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Les gains de change, l’une des principales sources de revenus pour les banques, la BRH détaille

« Avant l’application de la circulaire 114, les gains de change ne dépassaient pas les 700 000 gourdes par trimestre pour l’ensemble du système. Cependant, après la forte appréciation de la gourde en août 2020 et la mise en œuvre de la circulaire 114, ils ont drastiquement augmenté, atteignant en moyenne 1,25 million de gourdes par trimestre, avec un pic de plus de 1,7 million de gourdes en juin 2022. Après ce sommet, les gains de change montrent une légère diminution, mais restent à des niveaux élevés par rapport aux premières observations », a indiqué la BRH dans son « Cahier de Recherche #7 » paru en août 2025.

L’analyse des données avancées par la BRH sur la période allant de décembre 2014 à mars 2024 montre que les revenus générés par les opérations de change au niveau des banques ont gagné en importance à travers le temps. En effet, l’évolution qu’ont connue les gains de change s’est reflétée dans leur rapport avec le produit net bancaire (PNB), et avec le faible dynamisme au niveau du crédit bancaire lié à la dégradation du climat d’affaires, les gains de change sont devenus importants au fil des années, représentant l’une des principales sources de revenus pour les banques, explique la Banque de la République d’Haïti (BRH).

« Ce cahier de recherche» de la BRH souligne que « le changement dans l’apport des gains de change au bénéfice des banques a été soutenu essentiellement par les banques privées notamment, BUH, Capital Bank, Sogebank et Unibank.» Hormis la Citibank, ajoute-t-il, le ratio « gains de change sur PNB » pour l’ensemble du système évoluait relativement de manière stable autour d’une certaine moyenne.

Cependant, après septembre 2020, la BRH a fait savoir que deux phénomènes ont pu être remarqués. « D’abord, le ratio a augmenté, reflétant la hausse rapide des gains de change. Ensuite, une grande volatilité a caractérisé l’évolution du ratio, indiquant quelque part la recherche de stratégies par ces banques pour intégrer la mesure dans leurs comportements, des efforts pour augmenter ou conserver les parts de marché avec l’augmentation de l’offre de devises dans le circuit formel, facilitée par la mesure ».

Par ailleurs, la BRH a mis l’accent sur un autre fait qu’elle qualifie d’« important ». Celui-ci concerne les banques privées. En effet, ces dernières ont enregistré les niveaux de gains de change les plus élevés de leur histoire au cours des deux trimestres ayant suivi la forte baisse du taux de change et l’application de la circulaire 114. Il importe de mentionner, selon la BRH, que ces deux évènements ont conduit à une augmentation de l’offre de devises. « En effet, certains acteurs ont dû réduire leur position en dollars pour diminuer leur potentielle perte et parallèlement, d’autres en ont profité pour renforcer leur position en raison de la baisse du taux », a expliqué la BRH.

Coup d’œil sur l’analyse du ratio au niveau des banques de manière individuelle selon la BRH

1. BUH (Banque de l’Union Haïtienne): Le ratio « gains de change sur PNB » varie de manière significative, atteignant une moyenne de 11% pour la période précédant septembre 2020. Les hausses les plus notables sont observées après et le ratio a évolué en moyenne à 13 %, avec un pic de 24 % en septembre 2022. Cependant, en septembre 2023, le ratio a été de -71 % malgré le fait que les gains de change aient connu le niveau le plus élevé, soit 154,31 millions de gourdes. En effet, ce chiffre a été observé en raison du PNB négatif résultant des pertes de 924,33 millions de gourdes enregistrées dans la rubrique « Autres » des autres revenus.

2. Capital Bank : L’analyse du ratio montre qu’après la Unibank, la Capital Bank est la banque la plus active sur le marché des changes, bien qu’en considérant les gains de change en valeur absolue, elle ne représente que la quatrième banque du système. En effet, sur la période précédant septembre 2020, le ratio a été peu stable, oscillant entre 7 % et 17 % pour un niveau moyen de 9 %. Au cours de la deuxième sous-période, le ratio a augmenté sous l’effet de la hausse des gains de change. En effet, évoluant autour d’une moyenne de 19 %, la progression du ratio témoigne d’une amélioration de la performance de la Capital Bank dans les opérations de change et du renforcement des gains de change comme sources de revenu pour cette institution bancaire.

3. Citibank : Contrairement aux autres banques, Citibank maintient un ratio très élevé, variant entre 30 % et 60 %, avec peu de fluctuations majeures sur la période sous étude. Ce ratio important indique que les gains de change constituent presque la principale source de revenus de cette institution. Ceci peut être lié au fait que les clients de la Citibank renvoient principalement à des institutions étrangères (ambassades, institutions internationales et ONG) et elle n’est pas très versée dans les activités de crédit.

4. Sogebank : L’analyse de la Sogebank montre que le ratio a évolué relativement de manière stable avant et après septembre 2020, avec comme différences, une plus grande volatilité durant la première sous-période et une augmentation du niveau moyen au cours de la seconde. En effet, avant septembre 2020, le ratio a varié entre 4 % et 13 % pour une moyenne tournant autour de 9 %. Après ce trimestre, le ratio est devenu plus important par suite de l’accroissement des gains de change et, parallèlement, une réduction de l’amplitude de ses variations d’un trimestre à l’autre. Au fait, le niveau moyen du ratio est passé à 14 % et ce dernier s’est inscrit dans une fourchette allant de 9 % à 18 %.

 5. Unibank : Pour la Unibank, le ratio a été peu stable sur la période allant de décembre 2014 à septembre 2020, avec un niveau moyen de 10%. Il a varié entre 2,4 % et 28 %, résultant notamment des mouvements des gains de change. Sur la seconde sous-période, le ratio est devenu plus important avec l’augmentation des gains de change, lesquels sont passés d’une moyenne de 147,32 millions de gourdes à 573,3 millions de gourdes. Ainsi, le ratio a atteint une moyenne de 20,6%, avec des pics 30,5 % et 31% entre décembre 2020 et mars 2021.

Pour les deux banques publiques, le ratio a été relativement stable sur l’ensemble de la période, à l’exception de quelques valeurs extrêmes observées pour la BPH. S’agissant de la BNC, le niveau moyen a tourné autour de 4,6 % alors que pour la BPH, il s’est établi à 6,7%. Contrairement aux banques privées, les banques publiques ont vu leur ratio diminuer au cours de la seconde période sous l’effet d’une évolution à la baisse du rythme de croissance des gains de change.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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