Les circuits de transport publics en Haïti, entre précarité et irrégularité !
5 min readDans les rues, les moyens de transports affluent. Partant des moyens de transports privés aux moyens de transports publics, les rues sont bondées de véhicules. Taxis, camionnettes, bus et motocyclettes sont disposés à véhiculer la population à l’autre bout du pays. Cependant, entre les pénuries récurrentes de carburant donnant lieu à des grèves, les routes non sécuritaires, l’inconfort dans les transports en commun et la hausse incontrôlée des coûts, les passagers se plaignent constamment.
À l’ère du développement et de la technologie, la circulation routière en Haïti demeure encore un véritable casse-tête. Les véhicules de transport en commun fonctionnent dans des conditions inappropriées. Ces derniers sont, par ailleurs, utilisés par une majorité écrasante de la population locale. D’ailleurs, même si une personne possède un véhicule privé, il est presqu’impossible de ne pas utiliser les transports publics. Pour gagner du temps ou pour en perdre, les véhicules de transport en commun sont les moyens incontestables d’y parvenir dans les deux cas.
Si ces derniers facilitent les déplacements de la population, les conditions dans lesquelles ils le font sont questionnables. D’ailleurs, la plupart des véhicules sont usagés et en piteux état, de l’extérieur comme de l’intérieur. Les passagers se résignent donc à circuler dans un total inconfort. En plus d’être inconfortables, ils sont, fort souvent, entassés les uns sur les autres, en raison du fait que les chauffeurs de tap-tap, de taxi et de bus exigent que toutes les places disponibles soient remplies, qu’importe le prix.
Les véhicules sont là pour attirer. Cependant, l’aspect extérieur de certains n’a rien d’attrayant. Mal entretenus, nombre d’entre eux sont en de très mauvais état et sont même très dangereux. Les portières sont mal assurées et les vitres très fragiles. Les feux de signalisation sont incomplets ou inexistants. Ils n’ont pas de rétroviseurs. Les sièges, les bancs pour passagers sont extrêmement inconfortables. En plus de cela, les tap-tap et les bus ont la mauvaise habitude de transporter des personnes debout, le fameux phénomène “cerceau” qui est extrêmement dangereux. Et que dire des motocyclettes qui transportent plus de deux passagers, sans casques de protection !
Les véhicules de transport en commun sont également de véritables machines à tuer. Déjà qu’en Haïti, les infrastructures routières sont très négligées par les autorités nationales. La détérioration des routes, le manque de canalisation, ajouté à cela, les véhicules en mauvais état mettent quotidiennement en péril la sécurité publique. Les accidents qui se produisent régulièrement sur la voie publique font généralement beaucoup de victimes et l’état des véhicules en question n’est pas une donnée négligeable.
Du point de vue sanitaire et environnemental, l’état dans lequel circulent les véhicules a beaucoup d’impact sur l’environnement. Émettant des gaz à effet de serre, à longueur de journée, ils contribuent grandement à augmenter la pollution qui prend de plus en plus d’ampleur en Haïti. En effet, de plus en plus nombreux dans le pays, les taxis, les camionnettes, les bus et les motocyclettes impactent grandement et négativement l’atmosphère.
Depuis quelques années, les circuits de transport public se dégradent. Les parcours qui s’effectuaient en une demi-heure, durent une heure et plus. Avec l’émergence de l’insécurité, la capitale s’est transformée en une coquille d’œuf. Beaucoup de zones sont très sensibles et très fragiles. Certains endroits sont complètements impraticables. Ce qui conduit à une concentration de la circulation dans des zones précises où il est plus facile de circuler. Toutefois, la libre circulation n’existe presque plus dans le pays. Elle dépend de l’humeur des chefs de gang qui font la pluie et le beau temps dans la République.
À côté de l’insécurité paralysante, il y a la pénurie de carburant qui impacte fortement le secteur des transports publics. Le manque de carburant qui sévit dans le pays depuis quelques temps frappe fortement l’économie. « Tout ce qui se fait rare, augmente en valeur », dit-on. Ainsi, le carburant est comme de l’or, pour ceux qui en possèdent. Devenu un commerce sur le marché informel, son prix peut doubler, voire tripler. Alors, les chauffeurs de transports publics se voient, eux aussi, obligés d’augmenter le prix des transports, malgré le mécontentement des passagers.
Récemment rencontré par la rédaction de Le Quotidien News, un chauffeur de taxi évoluant à Delmas et à Turgeau s’exprime sur la question. « Contrairement à ce que pensent les passagers, la pénurie de carburant n’est pas profitable aux chauffeurs. Comme eux, nous nous débattons tous les jours. En achetant, un gallon à 1500 gourdes même si les passagers me payent 100 gourdes, je fais une perte. En plus, l’État n’a pas fixé le prix des transports », se plaint le jeune homme. « Comme tout le monde, je voudrais trouver du carburant au prix normal dans les stations-services. D’ailleurs, l’augmentation des prix du carburant implique l’augmentation de tous les articles », conclut l’automobiliste.
La hausse des prix des véhicules de transport est devenue très courante ces dernières semaines. Sans prévenir, les chauffeurs doublent le prix ou y ajoutent quelques gourdes. Les passagers et les chauffeurs sont en duel perpétuel pendant que le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) qui devrait régulariser les prix des transports publics, ne prend pas ses responsabilités. Les chauffeurs sont livrés à eux-mêmes et prennent donc seuls les décisions, quand les circonstances l’imposent.
Les circuits de transport en Haïti devraient être sous le total contrôle de l’État. C’est aux instances concernées, particulièrement, à la Police Nationale D’Haïti qui est responsable de la sécurité publique et routière de veiller à la règlementation des véhicules sur le territoire national. Les autorités concernées doivent impérativement prendre leurs responsabilités pour régulariser les moyens de transports publics, qui vacillent, aujourd’hui, entre précarité et irrégularité.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis