14 décembre 2025

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La culture haïtienne à l’honneur : le Compas inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO

Après la qualification des Grenadiers pour la Coupe du monde 2026, c’est au tour d’un élément marquant de la culture haïtienne de faire couler beaucoup d’encre. Le Compas, musique emblématique d’Haïti, a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ce 10 décembre 2025.

Musique populaire profondément enracinée dans la culture haïtienne, le compas dépasse les frontières et fait la fierté du pays. Cette reconnaissance internationale consacre un genre musical qui, depuis des décennies, incarne l’identité et la créativité haïtiennes.

Le Compas d’Haïti est ainsi célébré sur la scène mondiale. La culture haïtienne triomphe une fois de plus à l’international, en dépit de la situation chaotique que traverse le pays ces dernières années. À la fois genre musical et technique de danse, le compas — ou konpa, en créole —  « se caractérise généralement par l’utilisation de percussions, de guitares et d’instruments à clavier ». Le rythme est « essentiellement conduit par une batterie syncopée », souligne le dossier de candidature présenté à l’UNESCO, qui l’a reconnu mercredi comme appartenant au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le Compas « est la mémoire collective de la nation », insiste Emmelie Prophète, ancienne ministre de la Culture d’Haïti, qui a travaillé sur le dossier de candidature auprès de l’UNESCO.

« Nous sommes ravis de cette inscription sur la liste », confie-t-elle à l’AFP. « Cette reconnaissance arrive à un moment où nous avons besoin de parler d’Haïti autrement que par ses problèmes politiques et sécuritaires ».

Retour sur l’origine du Compas

L’acte de naissance du compas remonte à un concert donné en juillet 1955 à Port-au-Prince par Nemours Jean-Baptiste, saxophoniste haïtien de renom. Issu d’influences africaines et françaises, héritées de l’ancienne puissance coloniale, le compas s’inspire également « des chansons cubaines et dominicaines que les Haïtiens écoutaient sur des stations à ondes courtes émettant depuis l’île de Cuba et la République dominicaine voisine », raconte à l’AFP le musicien Yves Joseph, dit Fanfan Tibòt, cité par Le Devoir.

Son groupe, Tabou Combo, est célèbre pour avoir exporté le compas bien au-delà de Port-au-Prince. Il se souvient notamment du titre New York City, sorti en 1975, qui avait « connu un grand succès dans les Antilles et en France ».

« Cela nous a poussés à changer de stratégie, à chanter en anglais et en espagnol afin de conquérir un public plus large. Depuis, d’autres groupes musicaux ont contribué à faire franchir de nouvelles frontières au compas », se félicite-t-il.

Le compas : une danse sensuelle

« La danse du konpa, une marche rythmée, est marquée par des mouvements de bassin, des pas alternés et une connexion physique entre les danseurs », souligne le document de candidature du gouvernement haïtien.

Le compas « résiste aux crises parce que tout le monde l’écoute et le danse, même en période de difficultés », explique Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste. « Si l’on ne peut pas danser ou organiser de spectacles à Port-au-Prince, on le fait en région. À défaut, on le pratique au sein des communautés haïtiennes à l’étranger ».

Le Compas selon l’UNESCO

« Le Compas est un genre de musique et de danse populaire qui revêt une grande importance culturelle pour les communautés qui le pratiquent. Facteur d’identification fort, il rassemble des personnes de tous âges, de tous genres et de toutes origines. La musique se caractérise par un rythme syncopé et s’accompagne d’instruments tels que des guitares, des claviers et des tambours », explique l’UNESCO.

L’organisation souligne également que le Compas combine des influences africaines, européennes et autochtones, et aborde souvent des thèmes tels que l’amour, la liberté, la paix et la résistance.

Concernant la danse, l’UNESCO précise qu’il s’agit d’une marche rythmée, marquée par des mouvements pelviens, des pas alternés et une connexion physique entre les danseurs. Elle constitue un moyen d’expression, parfois utilisé dans les thérapies de couple, et se pratique en famille ou entre amis.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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