un protocole d’accord sur « le contrôle et la surveillance du système financier » a été signé entre la Banque des Banques et l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) dans les locaux du Ministère de l’Économie et des Finances, et en présence du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique. Ce protocole d’accord vise à retirer le pays sur la liste grise du  Groupe d’Action Financière (GAFI), comme étant l’un des pays les plus vulnérables aux crimes financiers qui sont entre autres, le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme. « C’est un objectif majeur pour le Gouvernement d’arriver à sortir Haïti de la liste grise de GAFI, et l’échéance arrive sur nous à grand pas », a indiqué en l’occasion le Ministre de l’économie et des finances, M. Patrick BOIVERT.

Pour le Directeur de l’UCREF, Me Michelin JUSTABLE, la mission de l’organisme autonome à caractère administratif consiste en « la réception, l’analyse et le traitement des déclarations auxquels sont tenues les institutions financières, non financières et professionnelles désignées, de lui faire parvenir des informations et renseignements dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux, et le financement du terrorisme ». Pour lui, cet accord à venir vise à renforcer les capacités institutionnelles de l’UCREF en vue d’atteindre ses objectifs en matière de lutte contre les crimes financiers.

« Le trafic illicite de stupéfiants et le blanchiment des avoirs constituent des crimes organisés tant au niveau national qu’international, mettant en péril l’ordre public, la paix sociale et l’équilibre économique. Aujourd’hui encore, ce phénomène criminel persiste en Haïti. Devant une telle menace, les autorités haïtiennes ne peuvent pas rester les bras croisés. Il faut impérativement agir en mettant hors d’état de nuire les criminels financiers. Pour ce faire, les autorités haïtiennes doivent obligatoirement travailler en parfaite collaboration si on veut effectivement enregistrer ce mal qui est l’enrichissement illicite », a exprimé Me JUSTABLE en l’occasion. Le Gouverneur de la Banque Centrale a, quant à lui, profité de l’occasion pour appeler tous les acteurs concernés à agir d’un commun accord afin de prévenir et de réprimer les crimes financiers dans le pays, et à l’échelle internationale.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@cloveskypierre

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