Ce 18 mai 2025 marque les 222 ans de la création du bicolore haïtien. Cet anniversaire arrive dans un contexte où le pays fait face à une crise structurelle sans précédent. Des pleurs, des assassinats, de la corruption généralisée, de l’incapacité à circuler. Tout se converge pour asphyxier la population.
En fait, cette fête nationale devrait se commémorer en grande pompe au regard de ce qu’elle représente. En plus d’être une journée qui appelle à la réflexion et au sens du patriotisme, c’est également une occasion de se divertir. Culturellement, des activités en plein air sont réalisées comme des journées de mer, des foires, des défilés d’écoles, des défilés de fanfares et des activités relevant du scoutisme, entre autres.
Autrefois, les rues étaient surchauffées, décorées, animées. Les universités organisaient des activités diversifiées et réfléchissaient sur des problèmes de société. Aujourd’hui, elles sont contraintes de fermer leur porte. Les professeurs et les étudiants, ceux qui peuvent ou qui veulent, ont abandonné le pays. On a dévalorisé l’université. L’intégration de nombreux jeunes dans des activités de gangstérisme ne devrait pas être, présentement, un choix de carrière. La mauvaise gestion de l’État, l’avarice et la cupidité de nos élites ont tout souillé. Ils ont engendré, entretenu et promu le banditisme au point que l’incompétence, l’ignorance et la violence deviennent la principale veine de la société.
222 ans après, nous continuons de faire du folklore. Nous n’arrêtons pas de désacraliser nos fêtes nationales. Elles ont été, depuis quelques années, transformées en journée de manifestation anti-gouvernementale. Aujourd’hui, on ne peut même pas se rendre sur les sites historiques. Peut-on plonger davantage ? Autant que nous savons que l’abîme n’a pas de profondeur, autant que nous avons conscience que nous sommes déjà dans l’abîme, nous pouvons nous demander également, est-ce qu’il est possible de continuer à chuter ?
Combien de temps encore les fêtes continueront d’exister que de nom ? Combien de temps resterons-nous pour ne plus parler de fêtes nationales dans ce pays au regard de la conjoncture ? Que représente pour nos dirigeants le symbolisme du drapeau ? Quelle est leur conception de l’université et de la recherche scientifique ? Décortiquant ce que dissimule une telle journée. La valeur historique qu’elle charrie. Les enseignements qu’elle apporte, c’est sans conteste de dire qu’on a souillé la prouesse de nos ancêtres. C’est le jour le plus symbolique pour enterrer la hache de guerre et repartir sur de nouvelles bases.
Malheureusement, paraît-il, on n’a même pas encore mis la graine en terre, voire espéré qu’elle germe rapidement. Chacun de son côté se renforce dans son arrogance, profitant des juteux avantages que leur procure la conjoncture.
Malgré tout, bonne fête du drapeau et de l’université à tous nos lecteurs.
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984@gmail.com