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L’homme qui murmure à l’oreille de Donald Trump pour blanchir l’Amérique

« Envoyez-les moi, les déshérités que la tempête m’apporte… » (Emma Lazarus)

Cette phrase extraite d’un poème d’Emma Lazarus 1 est gravée, comme une invitation aux immigrants, sur le socle de la Statue de la Liberté aux USA. L’Amérique a-t-elle renié sa vocation ? Voyons voir !

Selon un vieil adage, le bon génie naît de siècle en siècle. En est-il de même pour le mauvais, son âme damnée ? N’empêche, nos souvenirs de lecture à propos des évènements des années 30-45 en Europe nous donnaient déjà froid dans le dos. Le même décompte dans l’actuelle décennie n’augure aujourd’hui rien de positif. À présent, les élucubrations, les soubresauts du génie du mal font trembler la base du temple au niveau mondial. Allons voir de quel bois il se chauffe !

L’un des auteurs de ce fatal revirement se nomme Stephen Miller, de confession juive. Étant chef de cabinet-adjoint de la Maison-Blanche, il inspire toutes les décisions de Trump en matière d’immigration. Il est allergique à tous les nouveaux arrivants, surtout les Arabes, les Noirs, les Latinos, etc. La politique de séparation des familles à la frontière est bien de lui. Ses propres parents l’envoient paître pour son absence de solidarité envers ces déshérités de la terre.

Or une virgule plus tôt, Miller ne serait pas citoyen américain. Il n’y serait même pas né. En 2018, son oncle, David Glosser, le traitait d’«hypocrite » sur le blog d’informations Politico. En effet, il rapporte que les aïeux de Miller, arrivés aux USA quelques années avant le pogrom, ont échappé de justesse à la fermeture des frontières américaines, contre des millions de Juifs en fuite, sous la pression des adeptes du Nativisme. Les malheureux refoulés ont été tous massacrés par la suite par les nazis.

Et c’est quoi, au juste, ce Nativisme ? D’après la toute dernière théorie, c’est une idéologie rétrograde, fondée sur la peur des immigrants, sur une nostalgie identitaire, selon laquelle le degré d’appartenance à une nation se mesure en matière d’ancienneté» et, partant, d’une certaine forme de « pureté 2 ». Pureté, mon œil ! Vous me voyez venir. Tout est prétexte à la blanchité.

Et l’Allemagne, avec son propre concept, qui se définit par la « Race aryenne » se rapproche de cette doctrine quant à la perfection de l’espèce, au point que des Juifs, de sixième génération, qui se croyaient Allemands de souche, se retrouvaient pieds et mains liés devant le peloton d’exécution des nazis. C’est un outil d’ingénierie sociale qu’on repêche sous de différents noms dans le socle idéologique du Rassemblement National de Marine Le Pen ou chez Éric Zémour, une dynamique immatérielle avec des visées non avouées.

Et triste paradoxe, ce Miller, qui rédige les discours de Trump, est un descendant de cette race martyrisée au nom de ces idées saugrenues, au cours de la 2e Grande Guerre. Dans le livre de J. Guerrero, « Hatemonger » ou (Fomenteur de haine), ont été rapportées les paroles d’un autre de ses oncles, Bill Glosser, qui traite ce présomptueux de « trou de cul », de « crétin prétentieux ».

Néanmoins, c’est un sujet d’intérêt que chevauchait déjà l’organisme « Heritage Foundation », un Think Tank de droite, ultraconservateur, à la source de l’ouvrage phare « Project 2025 », un bouquin proposant une feuille de route à Donald Trump. Ce que ce dernier avait maintes fois récusé en mentant effrontément tout au long de sa campagne électorale. Aujourd’hui, les divers programmes de ce document en partie anti-immigration sont mis en application par sa présidence à un rythme effarant.

Selon Richard Hétu de La Presse, «Miller avait planifié les assauts actuels de Donald Trump contre les fondements de la nation américaine, y compris la citoyenneté de naissance garantie par le 14e amendement 3 de la Constitution ». Quand Trump désigne les expatriés Mexicains au même degré que « des animaux », des « vendeurs de drogues » qui rentrent au pays pour violer des femmes, les musulmans pour de potentiels terroristes, ou les Haïtiens comme des mangeurs de chiens, de chats des voisins, voyez la main de son rédacteur, derrière ces farces grotesques.

Toute dénonciation de ce Stephen Miller a été décrite pour montrer  sa haine des immigrants, étant lui-même descendant de ces derniers. Mais ne nous y trompons point, il n’est pas le seul. En dessous de la table se faufile une armée qui s’anime dans l’ombre, « évoquant une invasion des États-Unis par des criminels venus de l’étranger ». D’ailleurs, l’acceptation, ce mois-ci, des fermiers sud-africains à titre de nouveaux arrivants, nous annonce d’avance la couleur de l’avenir. L’expression de « Great Reset », mieux connue sous l’appellation de « Grand Remplacement », effraie déjà la race blanche. Donc, les acteurs s’entredéchirent pour éviter cet état de fait appréhendé.

Mais, revenons sur terre. Nous avons un coin de paradis prénommé Haïti. Par la méchanceté, l’insinuation, l’envie, nous sommes devenus un loup pour l’autre. « Ses fils dégénérés » n’hésitent point à débaucher, à défalquer la caisse pour aller vivre, les poches bien garnies, dans les parenthèses enchantées. S’exiler, avec l’arrière-pensée que notre soudaine richesse nous ouvrira toutes les portes, demeure une utopie, en rapport à la versatilité de l’être ? La réappropriation de notre sol demeure l’unique solution. Nulle part, nous ne sommes les bienvenus.

En conséquence, soyons plus ou moins rationnels pour laisser à nos héritiers un coin où se réfugier quand le 14e amendement 3 sera reformaté. Car le trumpisme n’est pas qu’un simple épisode de télé-réalité. Loin de s’annihiler, il pourrait contribuer à notre effacement de la surface de la Terre.  

Je prie le ciel, mille fois, pour la non édification de cette blanchitude rêvée, cette MAGA secrète qui ne dit pas son nom, puisque nous risquons de nous retrouver gros jean comme devant, n’ayant plus de pays où déposer nos besaces.

Max Dorismond

–NOTE—

1 — Ce sont quelques vers gravés dans le bronze, au pied de la statue de la Liberté dont la torche se dresse haut dans le ciel, à l’entrée du Nouveau Monde. Ils sont extraits d’un poème écrit en 1883 par Emma Lazarus, fille d’une famille de juifs portugais installée à New York, révulsée par les pogroms russes et sûre que son pays serait le refuge des réprouvés. «Donnez-moi vos pauvres, vos exténués, qui en rangs pressés aspirent à vivre libres. […] Envoyez-les moi, les déshérités, que la tempête m’apporte. J’élève ma lumière et j’éclaire la porte d’or!» Source : Le journal «Libération». (Août 2015).

2 — Voyez les livres : Le nativisme, une nostalgie identitaire de Christophe Bertossi, Jan Willem Duyvendak… ou Les petits matins, ouvrage écrit par Aurélien Taché

3 — Le 14e amendement de la Constitution américaine garantit la citoyenneté de naissance. Tout enfant né sur le territoire américain est de facto citoyen, même si ses parents sont des illégaux. Trump pense s’attaquer à ce droit sacré pour déconstruire selon lui l’hypocrisie de l’immigration.

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