Le Quotidien News

L'actualité en continue

Luck Mervil reconnu coupable d’une agression sexuelle perpétrée il y a 25 ans à Rimouski

Le chanteur et animateur haïtiano-canadien Lucknerson Mervil, plus connu sous le nom de Luck Mervil, a été déclaré coupable, jeudi 7 août 2025, d’une agression sexuelle remontant à 25 ans. Le jugement, rendu par le juge James Rondeau au palais de justice de Rimouski, a mis fin à une longue attente pour la victime, une jeune femme alors âgée de 19 ans, qui a dénoncé l’acte après deux décennies de silence.

Né le 20 octobre 1967 à Port-au-Prince en Haïti, Luck Mervil s’est fait connaître au Québec dans les années 1990, notamment en participant à un concours musical radiophonique en 1993. Son talent l’a rapidement propulsé sur le devant de la scène, surtout pour son rôle de Clopin dans la célèbre comédie musicale « Notre-Dame de Paris ».

Pourtant, derrière cette popularité, l’image de l’artiste allait être compromise par des accusations d’agressions sexuelles. Lors du procès tenu en février dernier, la victime, dont l’identité est protégée, a raconté avec émotion cette nuit cauchemardesque du 23 au 24 juin 2000, à Rimouski.

Elle se trouvait dans un bar populaire où elle était venue voir des amis. Là, elle a rencontré l’artiste qui participait à un spectacle pour la fête de la Saint-Jean-Baptiste. La discussion fut cordiale, mais la soirée a rapidement tourné au drame. Après avoir laissé sa bière près de lui, la jeune femme s’est sentie soudainement étourdie, avant de perdre conscience.

Ce n’est que plus tard qu’elle s’est réveillée dans une chambre d’hôtel, découvrant avec horreur que Luck Mervil était sur elle, en train de la violer. Dans son témoignage, elle a décrit son désarroi, sa peur et son effroi, affirmant avec fermeté qu’elle n’avait jamais consenti à cette relation sexuelle.

Face à ces accusations, l’artiste avait nié en bloc, arguant qu’il n’était pas du genre à sortir seul dans un bar et qu’il n’avait aucun souvenir de cette rencontre. Il a même avancé une thèse d’erreur sur la personne, évoquant les confusions fréquentes avec d’autres artistes noirs québécois tels, Anthony Kavanagh ou Gregory Charles.

Mais cette défense n’a pas convaincu le tribunal. Le juge a dénoncé un témoignage « imprécis », « marqué par des déductions, des généralités et des oublis ». Plusieurs contradictions ont été relevées, notamment entre le récit de Luck Mervil et celui de son frère ou de son comptable, qui lui avait prêté une voiture ce soir-là.

Cette affaire rappelle que Luck Mervil n’en est pas à son premier passage devant la justice. En 2018, il avait été condamné à six mois de détention dans la collectivité après avoir plaidé coupable à des accusations d’exploitation sexuelle sur une adolescente de 17 ans.

Aujourd’hui, Luck Mervil fait face à la justice une nouvelle fois. Il a annoncé, par le biais de son avocate, Me Véronique Talbot, son intention de faire appel de la décision. « Il maintient son innocence », a-t-elle affirmé.

Le tribunal a ordonné la confection d’un rapport présentenciel avec volet sexologique. Les prochaines étapes juridiques, dont les observations sur la peine, sont prévues pour une date ultérieure, avec un retour en cour programmé pour le 6 novembre.

Cette affaire soulève des questions douloureuses sur le poids du temps dans les procès d’agressions sexuelles et sur la difficulté pour les victimes de briser le silence, souvent par peur ou par honte. Pour la plaignante, ce verdict est une forme de justice longtemps attendue, 25 ans après avoir subi un traumatisme qui a marqué sa vie.

Marie-Alla Clerville

Laisser un commentaire