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La difficile opération!

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Cela fait deux mois que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté la Résolution visant à sanctionner les gangs et leurs bras financiers en Haïti. Plusieurs personnalités politiques et des membres du secteur privé des affaires sont déjà sanctionnés. On en compte près d’une douzaine incluant des ex-Premiers Ministres, des parlementaires et un ancien Président de la République. Ils sont accusés notamment de trafic illicite de stupéfiants et de financement du banditisme dans le pays.

En vue de soutenir Haïti et de soulager les manœuvres mesquines de ces corrompus qui se trouvent dans toutes les sphères de l’État, le Canada et les États-Unis adoptent des stratégies différentes. Les Canadiens se montrent intransigeants tandis que les Américains se préoccupent beaucoup plus de mettre en accusation les présumés narcotrafiquants. Ils refusent également les visas de plusieurs personnalités haïtiennes qui seraient impliquées dans le financement ou l’encouragement du gangstérisme en Haïti. Mais ces mesures restent entre les concernés et les services consulaires américains. En dépit des procédés différents utilisés, les USA et le Canada veulent la même chose, à savoir : pousser ces gens à une prise de conscience et favoriser, du coup, le retour de la démocratie dans le pays pour une stabilité durable.

On dirait que la communauté internationale est en train de crier dans le désert. C’est comme si elle voulait faire saigner des pierres ou ressusciter des morts. Du côté des Haïtiens, rien ne bouge malgré les évidences apportées par les pays amis qui sont obligés de révéler les manœuvres déloyales de nos élites et de les sanctionner à notre place. À l’interne, nous continuons de dormir tranquillement sur notre oreiller. Au  regard de cette indifférence et de notre refus d’avancer, c’est comme si nous disions que le Canada, en particulier, est en train de mentir à notre sujet. Que la communauté internationale raconte des bobards sur nous. Le choléra, la grande criminalité, l’insécurité alimentaire, entre autres, seraient des inventions.

Apparemment, tout va à merveille en Haïti. Notre attitude laisse à désirer. Quoi qu’on disent des pays amis, ils ont déployé beaucoup d’efforts pour nous soutenir. Dix-sept mois après l’assassinat du feu Jovenel Moïse, on est encore à la case de départ. Des délégations internationales sont constamment à notre chevet en vue de nous inviter à dépasser nos différends pour parvenir à un consensus historique.

Cette semaine, un émissaire canadien était encore dans nos murs pour nous aider à avancer. Un de plus pour nous nuire, paraît-il, si nous tenons compte du comportement de nos élites qui prennent du plaisir à faire passer le temps. À jouir des maigres ressources de l’État et à faire perdurer la crise. Nous nous comportons comme si nous étions plongés dans un profond sommeil. Dans le coma. On dirait que la communauté internationale essaie vainement de nous réanimer.

Qu’est-ce qu’il nous est arrivé en réalité? Pourquoi sommes-nous si inactifs ? Comment expliquer notre froideur face au dynamisme des voisins de l’Amérique du Nord ? Ne comprenons-nous pas encore le degré de pourrissement de la situation ou ce que cela signifie lorsque des dirigeants appelés à protéger les intérêts de la nation ont transformé le pays en un cartel de trafiquants de drogue et un réservoir de bandits plus bien armés et apparemment mieux payés que la Police Nationale d’Haïti ? Ne sommes-nous pas conscients de la dimension de criminalité qui animait ces personnages et des tribus que le pays continue de payer pour ça? Comment les dirigeants actuels peuvent continuer à croiser leurs bras ? Peut-être qu’ils sont eux aussi, des imposteurs et qu’ils attendent perplexes que les sanctions arrivent jusqu’à eux.

Tous ceux qui sont pointés du doigt jouissent encore de la présomption d’innocence. Cela ne justifie pas cette passivité lassante de l’Exécutif. Le réveil national est dans l’impasse. Les efforts des pays qui soutiennent cette guerre contre la corruption et le banditisme en Haïti se révèlent, à date, une opération difficile vu que le pays galère à apprécier ce coup de main à sa juste valeur.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com 

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