La défaite du Droit est toujours provisoire!
3 min readLe bâton change de bout. C’est la réalité depuis des décennies en Haïti. La politique du caméléon. Les acteurs changent systématiquement d’apparence. Les loups du pouvoir se transforment en agneaux lorsqu’ils regagnent les rangs de l’opposition. Ils appellent à rassembler là où ils ont dispersé.
Un an déjà depuis l’assassinat de Jovenel Moïse. L’un des plus révoltants meurtres prémédités enregistrés dans le pays. Un crime de plus, classé dans les oubliettes de la justice haïtienne. L’enquête patauge. Les pro-Jovenel continuent de crier dans le désert. La décadence du système judiciaire haïtien s’accélère.
La politique éclipse tout. Chacun essaie de couvrir davantage sa nudité. Quand on a le pouvoir, tout est possible. Tout est légal. Jovenel Moïse a payé au prix fort cette conception dupouvoir. Au prix trop fort même. Il s’est trompé sur sa perception de la politique. Il n’a pas su évaluer minutieusement les conséquences du « banditisme légal ». Il a déployé tous ses efforts pour affaiblir les institutions. La justice notamment. Et, les exemples sont nombreux. À présent, ses proches attendent un miracle.
L’ancien Président s’est distingué en matière de mauvaise gouvernance, de violation des droits humains, d’inconstitutionnalité, de velléités dictatoriales, etc. Il pensait pouvoir échapper un jour à la sentence de la justice. C’est regrettable qu’il ait été assassiné comme un citoyen ordinaire. Pis est, il a connu le même sort que Monferrier Dorval. Le même que les autres victimes de son règne. Paix à son âme !
C’est dommage que dans ce pays on ait la mauvaise habitude de ne rien apprendre du passé. Le Dr Henry n’a pas corrigé les erreurs du Président défunt. Il n’a pas appris la leçon. Jovenel Moïse essayait de faire son trou pour éviter tout ennui. Le Premier Ministre est en train de faire de même. Les accusations le concernant sont lourdes. Il est soupçonné dans l’assassinat du Président. Il couvre l’un des suspects dans cette affaire (rapport du RNDDH et certains autres documents). De fait, il n’a aucun intérêt à vendre sa peau. Il est entre le marteau et l‘enclume.
L’enquête en est toujours à sa phase embryonnaire. La justice est à son plus bas niveau. On assiste à un défilé de juges d’instruction dans ce dossier. Et ça suffit aux gouvernants. Malgré les rapports, les articles de presse, les arrestations et les révélations, le dossier n’a pas évolué. Les assassins courent la ville sans être inquiétés. La volonté politique pour que ce dossier n’avance pas est manifeste. C’est comme si le laxisme des autorités confirmait cet adage : Qui se ressemble, s’assemble.
Entre-temps, les gestes hypocrites se multiplient. Des partisans de l’ex-Président font ses louanges comme s’il avait été un parfait visionnaire. Une victime du système. On dirait qu’il était blanc comme neige. Parallèlement, l’exécutif fait du folklore. Il rend justice à l’ancien patron d’Agritrans par de beaux discours, des gerbes de fleurs et un jour férié.
À quand la fin de ces hypocrisies ? Pour combien de temps le phénomène de l’impunité règnera-t-il dans le pays ? La politique, anéantira-t-elle pour toujours la justice ? Il n’est que d’attendre car, la défaite du Droit est toujours provisoire.
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984@gmail.com