La commune de Kenscoff, réputée pour ses cultures potagères, est désormais sous le contrôle des gangs armés. Cette situation affecte grandement la production et l’acheminement des fruits et légumes. Elle entraîne une flambée des prix sur les marchés de la région métropolitaine de Port-au-Prince et menace l’approvisionnement alimentaire de milliers de personnes.
En raison des attaques incessantes des gangs armés à Kenscoff, les activités agricoles sont fortement perturbées et les routes vitales pour l’approvisionnement des marchés sont paralysées. Cette situation chaotique entraîne une augmentation spectaculaire de leurs prix.
En effet, les violences qui sévissent à Kenscoff ont des conséquences humanitaires et économiques graves. Elle affecte gravement la production agricole, qui est essentielle à la subsistance d’une grande partie de la population de cette commune. De plus, Kenscoff est un important fournisseur de fruits et légumes pour plusieurs marchés de la capitale, dont les marchés « telele », « tèt dlo » et le marché public de Pétion-ville…
Lors d’une visite effectuée par le journal Le Quotidien News au marché public de Pétion-ville, le vendredi saint, nous avons constaté une hausse significative des prix des fruits et des légumes. Par exemple, le prix d’une tête de laitue a plus que triplé, passant de 50 à plus de 150 gourdes. Les prix des choux et des carottes ont doublé, passant de 100 à 200 gourdes. Le prix de l’aubergine a également doublé.
Madame Pierre, une vendeuse de légumes habituée des lieux, se plaint : « Avant, un petit sac de laitue coûtait 1500 gourdes, aujourd’hui, il faut au moins 2500 gourdes. Et encore, quand on arrive à en trouver, les clients se font rares, et ceux qui s’arrêtent hésitent longuement devant les prix affichés ».
À Kenscoff, les champs, autrefois source de revenus et de nourriture, sont devenus des zones à risque. Monsieur André, un déplacé de Kenscoff rencontré dans un « tap tap » assurant le trajet Juvénat Pétion-ville, raconte avec amertume : « On ne peut plus travailler nos terres tranquillement. Les gangs sont partout, ils nous volent, ils nous empêchent de transporter nos récoltes vers les marchés ».
« Nous avons dû fuir nos maisons à cause de la violence. Tout a été saccagé. On ne peut plus cultiver, on ne peut plus rien faire. Comment allons-nous nous nourrir, comment allons-nous reconstruire nos vies ? C’est toute une région qui souffre », se désole-t-il.
Les récentes attaques des gangs armés dans la commune de Kenskoff ont saccagé la commune, des maisons ont été brûlées, des gens ont été tués. Cette situation met en évidence la vulnérabilité de l’économie locale face à l’insécurité.
Selon le dernier rapport du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), de janvier à mars, les attaques des gangs de la coalition « Viv ansanm » ont fait au moins 262 morts, et 66 blessés. Parmi les victimes, 53 % appartiennent à la population civile, tandis que 47 % seraient affiliées à des groupes criminels. Ils ont incendié plus de 190 maisons et saccagé de nombreuses autres. Plus de 3 000 personnes ont fui leur domicile.
Par ailleurs, dans la nuit du 17 au 18 avril 2025, les bandits ont mené une énième attaque contre ladite commune. Selon les informations rapportées par le maire de la commune au journal Le Nouvelliste, les bandits se sont approchés du carrefour Maroca, situé à proximité du centre-ville où se trouvent l’Église catholique, le commissariat et la mairie de la ville. Face à cette escalade de violences, l’on se demande : que font les autorités au pouvoir ?
Marie-Alla Clerville