Alors que la date fatidique du 7 février 2026 avance à grand pas, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui a passé tout son mandat à tergiverser, annonce un miracle : celui d’organiser les élections à travers tout le pays avant qu’il plie bagage. Un pari osé, irréaliste au regard de la conjoncture.
Ce projet qui traîne en longueur depuis presque deux ans n’a, vraisemblablement, pas été une priorité pour le gouvernement qui n’a jamais posé une action montrant sa velléité d’accomplir cette mission (pour laquelle il a été institué). Mis à part la constitution du CEP, tout le reste du processus a été volontairement mis au placard. Paradoxalement, et sous pression de la communauté internationale, les gouvernants indiquent des dispositions en vue de prochains scrutins à trois mois de leur mandat.
De fait, le contexte sociopolitique n’est pas propice. Le momentum également. Le pourrissement des conditions sécuritaires demeure un enjeu majeur. En plus de la population qui est en pleine migration, beaucoup de zones ne sont pas accessibles aux structures politiques et aux candidats qui souhaiteraient mener leurs campagnes tranquillement. Bizarrement, ils sont nombreux ces partis et regroupements de partis à endosser cette démarche en exprimant leur volonté manifeste de cautionner cette activité incertaine.
Cet empressement du CEP qui a lancé le processus par la distribution du texte de projet de décret de loi est inquiétant. L’engouement des acteurs politiques à supporter l’exercice préoccupe aussi. Contrairement à eux, le peuple végète dans la misère. Ils ignorent l’importance de la population comme actrice dans le processus. Ils veulent tout accrocher : l’argent de la campagne et la satisfaction de répondre aux caprices des étrangers qui poussent pour un projet qui paraît mort-né.
En ce qui concerne l’insécurité, on est très loin d’une solution durable car ce n’est pas, en fait, une préoccupation pour l’État qui pense en avoir le plein contrôle. Organiser des élections dans un contexte pareil suppose que nous nous trompons vertement sur cette réalité. Que nous aggravons une situation qui est pourtant normale. Que nous ajoutons un petit trop à la réalité. Dans un autre sens, il peut symboliser le degré de cruauté et d’insouciance du pouvoir qui a voulu terroriser et torpiller la population alors qu’il a la capacité de neutraliser ces groupes armés en espace de moins de trois mois.
De toute évidence, ce scénario qui est en train de se dessiner n’a du tout pas bon goût. Il ne donne aucune garantie sur la possibilité effective d’organiser ses joutes dans le temps envisagé. Il ne garantit pas non plus aucune amélioration des conditions de vie de la population dans la mesure où ce miracle a lieu. Car dans une conjoncture similaire, le processus sera source de contestation et les vainqueurs qui y seront sortis ne jouiront pas d’une crédibilité absolue aux yeux de tous pour avoir pris part à un tel processus sans exiger le minimum.
Daniel Sévère
