dim. Déc 22nd, 2024

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La démocratie servie dans un plat empoisonné

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Les tweets américains deviennent fréquents ces derniers jours en Haïti. L’ambassade ne cesse de faire valoir ses préoccupations concernant l’avenir de la démocratie mise en danger par les multiples décrets pris par le chef de l’État qui a démantelé le système judiciaire et certaines institutions importantes  du pays. Les Américains sont aussi préoccupés par le vide institutionnel au Parlement haïtien. Présenté comme le modèle de la démocratie, le peuple américain ne ménage pas ses efforts pour appeler à un retour à l’ordre constitutionnel sans délai.

Penser élections, sous-entend une activité populaire et massive. Cela  demande des déplacements, une situation politique stable et des conditions logistiques appropriées. Si la France arrive à comprendre la réalité en en faisant voir de toutes les couleurs au chef de l’État au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassade américaine, au contraire, a probablement une baguette magique pour tout réaliser. Sans la participation populaire, bien sûr, qui  peine à se développer du fait du kidnapping en passe d’échapper à tout contrôle.

L’actualité en Haïti ces derniers temps est le phénomène de l’insécurité. Le kidnapping,  l’une de ses manifestations, n’a à aucun moment été pris en compte par le gouvernement américain. Selon eux, probablement, il y a un moyen de faire exister les institutions de par elles mêmes sans la présence des hommes. Et, même avec cette tactique, elles ne serviront à rien puisqu’elles sont faites pour servir la population.

À cette phase où nous en sommes, on a plus besoin de recommandations sur le respect des droits de l’Homme en Haïti  que de discours institutionnels. Qu’on le dise ancien ou président en exercice, Jovenel Moïse a un choix à faire pour arrêter de vassaliser les institutions comme on  le lui reproche, c’est de faire revenir le calme et la paix sur le territoire. Une option, paraît-il, qui ne semble guère préoccuper l’exécutif. Si cette hypothèse est vraie, pourquoi la grande puissance américaine, mère de la démocratie, n’insiste-t-elle pas sur cet aspect (le kidnapping) en passe de devenir incontrôlable ? Le peuple haïtien anxieux, traumatisé par ce phénomène et désespéré de ne pas avoir un avenir meilleur, à ce carrefour, a plus besoin d’amis qui lui tendent la main et qui l’aident à faire face à son désastreux quotidien que de se laisser distraire par des sujets moins importants pour l’heure.

Si, comme le sous-entendent les tweets, l’exécutif participe dans la paralysie des institutions, n’est-il pas possible de supposer qu’il n’a aucun intérêt à maintenir la stabilité dans le pays ? D’ailleurs, l’enlèvement des deux Dominicains, dont  la libération  été planifiée de A à Z par une commission mise en branle par l’exécutif, suscite pas mal de doutes. À cela s’ajoutent d’autres faits suspects qui méritent des prises de position plus humanistes de la part des pays amis.

Avec le pourrissement de la situation et le manque possible de volonté  observé du côté du gouvernement, tout discours axé sur le renforcement des institutions doit nécessairement passer par l’injonction faite à ces pays, qui  voient la démocratie uniquement à travers les élections, d’exiger avec la plus grande fermeté la neutralisation de la situation.

Nous le demandons à nouveau : comment peuvent se tenir des élections quant le peuple souverain ne peut pas sortir ? À quoi servent les institutions si ceux qui doivent les rendre fonctionnelles ne sont plus là ? Quelque chose doit changer. Sans la participation populaire, bien sur, liée au fait du kidnapping en passe….

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

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