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« Les femmes haïtiennes sont les véritables artisanes de la production nationale » 

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C’est la fête des mères en ce dernier dimanche du mois de mai. Entre foire gastronomique et artisanale, conférence-débat, consultations médicales, le Club « He For She » de l’Université Quisqueya a honoré plusieurs dizaines de mamans et organisé un forum de discussion autour de l’alphabétisation et de l’autonomie des femmes. Intervenant dans ce forum, l’économiste Odil Périque estime que les femmes jouent un rôle prépondérant dans l’économie haïtienne.

De neuf heures du matin à trois heures de l’après-midi en ce 26 mai 2023, les activités à l’occasion de la fête des mères ont coloré la cour de l’Université Quisqueya qui, depuis quelques jours, est un peu moins fréquentée à cause de la menace des gangs qui plane sur la zone. Produits alimentaires, vêtements, bijoux et autres objets artisanaux aux saveurs et couleurs locales, autant de propositions pour cette foire à l’Université Quisqueya.

Pour Katiana Jean, Présidente du Club « He For She », l’organisation de cet évènement traduit son « immense respect » pour les efforts consentis par sa propre mère, ainsi que par  toutes les autres mères. Selon elle, être mère, quelle que soit la condition, n’est pas une tâche facile. « Aujourd’hui, je comprends mieux la charge énorme qui pèse sur le dos des femmes. Quelle que soit la femme, aisée ou pas, avoir un enfant demande beaucoup de sacrifice, les mères ne seront jamais assez honorées », a-t-elle affirmé devant les nombreux participants à la conférence-débat.

Les quatre intervenants à cette conférence ont tous reconnu le rôle de premier plan que jouent les femmes dans la société haïtienne. Pour Georges Wilbert Franck, Directeur de formation et du perfectionnement au Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) qui intervenait sur la thématique, « Impact de l’alphabétisation et de l’autonomisation des femmes dans l’éducation de leurs enfants pour un avenir durable », ces femmes haïtiennes font un travail extraordinaire dans la société haïtienne, en particulier dans le domaine de l’éducation des enfants où elles sont les plus présentes. Toutefois, la culture du patriarcat est tellement forte dans le pays que, selon le professeur Georges Wilbert Frank, « dans la transmission des valeurs, les femmes ont tendance à contribuer au renforcement des tendances patriarcales en attribuant aux enfants une série de tâches en fonction de leur genre ».

Pour Odil Périque qui, lui, est économiste et membre fondateur du Groupe de Recherches Économiques et Financières à l’appui des Arts et des Métiers (GREFARM), intervenant sur la thématique « Comment l’alphabétisation et l’autonomisation des femmes peuvent-elles contribuer à une économie durable ? », la société haïtienne doit trouver le moyen de permettre aux femmes de s’établir totalement dans le système économique et financier, leur apprendre la culture du numérique et les aider à faire une meilleure gestion des portefeuilles électroniques afin de s’intégrer parfaitement sur le marché haïtien et ailleurs.

Selon lui, « les femmes haïtiennes sont les véritables artisanes de la production nationale », que ce soit dans la paysannerie ou dans les industries, et elles sont les plus actives dans le domaine du commerce, surtout au niveau du marché informel. L’économiste reste convaincu que l’alphabétisation des femmes peut leur permettre de développer leurs potentiels, et combattre ainsi l’inégalité sociale. « L’accès à l’éducation est un droit fondamental qui renforce les libertés individuelles des femmes, et les aide à combattre les discriminations dont elles sont victimes », a-t-il expliqué avant d’affirmer que l’alphabétisation est « un moyen d’accéder à l’information, aux connaissances, aux qualifications, à la compréhension et au pouvoir ».

De son côté, Christine Coupet Jacques, CEO de DAGMAR, société de publicité et de marketing, intervenait sur la thématique : « Inspirer les femmes à entreprendre pour un avenir durable ». Dans son intervention, l’entrepreneure a mis l’accent sur la nécessité pour les femmes haïtiennes de « dépasser les frontières et briser les limites imposées ». Aux termes de son intervention qui était un véritable discours de motivation, Mme Jacques a reconnu l’importance de l’activité féminine dans la société haïtienne, et a conclu que « toutes ces femmes haïtiennes qui se débrouillent dans la rue, au marché, dans les quartiers, dans la paysannerie, dans l’informel ou pas, sont des entrepreneures ».

Et enfin, ce fut la place au débat contradictoire sur l’égalité de genre lors de l’intervention du psychologue, Shelo François. Intervenant sur le thème « L’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes, un atout fondamental pour une société équitable », les avis du public étaient partagés quant aux droits individuels et leur impact sur la société. 

Aux termes de cette journée d’activités en l’honneur des mères, le Club « He For She » s’est dit reconnaissant, et s’engage à supporter et à honorer les femmes haïtiennes dont  l’apport est inégalable.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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