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Mirebalais presse les autorités à agir contre les violences armées en poussant Port-au-Prince, déjà à l’agonie, dans le blackout

Depuis le 17 juin 2025, Port-au-Prince vit au rythme de l’obscurité. La mise à l’arrêt de la Centrale Hydroélectrique de Péligre par des protestataires a plongé la capitale haïtienne et ses environs dans un blackout total. En effet, ils entendent forcer les autorités à rétablir la sécurité dans le Plateau Central et particulièrement à Mirebalais et à Saut-d’Eau.

La Centrale de Péligre, qui fournit plus de 30 % de l’électricité du pays, est depuis longtemps un maillon stratégique du réseau énergétique national. Sa fermeture n’est pas le fruit du hasard. Elle marque un tournant dans la mobilisation des habitants de Mirebalais face à l’inaction du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), incapable de garantir la sécurité des populations à Mirebalais et Saut-d’Eau, tombées aux mains des gangs armés depuis le mois de mars.

« Nous avons demandé de l’aide pendant plus de deux mois. Rien n’a été fait. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’autre choix que d’utiliser l’électricité comme ultime moyen de pression », a déclaré Me Robenson Mazarin, porte-parole des organisations socio-politiques du Plateau Central.

La colère a explosé le 17 juin, après que des membres de la coalition criminelle Viv Ansanm ont incendié un engin lourd de la Police nationale à Carrefour Péligre, provoquant l’arrêt brutal d’opérations sécuritaires. L’engin, financé par des initiatives citoyennes, symbolisait l’espoir d’une reprise en main de la commune.

Face à ce énième recul des forces de l’ordre, les habitants ont bloqué l’accès à la Centrale et renversé un pylône électrique, paralysant totalement la distribution vers Port-au-Prince. 

Parmi les multiples conséquences du blackout, la situation critique de l’Hôpital Universitaire de La Paix retient l’attention. Situé à Delmas 33, cet établissement est devenu l’un des rares centres hospitaliers encore opérationnels dans la capitale, après les actes de vandalisme et d’incendie ayant visé plusieurs hôpitaux, dont Bernard Mevs, l’Hôpital de l’Université d’Haïti (HUEH) et l’Asile Français.

Dans une interview accordée le 26 juin à Radio Caraïbes, le directeur exécutif de l’hôpital, Paul Junior Fontilus, dépassé par les événements, a lancé un cri d’alarme.  « L’institution consomme plus de 400 gallons de carburant par jour. Cela représente une facture de plus de 600 000 gourdes tous les trois jours. Sans électricité stable, nous risquons de fermer certains services vitaux », a-t-il indiqué.

Fonctionnant 24h/24, l’hôpital dépendait jusqu’ici du courant fourni par l’ED’H pour stabiliser ses opérations. Désormais, il tourne exclusivement au groupe électrogène, une solution coûteuse et fragile. La réfrigération des médicaments, les services de chirurgie, les équipements de réanimation et même l’éclairage sont menacés.

Face à cette situation alarmante, l’hôpital risque de ne plus être en mesure de se tenir. « Si aucune décision n’est prise pour rétablir l’électricité à Port-au-Prince, il nous sera difficile de tenir », prévient Dr Fontilus.

L’impact de cette panne dépasse largement le secteur de la santé.  Dans un Port-au-Prince déjà à genoux, sous la menace constante des gangs, l’obscurité totale et continue risque d’envenimer la situation. 

Ni l’Électricité d’État d’Haïti (EDH), ni le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ni le gouvernement n’ont jusqu’ici communiqué sur un plan de rétablissement de l’électricité ou sur la manière de venir à bout de l’insécurité qui hante le sommeil des habitants de la commune Mirebalais agonisant sous les violences généralisées des gangs. La capitale attend. Et elle souffre.

Ce blackout qui s’éternise révèle avec une clarté brutale le degré de passivité de l’État et l’indifférence criante de ceux qui gouvernent face à la souffrance du peuple. Tandis que la population sombre dans l’angoisse, la privation et l’insécurité, les dirigeants semblent absorbés par des manœuvres politiques et des calculs de pouvoir.

Marie-Alla Clerville

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