Me Claude Junior Charles : Une suspension au Barreau de P-au-P pour une expérience plus fascinante
6 min readMe Claude Junior Charles n’a pas encore trois ans au Barreau de l’ordre des avocats de Port-au-Prince. Cependant, il y a déjà marqué les esprits, les grands notamment. Sa courte absence laisse un long vide à cette corporation. Mais ses confrères et consœurs peuvent se rassurer : Claude Junior Charles laisse le pays à destination du Canada dans la perspective de la continuité de l’ornement de son esprit. Il effectue actuellement une maîtrise en droit des affaires à l’Université Laval. Et, son séjour au Canada n’étendra pas au-delà de la durée des études, a-t-il garanti.
Dans le monde juridique haïtien, les professionnels sont plutôt attirés par des masters en criminologie, sciences criminelles, droit public, etc. Pourquoi Me Claude Junior Charles a-t-il jeté son dévolu sur le droit des affaires ?
Selon lui, deux raisons peuvent expliquer ce choix. Premièrement, la nonchalance de ses collègues concernant le droit des affaires représente pour lui un atout. Il croit que cela crée la possibilité de constituer un achalandage excellent dans ce domaine. Deuxièmement, ce choix est l’expression d’une reconnaissance. Peu de temps après son initiation au monde de la basoche, Me Charles s’est vu confier une affaire relative à la création d’une société commerciale. Heureusement surpris, le stagiaire qu’il était s’est interdit la moindre erreur dans le cadre du traitement de ce dossier. Me Charles a combiné savoir-faire, amour et surtout passion pour le réussir. Son objectif fut atteint. Et, comme honoraire, le montant reçu n’était pas, à ses yeux, insignifiant. Rappelons que les avocats-stagiaires ne traitent que des dossiers pénaux pour lesquels ils ne reçoivent presque rien en termes d’argent.
Claude Junior Charles est de ces rares jeunes qui planifient avec minutie tout ce qu’ils entreprennent. Les moindres détails sont contrôlés. Et, c’est cette attitude d’organisation qui lui vaut l’atteinte de son objectif, aujourd’hui.
Un jeune plaideur qui inspire les avocats
Claude Junior Charles a réussi le concours du Barreau de l’ordre des avocats de la capitale en juin 2016. Le 3 mai 2017, il a prêté le serment où il s’engage solennellement à respecter les principes essentiels de la profession.
Parmi plusieurs dizaines d’élèves avocats de sa promotion, Claude Junior Charles a été désigné pour prononcer le discours de circonstance. Lequel discours a permis au public de dévoiler le bon orateur en Me Charles. À la fin de la cérémonie, des avocats de grande renommée dont le Bâtonnier Stanley Gaston et le Secrétaire de l’ordre Jean Bergemane Berette l’ont félicité. Neuf jours plus tard, Claude Junior Charles a été plébiscité afin de participer à un procès simulé qui avait eu lieu à l’évènement annuel du cabinet de Me Patrick Laurent et associés baptisé « Salon du droit ». Il se faisait encore remarquer par sa manière particulière d’assurer cette plaidoirie sur la proposition de loi sur la diffamation.
Par sa passion et l’excellence dont il fait montre lors dudit procès, Claude Junior Charles a conquis le cœur de plusieurs avocats. Ces derniers étaient nombreux à l’inviter à intégrer leurs cabinets respectifs après sa plaidoirie. Des invitations auxquelles il a gentiment décliné en raison de son indisponibilité, car il travaillait parallèlement à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif.
Champion du concours de plaidoirie organisé par le Barreau de Port-au-Prince (Haïti) en mai 2018, Claude Junior Charles, représentant dudit Barreau, a débattu, en mai 2019, la thèse négative de la peine de mort face à des adversaires du Barreau de Paris (France). S’il n’est pas de la politique des organisateurs de cette activité de désigner de champion dans le cadre de cette fascinante activité, la performance de Me Charles a encore été saluée. Il a traité de manière méticuleuse le sujet. Des membres de la basoche étaient unanimes à le reconnaître.
Assistant-légal dans le cadre du programme charrié par le Bureau d’assistance légale (BAL), Me Charles défend les accusés et prévenus démunis au tribunal de première instance de Port-au-Prince. En si peu de temps, les avocats du Barreau et juges qui ne le connaissent pas ne sont pas nombreux.
Claude Junior Charles n’a pas rêvé d’être avocat
Si pour beaucoup, Claude Junior Charles a le droit dans ses veines, cette discipline ne s’inscrivait pourtant nullement dans son agenda. Il rêvait plutôt de faire des études en génie électromécanique dans un pays étranger après ses études classiques.
Les difficultés économiques auxquelles ses parents ont fait face après qu’il eut obtenu son bac ont basculé ce projet. C’est ainsi qu’il a décidé de poser ses valises dans la capitale haïtienne en septembre 2010. Il s’est ainsi inscrit à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques, option Économie. Le hasard fait que son nom a été classé parmi ceux des postulants en droit. Lorsqu’il a appris la nouvelle, il n’a pas fait machine arrière. Il a subi les épreuves pour entrer en fac de droit. Il a réussi. Et, en novembre de la même année, il a entamé ses études en sciences juridiques. Quelques années plus tard, il est devenu avocat.
Demandez à Monsieur Charles s’il est devenu avocat par erreur, il vous répondra, sourire aux lèvres, que la nature a décidé autrement.
La vie que Claude Junior Charles a menée à Port-au-Prince n’est pas distincte de celle de beaucoup de jeunes qui, comme lui, se sont séparés de leurs parents dans des villes de province pour venir étudier à Port-au-Prince. La situation était très difficile. Pour faire face à certaines exigences économiques, Me Charles a enseigné la grammaire dans un établissement scolaire de la capitale. En contrepartie, il percevait un maigre salaire mensuel qui représentait pour lui un bol d’air bienvenu.
L’excellence et Claude Junior Charles se sont longtemps dit oui
Né le 3 juillet 1990 dans la ville du Cap-Haitien, Claude Junior a fait ses premiers pas au Collège Eurêka. Après la sixième année, il a été admis au Collège Notre Dame du Perpétuel Secours afin de poursuivre ses études secondaires.
Très jeune, Claude Junior Charles, par son dynamisme et sa discipline, a inspiré ses entourages. Il était cet élève qui ne ratait aucune occasion de marquer son excellence au sein de son établissement qu’il chérissait encore neuf ans après l’avoir laissé.
Au Collège Notre Dame du Perpétuel Secours, le nom de Claude Junior Charles a toujours marqué l’esprit des professeurs. Il était toujours proactif. Même les activités parascolaires ne lui échappaient pas. Il a appris à danser. En dépit du fait qu’il était en surpoids, il était parmi les danseurs de son école qui faisaient rêver lors des spectacles.
Tout au long de son parcours scolaire, des enseignants ont prédit qu’il deviendra une personnalité importante dans la société haïtienne. Aujourd’hui encore, il entend les voix de Pedro et de Jojo, professeurs d’espagnol et de latin lui exprimer leur confiance en lui concernant la réussite de son avenir.
Au Barreau de la capitale haïtienne, il a eu la bénédiction des avocats séniors. Me Claude Junior Charles se souvient entre autres de Mes Frantz Gabriel Nerrette, Stanley Gaston et Carlos Hercules. Sans aucune hésitation, ces derniers le mentoraient.
Si Me Charles a un regret, c’est de ne pas pouvoir partager sa joie avec sa mère. Elle est décédée. Malheureusement ! La mort de cette dame qui a combiné des efforts avec justement le support de son papa pour assurer son éducation lui inflige une souffrance dont il ne se promet pas de se passer.
Si vivre au Canada représente des avantages pour des étrangers dont des Haïtiens, Claude Junior Charles ne se voit abandonner sa terre natale au profit de ce pays où il fait bon vivre. Il s’y trouve seulement pour des expériences d’études supérieures. Me Claude Junior Charles s’engage à retourner en Haïti après son séjour d’études afin de contribuer aux efforts de redressement de la situation socio-économique et politique du pays à l’instar de Manuel dans le roman de Jacques Roumain « Gouverneur de la Rosée. »
Jésula SIMON