« Mizik nou bèl, mizik nourebèl! », clame Chango Bastia
3 min readGuerchang Bastia a signé, il n’y a pas trop longtemps, son album « An n fèl an kreyòl ». Un album qui se veut une valorisation du patrimoineculturel haïtien dont est si fier le jeune artiste. Ce n’est que la toute première pierre posée par Bastia dans l’édification de la musique haïtienne.
L’histoire de Guerchang Bastia, dit Chango, commence dans la ville de Charlemagne Péralte, à Hinche où il est né en 1988. On comprend alors que le jeune Bastia a, dans ses gènes, toute une culture révolutionnaire. Il ne se fait pas prier pour brandir sa pancarte aux manifs, dénoncer l’insécurité sociale atroce que l’on vit dans ce pays. Il a même passé quelques 10 jours derrière les barreaux pour avoir participé àun mouvement de protestation, tandis qu’il était en terminale au Lycée Horacius Laventure.
Son histoire avec la musique
On reconnait le chanteur Bastia dans le rythme du reggae. Avec ses locks et sa barbe, il rappelle la légende Bob Marley. Bien avant de se lancer à fond dans le reggae, sa première formation musicale était un groupe de rap, the Brother’s Rap Staff. « J’ai commencé à faire de la musique depuis mon enfance. Tout a commencé avec les gars du quartier avec qui on a constitué un groupe de rap, The Brother’s rap staff », raconte Bastia lors d’un entretien octroyé à Le Quotidien News pour cette page de « À la rencontre des stars ».
Mais, c’est en classe de philosophie qu’il a réellement pris au sérieux la musique. Le déclic : sa rencontre avec John Kensy Delva, un camarade de classe. « C’est en fait lui qui m’a aidé à aiguiser ma voix, il m’a également appris le solfège », témoigne Guerchang Bastia, très reconnaissant. C’est en outre grâce à ce diplômé d’École nationale des Artsque Bastia fréquentera, pour la première fois, en 2012, un studio d’enregistrement.
La musique est, pour lui, un métier. « La musique est pour moi une source de revenu, car je ne vis que d’elle », déclare Chango qui espère influencer positivement avec ses morceaux. Mais, elle est également pour l’artisteune arme de résistance. En 2012, Bastia sort son premier single, « Rèv yon chomè » dans lequel il dénonce le fléau du chômage qui emporte aux enfers les rêves de plus d’un. Depuis, il ne cesse de déplorer les mauvaises gouvernances, l’injustice sociale, l’ingérence de l’État dans ses morceaux, particulièrement dans ses meringues carnavalesques.
Pour lui, l’artiste doit combattre toutes formes d’idéaux racistes. Il se considère comme un éternel rebelle. « Comme j’aime à le dire, mizik nou bèl, mizik nou rebèl », clame le chanteur. Pour lui, si la musique ne peut faire une révolution, il n’en demeure pas moins que celle-ci ne peut avoir lieu sans son influence. Le chanteur sociologue espère ainsi réveiller la conscience citoyenne, plongée dans une profonde léthargie, en abordant des sujets de grande importance dans ses compositions.
La richesse du patrimoine musical haïtien
Dans son album intitulé « Ann fè’l an kreyòl », sorti en 2019, il y a un parfait mélange de reggae et de certains rites du vodou. « An n fè l ankreyòl » se veut un outil de valorisation de la culture haïtienne. « C’est d’entrée de jeu une bataille pour la reconnaissance et le respect de ce que nous avons réalisé dans l’histoire de l’humanité comme peuple », martèle Chango Bastia. C’est en effet, pour reprendre ses mots, « yon batay pou ayisyen ka eksprime lide l ak kiltil nan lang li lib e libè. »
Chango Bastia dénonce un courant d’artistes qu’il qualifie de « colonisés ».Ce sont des artistes qui sont incapables d’assumer leur responsabilité historique. Bastia opte pour une musique constructive. Sa musique reflète sa vision critique du monde, porte un message d’espoir et d’amour. Il espère qu’à l’avenir, la musique consciente conquerra le cœur des jeunes.
Statler LUCZAMA
Luczstadler96@gmail.com